Loïc Rapinel et Gaëlle Houitte ont tenté de relever un challenge délicat, redonner un souffle nouveau au championnat de France du 10 000 mètres. Sur leur piste de Pacé, les filles ont boudé ce National alors que chez les hommes, les jeunes espoirs français sont venus se battre à la régulière sous le regard des anciens internationaux, invités d’honneur d’un championnat placé sous le signe de la nostalgie. Ambiance.
Reportage réalisé par Gilles Bertrand
Il est midi, l’heure du petit blanc et des huîtres. Philippe Chapuit a le coup de main pour faire bailler le mollusque. « Je viens trois à quatre fois par an à Rennes, je me suis dit, il faut que j’apporte quelque chose ». Les huîtres sont de Cancale, elles sont charnues, salées, ventrues. Sous cette tente blanche, la petite bande à Rapi se restaure dans la bonne humeur.
Enfin, pas tout à fait, car Loïc Rapinel, celui que l’on surnomme Rapi, boude et bougonne. Enfin jamais longtemps. Le jour J, il faut savoir chasser les mauvaises ondes, il faut savoir garder raison. Il a mis le cuir aviateur. Sous le cuir, il porte un sweat noir. Il fait glisser l’épaisse fermeture éclair « regarde, c’est Gaëlle qui m’a offert cela ». Sa compagne connaît l’oiseau. Il bombe le torse, il se fend d’un grand sourire, le slogan, c’est « je ferme déjà pas ma gueule quand j’ai tort, alors imagine quand j’ai raison ».
Après les huîtres, Rapi passe au gâteau au chocolat, du tout prêt dans un triangle en plastique. Il tripote l’emballage « tu es anxieux ? ». Il cherche le sens du vent. Autour de son cou, son badge tournicote, balayé par un foutu vent qui, depuis le milieu de matinée, s’est levé. On le rassure « c’est un vent solaire, ce soir, il sera retombé ». Ca ne le tranquillise pas. Il embraye « tu veux voir les textos ?». La veille, joint au téléphone, il avait lâché, une pointe de colère dans la voix « j’en ai des choses à te dire ». Car Rapi a les boules. Son France de 10 000 dont il a rêvé une année pleine, va se courir sur une jambe. Les Daunay, les Duarte ont fait faux bond laissant seules quatre jeunes filles au départ, une misère. Daunay s’est esquivée dans les temps, Duarte a finassé provoquant la colère d’un Rapi qui espérait beaucoup de sa présence. Peut-être trop, Duarte ne pouvant à elle seule, porter le destin du 10 000 féminin sur ses épaules, seule à tenir les deux bouts de l’élastique. Elle a lâché, ça a claqué, mais elle ne s’est pas excusée comme Rapi, avec sa foi, l’entendait. Loïc Rapinel raconte encore une fois, la énième « j’avais obtenu l’autorisation de la DTN pour qu’elle puisse courir avec les hommes. J’avais même un coureur de chez nous pour la tirer ». Pacé a fait chou maigre, Pacé, la Voie Royale du 10 000, on repassera.
Tous les organisateurs connaissent cela. Le temps du doute, du grand vide qui, parfois, s’installe l’instant d’un souffle érayé dans la gorge, ce grand silence qui aspire comme une nuit de cheminade dans les entrailles de Padirac. Et puis les coureurs arrivent, des têtes connues, les spectateurs arrivent, les amis, les entraîneurs aussi, les bénévoles à leur place sans commandement, l’animateur déjà accroché à son micro, les premiers musiques…le silence s’estompe, la confiance revient. On sert des mains, on embrasse ses proches. On ordonne ici et là. Cela se passe toujours ainsi, comme une veillée d’armes avant que le clairon ne vienne sonner.
