Révélé l’an passé après avoir battu le record du monde du 100 mètres chez les juniors avec 9’’97, Trayvon Bromell a confirmé son talent en réalisant 9’’84 lors des championnats US. En finale, il se classe second derrière Tyson Gay et se qualifie pour Pékin.
Comme un signe du destin, il s’habille de jaune et de vert, la tenue officielle des Baylor, il n’est pas jamaïcain pour autant, mais on le présente déjà comme le futur Bolt.
L’an passé, Trayvon Bromell crève l’écran. Cet étudiant de la célèbre université baptiste du Texas, encore junior, devient recordman du monde du 100 mètres par deux fois. Bang, bang…Les trompettes sonnent clair et fort…En avril, avec 10’’01, il égale le vieux record de Darrel Brown établi en 2003 à Paris lors du Mondial puis en juin, avec 9’’97, il devient le premier junior à franchir le mur du son des 10 secondes lors des championnats NCAA. La voie semble tracée mais au Mondial juniors, à domicile, il trébuche et s’efface pour la seconde place derrière Kendal Williams.
Nul ne peut connaître le destin futur de Trayvon Bromell. Calqué sur celui de Darrel Brown sprinter prodige de Trinidad, vice champion du monde du 100 mètres à Paris à l’âge de 19 ans ? Copié collé d’un CV à la Tyson Gay, champion NCAA en 2004, porte ouverte sur une carrière de poudre et de feu ?
A Eugene, l’étudiant s’est confronté au torrent intrépide de la célébrité
Trayvon Bromell est lancé. Dans le sillage des coureurs de 4, formés eux aussi à Waco, Michael Johnson et Jeremy Warimer. « J’ai tellement faim d’être grand. C’est comme si Dieu avait fait de moi un requin dans une mer pleine de sang. Je ne peux pas échouer, je ne peux pas décevoir mon Maître ». Le jeune sprinter est guidé par le doigt invisible du messie. Son compte twitter dégouline de citations, de prophéties. Le kid est sous influence, à écorner les pages de la sainte bible : « Dieu est bon. Même quand les choses ne tournent pas rond. Il faut garder la foi car Dieu ne vous remet jamais dans le mauvais chemin ».
A Eugene, Trayvon Bromell s’est retrouvé sur le bon chemin, dans le bon couloir. Peu avant de se rendre dans la Track Town américaine, le jeune sprinter écrivait encore : « Le talent se nourrit mieux dans la solitude. Mais le caractère se forme mieux dans les flots orageux du monde ».
Lors des championnats NCAA puis lors des championnats US, ces deux rendez vous organisés dans l’Oregon, l’étudiant s’est confronté au torrent intrépide de la célébrité. Pour la seconde année, on le voyait déjà champion NCAA, le canadien Andre De Grasse lui a volé les micros. On le voyait déjà champion US après une série en 9’’84. On le voyait déjà virant par-dessus bord le vieux Tyson Gay, son aîné de 13 ans, mais le repenti, très puissant dans les vingt derniers mètres, lui a donné une leçon de sprint. Happy Gay vainqueur en 9’’87, Trayvon Bromell second en 9’’96. Toujours inspiré par l’écriture sainte, il brossait ces mots le souffle retenu : « Nous allons écrire un nouveau chapitre. Il n’y a aucun virage pour revenir à la page précédente ». Après celui de la génèse, quel chapitre écrira-t-il ?
> Texte Gilles Bertrand