Les athlètes spoliés par le dopage seront-ils dédommagés financièrement dans le futur ? Les réflexions sont en cours dans le monde du sport, afin que de donner des compensations aux sportifs battus par des dopés, qui ont ainsi perdu des médailles et des contrats financiers. Le Code Mondial anti-dopage pourrait être revu à partir de 2021, et la loi américaine pourrait introduire des actions au civil contre les athlètes dopés.
Les athlètes spoliés par le dopage auront-ils prochainement le droit de recevoir de l’argent en compensation des sommes perdues à cause d’autres athlètes dopés ? Un changement apparaît très probable, pour le futur, avec la réflexion menée par diverses structures sur cet aspect compliqué.
Les choses semblent pourtant très simples. Le dopage des uns nuit aux autres, et entre autres, sur le plan financier. Certes, désormais, les médailles perdues par le dopage se voient réattribuées en grande pompe aux athlètes spoliées, parfois très longtemps après, comme lors du Championnat du Monde de Londres en 2017, où par exemple, Kara Goucher et Jo Pavey ont reçu la médaille obtenue pour le Championnat du Monde 2007.
Mais la médaille est une chose, les contrats financiers qui en découlent en est une autre, et ces sommes-là sont définitivement perdues. L’athlète non médaillé ne peut évidemment pas récupérer les contrats de sponsoring, ou les primes d’engagement, qui sont revenus à l’époque à l’athlète médaillé et dopé.
Peu d’athlètes sont vraiment allés sur ce terrain. En France, Christelle Daunay et Hind Dehiba se sont portées partie civile dans le dossier de l’IAAF, en argumentant sur les sommes perdues en raison du dopage des athlètes russes, et couvert par les instances internationales. Une 3ème partie civile serait en cours de constitution. Mais à ce jour, aucune information sur la suite donnée à ces demandes n’a transparu, et pas plus sur les chiffrages financiers des pertes évaluées par les athlètes demandeuses.
Aux Etats Unis, des actions au civil pour obtenir dédommagement
Pourtant, il est évident que les pertes financières sont conséquentes pour tout athlète supplanté par un dopé, et devraient être compensées par les instances sportives, comme en dédommagement. C’est ce point qui pourrait évoluer dans les années à venir. Le Code Mondial Anti-dopage qui sera revu en 2021, devrait intégrer une compensation financière, en particulier la récupération du prize money perdu, et c’est la « Conférence Mondiale sur le Dopage dans le Sport » qui se réunira en novembre 2019 en Pologne qui en fixera le cadre, comme l’a révélé David Howman, ancien directeur de l’AMA, à « Sportsintegrityinitiative.com .
Aux Etats-Unis, une proposition de loi déposée auprès du Parlement s’attaque également à ce problème, en prévoyant la possibilité d’une action au civil par les athlètes propres contre les athlètes sanctionnés pour dopage. Ce serait ainsi la porte ouverte à des actions civiles pour obtenir la récupération des médailles ou des gains financiers dont ils ont été privés par le dopage.
Le projet de loi américain comporte un autre volet, très intéressant, celui de la criminalisation du dopage, pour les infractions affectant des athlètes et sociétés américaines dans des compétitions internationales. Le projet de loi, intitulé RADA, Rodchenkov Anti-Doping Act, en référence à Grigory Rodchenkov, fixerait des sanctions criminelles pour la fabrication, la distribution et l’usage de produits dopants. Cela s’appliquerait dans les compétitions majeures, avec la menace d’amendes pouvant atteindre 1 million de dollars, et une peine de prison jusqu’à 10 ans. Une manière efficace de lutter contre le dopage ??
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.
Hind Dehiba, pas de médaille à Birmingham, à cause de sa partie civile ?