Sur cette piste du stade de Pacé, effectivement, les amis sont arrivés. Les potes à Rapi, ces coureurs de cross, de 5 et 10 000 des années 70 – 80 qui ont ferraillé dans les labours, ce terme avait alors tout son sens, de Pontivy à Plouay en passant par les prairies de Janzé. Ils ont été invités à cette fête du 10 000 pour redonner du sens à ce championnat de France, tel était le souhait de Rapi et de sa compagne Gaëlle Houitte. Certains ont dit non, François Person a dit oui. Le relais entreprise – collectivité s’éternisait dans la bonne humeur lorsque celui-ci glissait son mètres quatre vingt dans l’ombre des tribunes. A la main, il porte un petit porte document, il en extirpe une photo couleur. Celle-ci a été prise sur la plage d’Agon – Coutainville. On y reconnaît Joël Lucas, Didier Chauvelier, le frère de Dominique, Savary le barbu, Daniel le blond, Madelon cheveux au vent et Pierre Lévisse. François Person est de la bande, il ferme la marche avec son maillot vintage à bandes verticales de couleur grenat. Pourquoi avoir cette photo serrée sous le bras ? Pour évoquer le temps des copains, les championnats de Bretagne, il en gagna cinq, les St Pol – Morlaix, il en cocha deux, le temps des France de cross pour y conquérir sa place au Mondial « je me souviens, Raymond Dubois se tenait à l’arrivée, il avait sept feuilles à la main. Lorsque l’on avait la feuille dans les mains, on savait qu’on était qualifié ». Il fut ainsi sélectionné trois fois, 1980 pour son baptême de feu sur l’hippodrome de Longchamp à Paris à côtoyer la génération des Nick Rose, Graig Virgin et de Grete Waitz chez les femmes. Pour raconter le bon vieux temps du 10 000, il débute sa phrase par « jadis ». Il s’excuse presque lorsqu’il ajoute « je suis resté à l’ancienne ». Du 10 000, cet ouvrier tourneur qu’il était à plein temps, dans les pétroliers du Chantier Naval de Brest se souvient d’un meeting au Stade Jean Bouin à Paris « je réalise 28’52’’, le même temps que j’avais déjà établi à Poitiers, mais ce jour-là, je prends un tour par un Hollandais. J’avais 27 – 28 ans, j’étais au sommet de mon art ».
Loïc Rapinel prévoyait donc dans le cadre de ces championnats de France, un 1000 mètres « vieilles gloires » pour remettre un pied dans l’empreinte du passé. La nostalgie a toujours du bon, ce doigt fantôme qui parfois vous tape sur l’épaule pour questionner « le avant, c’était comment ? » « Tu te souviens ? » Un qui jongle avec passé, présent et futur sans faute de style, c’est bien Dominique Chauvelier. Celui-ci a tout appris du running connecté mais pour autant, il n’a jamais renié sa famille d’origine, il n’a jamais vidé l’eau du bain, sa mémoire athlétique le transporte, elle est éléphantesque. « Qui c’est ? Qui c’est ? » Dominique Chauvelier habillé d’un sweat blanc immaculé venait d’enlacer la frêle silhouette d’Odile Ohier, toujours aussi menue, la même taille que lorsqu’elle réalisait 32’09’’13 sur 10 000 mètres en 1991. « Qui c’est ? Qui c’est ? » Odile Ohier de se tortiller comme un ver de terre dans les bras d’un Chauvelier lui balançant « alors, on est venu courir avec les vieux ,».
Autour de Dominique Chauvelier, un groupe s’est formé, Odile Ohier est l’intruse féminine alors que l’on attend l’arrivée de Maryse Le Gallo et de Marie-Pierre Duros « tous les gars que tu vois ici, ils ont tous couru sous les 29 ». Le plus pétillant de la bande, c’est Joël Lucas. Il sautille sur ses deux guiboles. Retrouvailles, Chauchau et Lucas tombent dans les bras l’un de l’autre « on ne s’est pas vus depuis quand ? » Réponse de Joël Lucas « depuis mes cinquante ans, j’en ai 65 aujourd’hui ». Question de Dominique Chauvelier « eh, les gars, vous connaissez son surnom ? Et de répondre sans attendre « on l’appelait la purge», Lucas de reprendre à la volée « tu sais comment l’Equipe avait titré sur moi ? « Le cas Lucas ». Chauvelier au filet de smatcher « on va pas se raconter toute notre vie » et Lucas de se vider les poches « tu te rappelles des Inters à Plouay ». Chauvelier de relancer « à Laval, tu slalomais comme ça. Avec Didier Bernard, on s’accrochait derrière ». Lucas en fond de cour « C’est Jean Prat qui m’a emmené à mon premier championnat de France. Il avait couru les J.O. en 52, l’année de ma naissance. A Rostronen, il organisait le cross avec Monsieur Mahé. Déjà à cette époque, on faisait venir des Anglais ».
