Hassan Hirt va-t-il disputer le France de cross après un référé en urgence ? L’hypothèse n’est pas exclue, après que la demande de qualification exceptionnelle formulée auprès de la FFA lui ait été refusée. Hassan Hirt n’a en effet pas disputé le régional et la demi-finale du France, malade, puis blessé. La FFA a appliqué strictement le règlement, en argumentant avoir reçu trop tardivement le certificat médical justifiant de l’absence de l’athlète aux inters.
Comme le dit avec son humour habituel Arnaud Laviolette : « Un France de cross sans un imbroglio Hirt, ce ne serait pas un France de cross… » La réflexion du journaliste de Ouest France résume la situation : comme chaque année depuis trois ans, au mois de février, à quelques jours du Championnat de France, l’histoire se répète pour Hassan Hirt.
2015 – L’athlète revient de sa suspension pour contrôle positif, il trouve un seul club qui accepte de le licencier, mais trop tardivement pour le France, il prend le départ sans dossard, et se fait éliminer pendant la course par un juge officiel qui provoque sa chute.
2016 – Hassan Hirt se licencie début février au club « Benoît Z Team », créé par Benoît Zwierzchiewski. C’est trop tard pour disputer les régionaux et interrégionaux, et sa demande de qualification exceptionnelle pour disputer le France de cross est dans un premier temps refusée par la FFA, avant d’être accepté. Il finira 20ème de la course après une chute dans la boue.
2017 – Comme l’année dernière, il n’a pas disputé le régional, malade d’une grippe, et la demi-finale, souffrant d’une blessure aux ischios. Mais cette fois, à 5 jours du Championnat de France prévu pour ce dimanche à St Etienne, Hassan Hirt reçoit un refus à sa demande de qualification exceptionnelle.
Il n’en faut pas plus pour que fidèle à ses habitudes, il se déverse sur les réseaux sociaux, et son post Facebook suscite beaucoup de réactions qui partent un peu dans tous les sens, entre les internautes ramenant sur la table son passé d’athlète positif, et ceux décelant du racisme dans ce refus de la FFA…
Si Hassan Hirt réfute vigoureusement cette idée d’un racisme, il entretient un certain mystère sur la raison de cette décision négative à son encontre. Ainsi dans l’entretien effectué avec lui par Messagerie Privée de Facebook, il m’explique : « Oui, je connais évidemment la raison du refus, mais je préfère attendre que la diplomatie entre mon club et les instances fédérales s’installent. C’est peut-être naïf, mais je crois en l’être humain. Je suis convaincu qu’un accord peut être trouvé. C’est ni dans l’intérêt de la FFA de laisser apparaître des différences de traitement toutes vérifiables, et ni dans mon intérêt d’aller au clash avec elle. »
Le refus de la FFA est définitif. Sauf référé
Un coup de fil à Michel Huertas, le patron de la commission sportive, me permet de découvrir la raison justifiant la décision de la FFA, prise «par une décision collégiale, de la DTN, du service médical et moi-même. » Et il explique : « Les conditions du dépôt de la demande de qualification n’ont pas été respectées. Le certificat médical doit être transmis dans les 48 heures après la compétition (*). Il nous est parvenu 11 jours après la demi-finale du France. Les délais ne sont pas respectés. » Et pour Michel Huertas, la décision de la FFA est définitive.
Toutefois Hassan Hirt affirme vouloir effectuer un référé sur cette décision, comme il l’a expliqué par mail à Roland Corgier, le responsable technique de la compétition, signataire du courrier lui annonçant le refus de la qualification exceptionnelle, et comme il me le confirme lors de notre entretien Facebook.
Michel Huertas rétorque : « Nous n’avons pas reçu de référé. Si référé il y a et s’il lui donne raison, on le prendra au France. » Car souligne-t-il : « Nous n’avons rien contre l’athlète. Mais si on commence à ne pas respecter la réglementation, comment peut-on fonctionner ??? »
Selon M. Corgier, le délégué technique sur le France de cross, ce sont environ 70 demandes de qualifications exceptionnelles qui ont été reçues, et environ 5 à 6 ont été refusées. La plupart pour des raisons liées au non respect des dates, ou pour des problèmes de niveaux.
Driss El Himer, un refus de changement de catégorie
Autre refus de marque pour cette édition 2017 : celui fait à Driss El Himer. Celui-ci souhaitait disputer le France chez les Masters, alors qu’il avait effectué son inter dans la catégorie seniors. Mais Michel Huertas n’a rien voulu savoir : « On a refusé ». Et Driss El Himer, dépité, l’aurait informé qu’il ne ferait pas le voyage jusqu’à St Etienne.
L’information amuse beaucoup Benoît Z, qui a du mal à comprendre que le Français le plus titré en cross se fasse ainsi sortir par la petite porte. Même si l’ancien marathonien reconnaît aussi : «Il faut respecter les règles fédérales. Je ne les ai pas toujours respectées, et je n’ai pas toujours eu raison… »
Malgré tout, il l’avoue, il a du mal à comprendre que ce problème de délai soit si grave qu’il ferme la porte du France à Hassan Hirt : « Je me mets à la place de l’athlète. Et finalement, le fautif est plus le club, pas l’athlète».
Cette nouvelle péripétie le déçoit d’autant plus qu’il aime à penser avoir eu un impact sur l’attitude de Hassan Hirt, qui est apparu conciliant après le cross de l’Acier, où il avait terminé 1er Français, sans avoir été pour autant retenu pour l’Europe de cross, dans le strict respect du cadre fixé pour les sélections.
Trois mois plus tard, les donnes ont changé. Hassan Hirt n’a pas pu courir de l’hiver. Sa seule compétition aurait été ce France de cross, pour lequel il s’est préparé à Ifrane depuis la mi-janvier. Mais à 6 jours de ce grand rendez-vous, les choses demeurent plus qu’incertaines…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand
(*) Sur le règlement fédéral figurant sur le livret 2017 consultable sur le site de la FFA, il figure une seule référence à l’envoi du certificat médical en cas de blessure – page 8 du livret
- CERTIFICATS MÉDICAUX POUR LES BLESSURES. -Le délai de transmission du certificat médical aux Commissions Techniques (CSO – CNCHS – CNJ – CNM – CNSE – CNAM) est d’une semaine. (J+7) -Il devra être daté antérieurement à la date de la compétition concernée, ou au plus tard, le jour de celle-ci. Si la consultation a lieu après le Championnat, il faudra que la date de la blessure soit indiquée afin que puisse être prise en compte ce certificat.