En ce tout début d’année, la Turque Asli Cakir, le Qatari Hamza Driouch, et Amantle Montsho du Botswana font leur retour sur les pistes après leur suspension pour des problèmes de dopage. Pour Asli Cakir, championne olympique déchue, ce sera dès ce dimanche pour la Coupe d’Europe des clubs de cross. Hamza Driouch, lui, fera son come back le 16 février en Australie.
Asli Cakir, 4 ans de suspension au lieu de 8 ans
Ses quatre années de suspension s’achèveront ce dimanche au Portugal. La Turque Asli Cakir Alptekin participera à la Coupe d’Europe des Clubs de cross. Elle revient ainsi dans l’athlétisme par le cross, une discipline où elle n’a jamais brillé, on ne retrouve dans ses performances qu’une simple 55ème place à un Mondial de cross, en 2003, chez les juniors.
Visiblement, Asli Cakir, autorisée à courir depuis le 10 janvier 2017, était impatiente d’effectuer son come-back. La Turque avait même intenté une action auprès du TAS au printemps dernier, pour obtenir le droit de participer au Championnat d’Europe de juin 2016 et aux JO de Rio.
En réalité, Asli Cakir aurait dû supporter une suspension de 8 ans pour un contrôle positif survenu en 2013. Un délai allongé car il s’agissait du deuxième de sa carrière ! Elle a été une dopée précoce, elle n’était encore que junior lorsqu’en 2004, elle s’était vue suspendue pour deux ans…
Mais Asli Cakir a pu profiter des nouvelles règles de la lutte anti-dopage, qui favorisent les personnes acceptant de collaborer avec les instances officielles. La jeune Turque a fourni des informations sur le système d’extorsion de fonds mis en place par la famille Diack au sein de l’IAAF, et dont elle-même avait été une victime. En contrepartie, l’Agence Mondiale Anti Dopage a négocié une réduction de sa suspension, qui est tombée à 4 ans, et un accord sur la perte de ses titres, de Championne Olympique du 1500 mètres à Londres, et de championne du monde indoor en 2012.
Asli Cakir peut ainsi sortir de sa retraite forcée et la Turquie n’a pas hésité à la réintégrer de suite en équipe nationale. Le signal est pour le moins troublant….
Hamza Driouch n’a que 22 ans
Pour Hamza Driouch, c’est l’Australie qu’il a choisie, avec le Championnat du Mile mis sur pied par l’Université de Melbourne. La suspension de deux ans du jeune Qatari s’achevait mi-décembre 2016. Elle aurait pu être écourtée s’il avait accepté les suggestions de l’IAAF, formulées par Kyle Barber, le responsable de l’intelligence anti-dopage, qui avait pris contact avec lui à l’automne 2015 pour tenter d’obtenir de sa part des informations sur son entraîneur, Jama Aden.
Mais Hamza Driouch avait préféré se faire très discret, surtout qu’après les allusions fortes à des pratiques douteuses de Jama Aden qu’il m’avait tenues en fin d’année 2015, le jeune athlète avait exigé un droit de réponse pour les rectifier, visiblement inquiet de leurs conséquences.
Lors de notre entretien de l’époque, Hamza Driouch n’avait pas fait mystère qu’il espérait reprendre sa carrière à la fin de sa suspension, affirmant qu’il poursuivait régulièrement son entraînement. Le Qatari, sacré champion du monde junior en 2012, n’affiche encore qu’à peine plus de 22 ans, et un bel avenir pourrait encore s’offrir à lui, surtout si l’on considère qu’il a réalisé 3’33’’ sur 1500 mètres à tout juste 18 ans, en 2012. Avec tout de même le bémol de noter que cette performance avait été bouclée en mai 2012, et que les irrégularités de son passeport biologique ont été datées d’août 2012.
A Melbourne, Hamza Driouch évoluera dans une compétition dédiée aux étudiants australiens, et la start list ne comprend que deux autres étrangers, Jamal Hairance, 24 ans, 1’46’’ sur le 800 m et Musaab Adam Ali, 3’36’’ sur 1500 m. Tous les deux évoluant également sous les couleurs du Qatar.
Amantle Montsho, quel retour à 34 ans ?
Le retour d’Amantle Montsho pourrait être, lui, beaucoup symbolique. L’athlète du Botswana avait été championne du monde du 400 mètres en 2011, et elle affiche maintenant 34 ans. Sa suspension de deux ans avait été consécutive à un contrôle positif au methylhexaneamine, qu’elle affirmait avoir ingéré dans une boisson diététique acquise dans une pharmacie au Bostwana avant son départ pour disputer à l’été 2014 les Commonwealth Games, où a eu lieu ce contrôle. Amantle Montsho n’avait pas fait appel de sa sanction, faute de moyens financiers pour assumer les frais de défense.
Comme l’a souligné son entraîneur dans la presse du Botswana, les prochaines semaines révéleront ses capacités physiques actuelles, avec en filigrane l’espoir qu’elle puisse effectuer une carrière aussi longue que Kim Collins, encore au top niveau à plus de 40 ans…
Texte : Odile Baudrier
Photos : Gilles Bertrand