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France de 10 000 mètres : sur un air de Rimou

Freddy Guimard champion de France 2016

Freddy Guimard champion de France 2016

 

Organisé l’an passé sur la piste du stade Charléty à Paris, le France de 10 000 mètres sombre dans la désespérance. Pour autant, un club breton, le Pacé en Courant avec à sa tête un couple, Loïc Rapinel et Gaëlle Houitte décide de redonner ses lettres de noblesse à cette compétition qui aura lieu à Pacé en Bretagne le 29 avril prochain. Un 10 000 à la sauce bretonne, c’est ce que promettent les organisateurs.

 

« Ah Loïc, laisse moi tranquille avec ça, tu me fais chier avec ces conneries, à mon âge, je ne vais pas me déplacer ». Robert Bogey parle ainsi, d’un franc parler légendaire. Et l’âge n’a pas eu de prise sur cette manière directe d’interpeller Pierre, Paul, Jacques et…Loïc.

Loïc, c’est Loïc Rapinel, l’organisateur des Foulées de Rimou dans les années spiridoniennes 80 – 90, puis du 10 km et du cross de Pacé. Celui-ci insiste « Je voulais avoir Robert au départ du 1000 mètres des célébrités » organisé lors du prochain championnat de France du 10 000. Car les deux hommes se connaissent depuis un demi-siècle. C’est donc au nom de cette amitié que Loïc souhaitait accueillir le vieux loup des labours et des pistes, aujourd’hui âgé de 82 ans et qui fut recordman de France du 10 000 m avec 29’01’’6 en 1960 puis en 28’42’’2 en 1963. Pierre Levisse, Maryse Le Gallo, Marie Pierre Duros, Jean Charles Gicquel, Joël Lucas, Jean Le Vaillant et même Khalid Skah seront présents, Loïc voulait Bogey au départ, le vieil entraîneur aixois toujours bon pied bon oeil a dit non.

Un championnat de France du 10 000 festif, ça peut exister ? Loïc Rapinel ne s’est même pas posé cette question. Cela allait de soi. Après avoir organisé pendant 20 ans les Foulées de Rimou, les années « et ta sœur elle court », les décennies « la course d’accord, la fête d’abord », on reste accroché à une certaine idée de la course à pied. Les Foulées de Rimou disputées dans ce petit village breton étaient festives, ce France de 10 000 le sera aussi.

« C’était d’une tristesse, on est repartis comme on est venus »

L’an passé, Loïc Rapinel et sa compagne Gaëlle Houitte, ancienne internationale sur marathon, se rendent ensemble au championnat de France qui a migré de St Maur dans l’enceinte du stade Charlety à Paris sous les fenêtres de la FFA. Le spectacle, ce mot est inapproprié, ce championnat donc, est d’une tristesse à la Victor Hugo. Du béton gris, un ciel gris, des coureurs et des spectateurs transis et des organisateurs cramoisis. 8 femmes au départ, 14 chez les hommes, comme un soir de grand chagrin, ce France a le goût du mauvais vin. Christelle Daunay et Freddy Guimard l’emportent dans un championnat qui prend la fuite par la petite porte. Loïc se souvient « c’était d’une tristesse, on est repartis comme on est venus ».

Loïc Rapinel

Loïc Rapinel

Mais pour autant, le couple reste convaincu que ce France, on peut le repêcher, on peut lui tendre la main pour le sauver de la noyade. Ce 10 000, «  ce sera dans l’esprit des fêtes bretonnes ».

Loïc Rapinel a de la bouteille. Il a hissé plus d’une voile pour mener à bien des projets avec son club, « Pacé en Courant » qu’il crée en 2003 dans cette ville satellite, cité dortoir aisée, à tire d’aile de Rennes, la capitale régionale. Aujourd’hui, le club, sous-section du Stade Rennais, compte 160 licenciés dont 60 coureurs et 80 marcheurs nordiques. C’est sur cette équipe expérimentée ayant fourbi leurs armes sur les 10 km et le cross de Pacé, qu’il peut s’appuyer pour réussir le pari de rendre festif un France boudé des coureurs, du public et des médias. Mais à une seule condition : « organiser un samedi soir ». Avec un menu digne d’une communion solennelle, des relais 10 x 1000 mètres, réunissant entreprises, puis clubs et associations – familles, suivis de séries de 1000 m et d’un 10 000 interrégional sans oublier le 1000 mètres des personnalités. Rampe de lancement pour ce National qui a reçu la bénédiction de la fédération, Daniel Arcuset, le vice-président sera même présent et la DTN déterminera la sélection pour la Coupe d’Europe organisée à Minsk le 10 juin prochain.

Le président de « Pacé en Courant » est donc heureux. Il se frise même les moustaches et ajuste ses lunettes pour affirmer « nous, on prend cela à cœur. Mais côté budget, ce sera dur car ici, pour les entreprises, il n’y en a que pour le foot ». Mais les subventions seront suffisantes pour couvrir les dépenses. Un seul regret, ne pas être en capacité d’assurer un direct internet, seul un reportage sur SFR sera réalisé et diffusé dans le cadre d’un magazine. Les meilleurs Français sur cette distance seront cette fois au départ d’un 10 000 aux accents fest noz avec binious, cornemuses, crêpes saucisses et cidre. Avec un petit air de Rimou planant sur cette piste à six couloirs pour se souvenir que « la perf.  c’est bien, la fête c’est mieux ».

Texte et photo : Gilles Bertrand

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