Joël Lucas porte une chemise blanche à tous petits carreaux, un épais blouson noir, des chaussures impeccablement vernies. Il parle beaucoup, personne ne lui en voudra. Il déroule des anecdotes comme on déplie des maximes cachées dans des biscuits chinois. On le questionne « eh dis donc, comment tu fais pour garder la forme ? » Sa réponse est longue : « Je suis le gars qui se chauffe au bois, uniquement du hêtre ou du chêne. J’abats, j’ébranche tout seul, tout à la main, à la masse, tout. J’ai 500 mètres carrés de jardin, tout à la bêche. Je fais mes légumes pour toute l’année. Je fais mes confitures, mes œufs, j’ai une quinzaine de poulettes. J’étais l’aîné d’une famille de huit enfants, j’ai appris ça de mon père, c’est lui qui m’a donné le goût de l’effort». Et puis il y a le vélo, sa grande passion, l’amour de la petite reine et des beaux vélos, il en compte cinq dans son garage. Chaque année, il fait son tour de Bretagne en solitaire avec sacoches et bonne humeur. Il s’arrête chez les copains. On refait le temps, ça aide à vivre au quotidien. Il compte également trois participations à Paris – Brest – Paris, son meilleur temps, 74 heures « je roulais 12 à 13 000 kilomètres pour le préparer. Mais j’ai arrêté, c’est trop de sacrifices ». Il ajoute « tu vois, on est ensemble depuis 32 ans avec ma copine, mais on n’a pas eu le temps de se marier ».
La carrière de Joël Lucas fut honorable. Elle fut sans doute contrariée par son statut professionnel. Ajusteur à Bruz dans les ateliers de l’Armée, ce n’est qu’à 32 ans qu’il obtient un poste à mi-temps. Il est déjà trop tard pour espérer mieux. Il aligne ses records personnels avec vigueur comme s’il ajustait une cible à cribler « 7’49’’ à Monaco, 13’32’’42 à St Denis et 28’16’’32 à Lille derrière Prianon en 1988. J’ai battu tous les records de Lucien Rault. Je le dis, le Breton qui battra ça, il n’est pas né ».
Dominique Chauvelier adore les photos. C’est aujourd’hui une part de son métier, communiquer, saisir l’instant, le diffuser, le partager. Alors que les séries de 1000 mètres sont lancées sur cette piste à six couloirs, il réunit autour de lui une fine équipe. Discrètement, Jacques Lefranc met un bras sur l’épaule de Pierre Lévisse et la main gauche sur l’épaule de François Barreau.
Pour ce Normand, né dans un village de la pointe nord du Cotentin, le destin athlétique fut semblable à celui de Joël Lucas. Ils ont d’ailleurs travaillé ensemble comme « mécano des canons » à l’époque où ces ateliers d’Etat embauchent des sportifs. « C’est le mi temps qui m’a fait progresser. Je l’ai obtenu juste un mois avant Paris où je réussis 2h 12’50’’ ». Dominique Chauvelier lui coupe la parole « tu te rends compte, il a failli remporter le marathon de Paris ». A 34 ans, Jacques Lefrand se qualifie pour les Europe de Stuttgart. Avec un temps de 2h 12’53’’, il se classe septième à seulement deux minutes de la médaille d’or obtenue par Gelindo Bordin. Sa carrière se stoppe sur ce fait d’armes.
Finalement, en ce jour de championnat de France du 10 000, on ne parle guère de 10 000. Pour tous, il s’agissait d’un passage obligé, sans état d’âme. Avec plus de densité, certes, mais on le devine, personne ne s’en cache, la course sur route étale déjà son miel.
