Fort de ses 800 athlètes, le Montbéliard Belfort Athlétisme affiche son dynamisme et la construction d’une identité à travers le meeting Boxberger qui aura lieu le 5 juin. Ophélie Claude Boxberger, athlète leader du club qui a décidé de monter sur 3000 mètres steeple en sera l’une des têtes d’affiche.
« Comment adapter les rythmes scolaires en utilisant le sport ». 10 ans plus tard, Laurent Fleury reste encore persuadé que ce thème qu’il souhaitait aborder pour son mémoire pouvait être un bon sujet à développer. Mais cette problématique n’a pas fait un tour de table, retoquée par ses supérieurs. Au final, le futur prof des écoles se résigna à plancher sur « les jeux collectifs à l’école primaire ».
A 21 ans, lorsque l’on touche sa première classe, que l’on essuie pour la première fois le grand tableau noir, que l’on pose son sac sur le bureau en jetant à 180° un œil sur une trentaine de têtes blondes à découvrir, bien sûr que l’on réfléchit à la mission éducative que l’on veut poursuivre. C’est encore plus vrai lorsque l’on sort du sérail de l’athlé, la discipline qui fut longtemps jugée prioritaire, avant qu’elle ne cède les premiers rangs dans la panoplie des sports jugés modernes et moins codifiés.
C’est finalement dans son club de toujours, le Montbéliard Belfort Athlétisme, là même où il a été formé au triple et au 4H, il fut international junior, qu’il développe un besoin de transmettre, d’accompagner, de tracer des trajectoires comme entraîneur. Il souligne : « A 22 ans, je me suis pris au jeu, ce fut une évidence ».
En 10 ans, ce club franc-comtois s’est modelé, s’est façonné, agglomérant sections et sous sections pour former cette structure comptant 800 licenciés, Laurent Fleury y a trouvé sa place, le chrono à la main. Il était donc là pour pointer les premiers tours de piste d’Ophélie Claude Boxberger, la fille du grand Box, le symbole, la légende du FC Sochaux. Ce fut une révélation. « Elle possédait des qualités exceptionnelles. Très agile, avec un côté moteur très développé. Elle valait 12″80 aux 100 mètres et 1,65 m à la hauteur sans entraînement ».
Lors du second tour des Interclubs, elle confirme son potentiel demi-fond
Il compose ainsi ses premiers schémas, ses premières équations vitesse – endurance. Il précise : « On s’est formés ensemble ». Au départ pour qu’elle s’exprime sur le tour de piste, puis sur le 4H. On ajoute un tour et c’est l’aventure sur 800, mais une évidence s’impose : « Ophélie était bloquée sur 800, elle ne pouvait pas passer au 400 en 56″ comme peut le faire Renelle Lamotte ». Alors naît le projet de courir sur le steeple. Elle possède l’endurance pour et l’agilité du 4H, une alchimie complexe qui peut fonctionner. L’an passé, elle met un pied dans la rivière, 9’56 » pour un coup d’essai. Cette année, au sortir d’un stage en altitude à Ifrane, elle sort un 6’24’’21 sur 2000 mètres steeple (record de France) à Pliezhausen en Autriche le 17 mai dans le sillage de la championne d’Europe 2014, l’Allemande Gesa Felicitas Krause qui emballe la course en 3’06 » au kilo. Ophélie n’ose pas suivre au train mais comme l’analyse le coach : « Ca laisse des idées ». Lors du second tour des Interclubs, elle confirme son potentiel demi-fond, établissant un nouveau record personnel sur 1500 m en 4’17’’89.
Autour d’Ophélie, un petit groupe s’est formé. « J’ai retenu cela de mon expérience personnelle. En groupe, on développe des compétences, ça débloque, on joue sur l’émulation » explique Laurent Fleury qui fut en son jeune temps le compagnon d’entraînement de Fadil Bellaabouss, « Fadil le missile » qui fut le leader du club la décennie précédente.
En groupe, on fait naître également des idées comme celle de créer un meeting dédié au demi-fond. Un nom s’impose de lui-même, ce sera le meeting Boxberger. Aux côtés de Daniel Meyer, Laurent Fleury signe pour cette nouvelle aventure lancée par la section FCSMO du MBA. Daniel Meyer est rôdé aux partenariats et aux aspects logistiques, Laurent Fleury assume quant à lui le montage du plateau. De nouveau, Laurent ajoute : On se prend au jeu ». De vocation interrégionale en 2009, ce meeting dédié au demi-fond franchit le rubicon menant à la scène internationale. Et même si le budget ne dépasse pas le prix d’une berline sortant des usines de Sochaux, 40 000 euros au plus, l’équipe organisatrice joue les artisans de luxe. Laurent Fleury commente : « Au départ, la logique était de faire venir des coureurs étrangers. Aujourd’hui, les Français sont en bonne place ». Dans un programme international où l’on retrouve Clarisse Moh, Brice Leroy, Claire Perraux, l’espoir Alexis Miellet, Romain Collenot Spriet, Yoann Kowal en guest star et Ophélie Claude Boxberger sur 3000 mètres steeple.
Le 5 juin, l’ombre du grand Box et de son mentor Gaston Pretot, emblématique entraîneur du FC Sochaux qui a formé les Chauvelot, Delaby, Sanchez, Daubresse, Badaire, Nicolas, planeront sur le stade. Il en sera toujours ainsi, même si Laurent Fleury met en garde : « Attention, on ne joue pas le côté mémorial ». L’histoire se niche toujours dans les lambris d’un présent. Ophélie Claude Boxberger, fille de… le vit dans son quotidien.
> Texte Gilles Bertrand
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