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Dopage : Jemimah Sumgong, Championne olympique du marathon, positive à l’EPO

C’est une véritable bombe qui s’est abattue dans le monde du running avec l’annonce du contrôle positif à l’EPO de Jemimah Sumgong, qui était devenue à Rio la première Kenyane à remporter l’or olympique sur marathon…

Jemima Sumgong

Jemima Sumgong

 

Triste, très triste nouvelle que l’annonce du contrôle positif de Jemimah Sumgong. A peine quelques mois après son titre olympique de Rio, où elle s’était affirmée comme la première Kenyane à remporter l’or olympique sur marathon, sa belle histoire explose en plein vol. A quelques semaines seulement du marathon de Londres, qu’elle préparait avec l’objectif d’y conserver la victoire conquise en 2016…

C’est justement à l’initiative des organisateurs des World Marathon Majors, les épreuves les plus prestigieuses au monde, que Jemimah Sumgong a fait l’objet d’un contrôle inopiné au mois de février au Kenya. Et c’est à cette occasion qu’il y était détecté de l’EPO…

A peine l’information diffusée par l’IAAF que les communiqués de presse et tweets se succédaient pour s’insurger sur une telle nouvelle, témoignant d’un usage encore très répandu des produits interdits au Kenya en dépit des contrôles mis en place.

Gabriele Rosa était son entraîneur

Et on retrouve à nouveau pointé du doigt la famille Rosa. Même si officiellement au moment des Jeux, l’entraîneur de Sumgong se nommait Richard Motto, elle recevait en réalité les conseils de Gabriele Rosa, qui lui avait rendu visite à plusieurs reprises au Kenya pour sa préparation, et il était ainsi à ses côtés pour ses sorties longues fin juin 2016, quelques jours seulement avant son arrestation, ainsi que celle de son fils, Federico. Gabriele Rosa allait vite retrouver la liberté, mais Federico Rosa se voyait mis en examen suite à sa mise en cause par Rita Jeptoo, 1ère marathonienne Kenyane à avoir été suspendue pour dopage. Fin octobre 2016, cette affaire Federico Rosa allait s’achever par une annulation de la procédure par le Tribunal de Nairobi.

SUMGONG AVEC ROSA 24 JUIN 2016

Avec Jemimah Sumgong, il s’agit donc de la 2ème athlète contrôlée positive dans le groupe managé par Federico Rosa. La championne olympique avait d’ailleurs été la partenaire de longue date de Rita Jeptoo, au sein du groupe de Claudio Berardelli. Et sa victoire aux JO de Rio avait aussi ramené sur le devant de la scène une histoire ancienne, puisque Jemimah Sumgong avait elle-même été au coeur d’une affaire de dopage en 2012, suspendue deux ans par la Fédération du Kenya, avant d’être réintégrée sur la présentation d’un certificat médical validant que le produit incriminé lui avait été prescrit pour soigner une blessure à la hanche.

Autant d’éléments jetant un certain trouble autour de ce titre, qui survenait quelques mois après que Jemimah Sumgong ait remporté la victoire au marathon de Londres, dans un contexte très particulier, puisqu’elle avait chuté durant l’épreuve à un ravitaillement avant de revenir en tête de l’épreuve.

Sarah Chepchichir s’entraînait avec Jemimah Sumgong, sa belle soeur

Comme celui de Rita Jeptoo, ce contrôle s’inscrit dans le cadre du programme bâti pour les World Marathon Majors, qui ont dégagé un budget en vue de contrôles inopinés pour les coureurs préparant ces grandes épreuves. Le communiqué diffusé par les World Marathon Majors souligne à la fois leur grande déception d’apprendre ce cas positif, et leur satisfaction de constater que les efforts déployés paient à nouveau. C’est en effet un groupe de plus de 150 coureurs qui sont soumis à un minimum de 6 tests par an pour pouvoir disputer l’une des ces grandes épreuves.

Cette annonce ne va pas manquer de jeter à nouveau un voile sur les performances des athlètes du Kenya. Elle survient moins d’une semaine après le quadruple record du monde de Joyciline Jepkosgei, lors du semi-marathon de Prague, qui a suscité beaucoup de réactions d’incrédulité face à de telles performances d’une coureuse quasi-inconnue jusqu’alors. Déjà mi-février le record du monde du semi marathon de Peres Jepchirchir avait été accueilli avec scepticisme, tout comme l’énorme performance de Sarah Chepchirchir, avec un chrono de 2h19’46’’au marathon de Tokyo, que beaucoup d’observateurs ont remis en question, surtout en notant que la jeune Kenyane licenciée à Lille avait été capable de courir en 15’46’’ entre le 30ème et le 35ème km. Sarah Chepchirchir avait d’ailleurs expliqué avoir progressé après avoir intégré le groupe managé à Kapsabet par son frère, Noah Talam, qui est le mari de Jemimah Sumgong. Avant d’accepter d’accueillir sa soeur aux côtés de la championne olympique, Noah Talam n’avait pas manqué de solliciter l’accord de Gabriele Rosa.

Et ce contrôle positif pourrait impacter radicalement sur de gros projets en cours. Son annonce survient juste le jour où le manager Joos Hermens annonce la création du « NN Running Team », un groupe de coureurs d’élite qu’il a constitué avec le financement de NN, une banque néerlandaise, avec dans ce groupe Eliud Kipchoge, le champion olympique du marathon.

Mais surtout, on ne peut que se demander quel sera le regard du public sur les projets Breaking 2 et Sub 2, conçus par Nike et Adidas, pour torpiller la barrière des 2 heures du marathon ????

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R

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