Mustapha Berraf, le président du Comité Olympique Algérien, a démissionné de son poste, lassé des attaques personnelles répétées qu’il reçoit, et lancées, selon lui, par la mafia du dopage. Cette crise survient alors que de l’EPO a été découverte dans la chambre d’une athlète pendant un stage national. Et au moment où est enfin publiée la suspension pour dopage d’Hicham Amiche, contrôlé positif en 2018 durant le meeting de Montgeron.
« La mafia du dopage ». Ce sont les mots employés par Mustapha Berraf pour désigner les personnes qui s’évertuent à le déstabiliser depuis sa nomination comme Président du Comité Olympique Algérien. Et il avait même appuyé le trait en parlant de « personnes affichant des antécédents judiciaires ».
Les attaques se seraient répétées, contre lui et contre sa famille, au point que les membres du Comité Olympique Algérien n’hésitent pas à parler d’harcèlement moral dans le journal « Liberté d’Algérie ». Avec dernier point d’orgue, l’accusation que Berraf se serait levé pendant la diffusion de l’hymne d’Israël durant le tournoi de Judo de Paris début février. Et les nombreuses critiques reçues suite à ce geste de respect à un pays « ennemi » de l’Algérie ont ébranlé Mustapha Berraf au point de l’inciter à poser sa démission du poste du COA.
Hasard des calendriers, le dopage a en parallèle fait à nouveau irruption dans l’actualité de l’Algérie. Avec une drôle d’histoire autour d’une athlète algérienne : plusieurs produits dopants, dont de l’EPO, ont été retrouvés dans sa chambre fin février durant un stage de préparation pour le championnat d’Algérie de cross. La jeune femme a été suspendue à titre conservatoire, et devrait comparaître prochainement devant la commission de discipline de la Fédération Algérienne d’Athlétisme.
Selon les informations de la presse algérienne, elle envisage de dénoncer les personnes qui ont caché ces produits dans sa chambre. Quelques surprises sont-elles à venir ? Ou bien les intimidations l’auront-elles fait taire ???
Ou encore, autre scénario, les autorités étoufferont-elles l’affaire comme il est trop courant en Algérie ?? Car les magouilles sur les décisions anti-dopage ne manquent pas dans ce pays, comme il avait pu l’être mis en évidence l’année dernière, avec trois cas anormaux, ceux de Samira Messad, Saïd Messaoudi, Anouar Guerzi, bénéficiant de sanctions raccourcies ou de non-respect des règles mondiales.
Hicham Amiche, un contrôle bien dissimulé, comme Ali Messaoudi
Un tout nouveau cas vient d’apparaître avec Hicham Amiche, qui figure sur la très récente liste diffusée par l’Athletics Integrity Unit, avec une suspension de deux ans. Mais celle-ci avait été bien dissimulée, puisque le contrôle positif remonte au 13 mai 2018. Il avait été effectué en France à l’occasion du meeting de Montgeron qu’Amiche avait été testé, alors qu’il avait abandonné durant le 800 mètres.
Et c’est un coureur de niveau très moyen qui se voit ainsi épinglé pour dopage : il avait établi son record de 1’48’’69, en 2016, à 25 ans, et en 2018, il pointait en 1’56’’17. Pourquoi alors avoir dissimulé cette information ? L’anti-dopage algérien a bien gardé le secret, et ce n’est que l’AIU qui le dévoile, à quelques mois seulement de la fin de sa suspension…
La situation rappelle celle d’Ali Messaoudi, le steepler licencié à Lyon, dont le contrôle avait été dissimulé pendant plus d’une année, et qui n’avait, dans un premier temps, reçu que deux ans d’interdiction, au lieu des quatre ans exigés par le Code Mondial Anti-Dopage. Mais l’agence anti-dopage algérienne avait été désavouée par l’AIU, imposant finalement un bannissement de quatre ans.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.