Sur la piste, le départ d’un 10 000 régional est donné. Momo Serbouti, invité chez les anciens, s’est glissé dans ce peloton. Quelques minutes avant d’enfiler short et pointes, il racontait «hier, je suis encore intervenu dans un lycée pour expliquer aux jeunes le travail qu’il faut pour réussir. Et que rien n’arrive comme ça, en claquant dans les doigts ». D’autres temps, d’autres valeurs, ou bien plus simplement un manque de valeurs ? Jacques Lefrand d’intervenir « Oui, nous avions d’autres valeurs, nous étions plus soudés, même en équipe de France ». Lucas de renchérir « c’était une période heureuse, nous, nous étions des combattants, nous étions des fils de paysans ».
François Barreau a été lui aussi fils de paysan. Dans cette tribu de Bretons et de Normands qui se sont donnés rendez-vous pour une soirée « nostalgie », c’est le berrichon de la bande, lui aussi dans le clan des moins de 29’ avec un record à 28’51’6 établi à La Flèche en 1994. Il s’est invité au débat entre un Lefrand posé et un Lucas en verve, tous les trois convaincus que l’époque a changé «je suis né à la ferme » précise-t-il. A Lothiers, à une portée de cor de chasse des marais de la Brenne, la ferme familiale, ce sont 80 hectares, une trentaine de vaches laitières, 400 moutons, un élevage de poulets, du cochon l’été pour l’argent de poche et la culture de la fraise pour diversifier l’exploitation « ça, c’est moi qui l’ait mis sur pied ». Gamin, le jeune François court derrière le tracteur pour aller au champ. Parfois dix kilomètres aller et autant pour le retour. Mais il dit « la course à pied m’a dévié de cela ». De sa carrière athlétique, celui qui est devenu président de Free Run 37, résume cela en deux mots « l’échange, le partage ». Il précise « on s’appelait, allez on se fait un stage ? On va chez Antoine Borowski à Vittel. Mais j’ai également beaucoup appris au contact d’un Pierre Lévisse par exemple. Je partageais sa chambre au Mondial de cross à Stavanger en 1989». Il interroge « et tu sais qui finit deux places derrière moi ? C’est Khalid Skah. L’année suivante, il est champion du monde ». On se regarde avec un petit air entendu. On s’est compris.
Le « grand » Pierre Lévisse, car c’est ainsi que plusieurs de ces anciens le surnomment, il faut le trouver au virage du 200, les deux coudes appuyés sur la rambarde blanche. A ses côtés, Bruno Placzek tient un chrono à la main. A chaque tour, il gueule « c’est bien Marion ». Marion, c’est sa fille, déjà sacrée championne de France espoir en mars dernier sur semi marathon. Elle mène la course d’une foulée élégante, devant Perrine Rosala-Humeau, dans un championnat de France peau de chagrin, peau d’oursin, qui cherche son destin. Bruno, le père, c’est la période des 25 bornes avant que cette distance ne disparaisse, milieu des années 90 au profit du semi-marathon. Son record, 1h 16’28’’. Marion aligne les tours avant que Perrine porte une attaque décisive. Bruno en perd sa voix. Il est face à une évidence. Sa fille ne sera que seconde mais championne de France qu’en même. L’histoire oubliera qu’elles n’étaient que deux espoirs pour un podium à trois places.
Bruno Placzek, c’est le fils spirituel de Pierre Lévisse. C’est ainsi qu’il se présente « Pierre, c’était mon père. Gamin, quand j’ai débuté, j’avais un cahier, j’avais collé une image de lui découpée dans Télé Poche ». Lui aussi a tourné sur 25 tours. Une fois neuvième à Annecy dans une course remportée par Philippe Legrand, une seconde tentative à Tours où l’on décompte trente coureurs sous les 30 minutes. Aujourd’hui, Bruno entraîne sa fille avec des hauts et des bas « la relation père – fille est parfois compliquée » souligne-t-il. Marion, quelques minutes après son effort de le confirmer « Papa, oui, il me connaît mais parfois, nous avons été en conflit. A la crise de l’adolescence, je l’avais même quitté ». A 80 ans, c’est Hervé Stephan qui est venu à la rescousse pour suivre l’entraînement d’une jeune fille déjà adepte de la route dès ses 17 ans. D’ailleurs cette jeune femme, étudiante à Nanterre pour devenir professeur des écoles, son avenir, elle le voit sur le route « voire sur le marathon ».
