Le contrôle positif de Carl Grove, un cycliste américain de 90 ans, a suscité beaucoup de réactions d’incrédulité et l’Agence Anti-Dopage Américaine s’est trouvée ridiculisée par ce contrôle subi par un amateur, mis en parallèle avec le petit nombre de sanctions contre des cyclistes professionnels. C’est toutefois oublier que Carl Grove avait en réalité amélioré le record du monde sur cette distance.
Un cycliste de 90 ans contrôlé positif. L’information a fait le tour de la planète. Et rarement un contrôle anti-dopage a-t-il suscité autant de réactions ! La twittosphère, en particulier, s’est enflammée, avec globalement beaucoup de sarcasmes à l’encontre de l’USADA, l’agence Anti-Dopage américaine « coupable » d’avoir ainsi égratigné ce papy au lieu de s’intéresser aux véritables dopés… Carl Grove a adopté lui aussi cette ligne de conduite, soulignant à « Associated Press » que « l’argent des contribuables serait mieux dépensé à attraper des tricheurs plus sérieux ».
La polémique a pris une telle ampleur que Travis Tygart, le patron de l’USADA, s’est justifié dans les colonnes de « Vélo News ». Avec le rappel d’une règle toute simple : un record du monde en vélo, comme en athlétisme, exige un contrôle anti-dopage pour être homologué.
Or c’est bien un record du monde que Carl Grove avait établi en juillet dernier, celui de la poursuite individuelle dans la catégorie 90-94. Avec pour conséquence un test anti-dopage, qui allait donc révéler la présence d’épitrenbolone. Après enquête, l’USADA allait conclure à une positivité accidentelle consécutive à l’ingestion de viande contaminée lors du repas de la veille de la compétition le 11 juillet 2018, hypothèse étayée par le fait que le contrôle subi le 10 juillet était, lui, négatif, et que le niveau de la dose détectée se chiffrait en picogramme et non pas en nanogramme. Avec en final, un simple avertissement à Carl Grove, sans suspension, mais la sanction de voir son record du monde annulé.
Cette indulgence n’a pas vraiment convaincu Carl Grove, ancien saxophoniste de l’armée américaine, qui insiste sur le fait que les « vieux » sportifs devraient être oubliés par les instances anti-dopage, en expliquant « Que puis-je gagner à 90 ans à utiliser des drogues ?? »
Travis Tygard veut un changement des règles de l’AMA
Mais les règles de l’agence anti-dopage mondiale s’appliquent à tous, quel que soit l’âge. Et c’est justement ce point qui a amené Travis Tygart à réagir, et à utiliser ce cas pour mener une nouvelle fronde contre l’AMA, son cheval de bataille avec en ligne de mire, la prochaine élection de Président de l’instance mondiale.
Le boss de l’anti-dopage US admet s’avouer en accord avec les critiques qui estiment que ce cas est révélateur d’un système imparfait, et il insiste ainsi sur la demande de changement s des règles demandées par l’USADA, pour certaines substances, pour lesquelles la détection de taux très faibles amèneraient à une investigation et non pas à une violation automatique.
Cela pourrait éviter cette litanie de contrôles positifs suivis de relaxes dans les cas de positivité très faible aux stéroïdes qu’on impute finalement à de la viande contaminée, comme cela a été le cas pour le triple sauteur Will Claye.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.