C’est encore une grosse « pointure » du Kenya qui est épinglée pour dopage, avec Stella Barsosio, victorieuse du marathon de Rotterdam en octobre 2021. Mais elle se distinguait également pour être la sœur d’Agnès Barsosio, qui a accumulé les performances en France, et la belle-sœur d’Abraham Kiprotich, qui a évolué sous les couleurs de la France aux JO et Mondiaux, avant d’être suspendu pour dopage en 2013.
Cette fois, l’Agence Anti-dopage du Kenya n’a pas tardé pour livrer les noms de deux athlètes qu’elle a suspendues pour dopage : la pistarde Gloria Jebiwott, 10ème sur 5000 m au Mondial 2022, et la marathonienne Stella Barsosio, toutes les deux interdites pour deux ans. Et une nouvelle fois, un grand marathon mondial se voit écorné : celui de Rotterdam que Stella Barsosio avait remporté en octobre 2021, avec un nouveau record personnel de 2h22’08’’. Depuis cette date, Stella Barsosio n’a plus couru, stoppant ainsi sa carrière à 28 ans, après avoir empoché de nombreux podiums sur des marathons à travers le monde entier : 1ère à Sydney en 2019, 2ème à Rotterdam en 2019, 2ème à Singapore en 2019 et 2018, et plusieurs victoires sur des marathons en Pologne et Croatie.
Côté chrono, Stella Barsosio s’était limitée à des résultats plutôt modestes, jusqu’en 2018, et c’est à Paris en avril 2018 qu’elle effectue un sérieux bond en avant, pour tomber son record de 5 minutes pour finir en 2h23’53’’. La performance n’attire alors pas vraiment l’attention même si le nom de Barsosio n’est nullement inconnu au Marathon de Paris. Un an plus tôt, en avril 2017, c’est sa sœur, Agnès Barsosio, qui avait créé une vraie surprise en bouclant l’épreuve en 2h20’59. Elle avait alors 36 ans, et le chrono avait beaucoup surpris les spécialistes. La chaussure miraculeuse n’était pas encore d’actualité, et ne pouvait justifier ces progrès…
Agnès Barsosio était, elle, connue en France, pour y avoir beaucoup couru entre 2004 et 2010, accumulant les podiums d’abord sur des courses régionales, puis sur les grandes classiques, comme Paris Versailles, Marvejols Mende, Marseille Cassis, l’Humarathon… avant de s’attaquer à des marathons à travers le monde entier, et surtout en Asie.
Agnès Barsosio, épouse d’Abraham Kiprotich, suspendu pour EPO
Et lors de sa performance de Paris, les esprits chagrins, (comme celui de Spe15 !), diront les détracteurs, n’avaient pas manqué de rappeler qu’Agnès Barsosio était l’épouse d’Abraham Kiprotich, qui avait été épinglé pour dopage en novembre 2013. L’affaire avait fait grand bruit en France, puisqu’Abraham Kiprotich avait représenté la France aux Jeux Olympiques de 2012 et au Mondial 2013. Dès son premier marathon, l’ancien spécialiste de steeple avait réussi un chrono de 2h08’, une vraie performance à l’époque d’avant la chaussure.
L’ex-légionnaire, licencié ensuite à l’AC Alès, avait été stoppé par un contrôle positif à l’EPO au marathon d’Istanbul, en novembre 2013. Après son abandon aux JO de Londres, la FFA l’avait particulièrement mis sous surveillance, et l’avait suspendu administrativement au printemps 2013, car les bilans sanguins du suivi biologique n’avaient pu être réalisés, faute de le localiser. Mais Abraham Kiprotich n’avait cure d’une telle mesure, il avait même disputé et remporté (!) le marathon de Daegu alors qu’il était suspendu.
La peine prononcée pour EPO n’était à l’époque que de deux ans, et très vite après la fin de sa suspension, Abraham Kiprotich avait retrouvé la compétition, avec des chronos autour de 2h10’. Sa dernière compétition remonte à novembre 2018, à Istanbul. Ce fut ensuite une période très délicate qu’a traversé l’athlète avec son divorce d’Agnès Barsosio. Selon nos informations, la rupture l’aurait laissé sans ressources, au point qu’il a réintégré récemment la Légion Etrangère, envoyé en Guyane.
Des carrières financièrement prolixes pour les soeurs Barsosio
Agnès Barsosio, elle, n’a jamais été interrompue, ciblant quelques compétitions hors de l’Europe, remportant Hangzhou en 2019. Au printemps 2022, elle avait créé une vraie surprise au Kenya en remportant en 2h24’, à 40 ans, le marathon de Nairobi, une nouvelle épreuve créée par la société de management Golazo, se distinguant car la plus richement dotée en Afrique. Agnès Barsosio avait supplanté ses jeunes rivales pour empocher les 60.000 dollars. Soit une carrière prolixe qui, selon le site ARRS, lui avait déjà rapporté 200.000 dollars à fin 2017.
Pour sa sœur Stella Barsosio, elle, le décompte de l’ARRS totalise 80.000 dollars à fin 2017, période où elle n’avait encore évolué qu’en Pologne, Tchéquie, Croatie. Une somme à multiplier au minimum par deux au vu de ses résultats des années 2018 à 2021. Mais ce business fructueux s’interrompt à 28 ans par ce contrôle, très surprenant à considérer qu’elle n’avait plus couru depuis la fin 2021. Mais ce n’est certainement pas par hasard qu’elle a été choisie pour fournir cet échantillon… L’agence anti-dopage du Kenya a tout de même tenu compte de son explication pour justifier la présence de trimetazidine : le produit lui aurait été prescrit par un médecin en raison de spasmes musculaires. Elle n’a ainsi reçu que deux ans de suspension.
- Texte : Odile Baudrier
- Photos : D.R.