Le marathon, fossoyeur du 10 000 ? Personne ne peut le nier. Et la seule bonne volonté d’un Loïc Rapinel ne pourra suffire pour sauver ce vieux rafiot des eaux profondes, le gréement touchant déjà le fond. Par chance ou signe d’une soudaine éclaircie, ce 10 000 hommes avec 24 coureurs au départ dont 7 espoirs redonnait un peu de lumière dans les vitraux de cette cathédrale désaffectée.
Pierre Lévisse est venu en famille, son épouse et sa fille à ses côtés pour suivre Emmanuel qui de, course en course, surprend son petit monde. Ce 10 000, ce n’est pas pour faire comme papa. D’ailleurs Pierre Lévisse ne s’en cache pas, le 10 000, ce n’était pas sa tasse de thé « je donnais beaucoup l’hiver. Je pense qu’à cette époque, je valais l’hiver 27’30’’ mais au moment des gros chronos, je n’étais plus là, la piste était secondaire. Je me sentais limité, je n’avais pas cette vitesse nécessaire pour faire tourner les jambes. Je n’avais pas de finish ». Pour autant, à Rennes en 1976, il n’a que 24 ans, il se qualifie pour les J.O. de Montréal et plus d’une fois, le coq sur la poitrine, il sera, sur cette distance, au service de l’Equipe de France pour des matchs entre nations. Au final, en 1985, il réalise 27’50’’30, son record personnel établi sur la piste de Stockholm.
Lors d’un championnat, le chrono est souvent secondaire, c’est la manière qui compte, c’est le podium qui importe. Emmanuel, victorieux en 29’08’’24, se roulait encore au sol, submergé par une vague d’émotion que Pierre portait sa main droite sur le cœur « j’ai le cœur qui est monté haut ». Félix Bour revenu de l’arrière lui a mené la vie dure. Il fut coriace, le Nancéen déjà dans les bras de sa compagne. Celle-ci dans un magnifique sourire de lui dire « le bouquet, il est pour moi ?». Dominique Chauvelier et Joël Lucas de s’interroger « ils ont fini en 59’’ ? C’est ça, 59’’ ? Pas mal les petits jeunes ». Emmanuel Roudolff Lévisse remis sur ses deux jambes de savourer son titre, enveloppé d’une discrétion que nous lui connaissons. Il avouait son départ prochain pour les Etats Unis. Dès cet automne, il sera étudiant dans une université de Portland.
Ce France, la fête à Rapi se terminait ainsi. Une Marseillaise, des confettis, quelques selfies, des bouteilles de cidres qu’on débouche, des galettes à réchauffer, Pierre Urruty de filer à Paris pour enterrer sa vie de garçon sur les Champs Elysées. Curieusement, sur un coin de table, Jean Luc Paugam dissertait sur les écrits de Camus. Cela s’explique, il fut prof de français. Lui aussi sous les 29’, 28’33’’3 sur 10 000 à St Maur en 1977, 17 sélections internationales dont 8 sur cette distance au temps des grands matchs cocorico. « Ma fille me demandait encore il n’y a pas longtemps, quel est l’ouvrage de Camus que tu préfères ? Je lui ai répondu « La Peste». Lorsque je suis dépressif, c’est le livre que je relie, surtout le passage lorsque Tarrou et Rieux qui ont lutté contre l’épidémie se retrouvent face à la mer. Ils ont vu la mort». Il ne termine pas sa phrase « Ils se baignent, c’est le passage dans l’eau… ». Il ajoute « Camus, c’était un dépressif – optimiste ».
Sous cette tente, l’ambiance est joyeuse, chaleureuse. Joël Lucas raconte ses virées en vélo avec sa randonneuse et ses sacoches. La galette – saucisse est de circonstance, le plat se passe de main en main. Jean Luc Paugam d’analyser « Chez Camus, ce que j’aime, c’est le respect, l’échange. C’est ce que l’on retrouve ici. On vient tous d’un milieu différent mais on partage tous quelque chose en commun». De table en table, une voix se fait entendre, il est 22 heures. C’est Rapi « Léon le Cochon, c’est là qu’on se retrouve. Léon Le Cochon, c’est bon pour tous ? »
Texte et photos Gilles Bertrand
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