Les décisions de sanctions prononcées par l’AFLD sont rendues publiques très tardivement, par respect strict des règles de l’Agence Mondiale Anti-Dopage. Paradoxalement, c’est donc l’Athletics Integrity Unit qui a été la première à publier l’annonce officielle de la suspension de Clémence Calvin et Samir Dahmani, jusqu’en décembre 2023.
L’ombre et la lumière. Les instances de référence anti-dopage ne respectent pas tout à fait les mêmes règles sur la communication publique des suspensions prononcées pour des faits de dopage.
C’est ainsi que les sanctions de Clémence Calvin et Samir Dahmani sont apparues de manière officielle sur le site de l’Athletics Integrity Unit, alors même que l’Agence Française de Lutte contre le dopage ne les référence pas dans sa liste des décisions disciplinaires anti-dopage mise à jour très récemment.
Un vrai paradoxe à considérer que ces suspensions pour quatre ans du couple d’athlètes ont été décidées en France, et depuis novembre 2019 ! Mais l’AFLD respecte scrupuleusement les règles fixées par le Code Mondial Antidopage, à savoir l’article 14-3, comme me le rappelle Catherine Coley, directrice de la communication pour l’Agence Française.
Un cadre rigide qui impose que la divulgation publique des décisions pour faits de dopage intervienne seulement après la décision finale sur appel. En clair tant que la décision peut être contestée, aucune information n’est communiquée.
Dans le cas de Clémence Calvin, l’appel s’est achevé le 25 septembre 2020 avec la décision du Conseil d’Etat, qui a rejeté la requête de la marathonienne, qui demandait à l’instance d’annuler la décision prise le 20 novembre 2019 lui imposant une suspension de 4 ans. (A noter d’ailleurs que cette décision consultable sur le site du Conseil d’Etat est prise de manière anonyme…)
C’est donc depuis cette date que la suspension de Clémence Calvin était devenue vraiment définitive. Mais l’AFLD, surchargée par des travaux liés à la normalisation par rapport au code mondial anti-dopage, a tardé à la diffuser publiquement sur son site.
L’AIU joue la carte de la transparence
La « primeur » officielle est donc revenue à l’AIU, qui pratique, elle, une politique de communication beaucoup plus ouverte. Avec information immédiate par le réseau Twitter dès la suspension provisoire d’un athlète, puis des étapes suivantes, sanction, appel, décision finale.
Cette volonté de transparence se traduit aussi par la diffusion de tous les détails des affaires avec la publication des rapports sur les décisions prises. Au contraire des décisions rendues par l’AFLD, qui se révèlent très sibyllines, sans détails particuliers sur le contexte.
Ceci en accord avec des règles propres à la France, et fixées par le Code du Sport, article 232-97, qui permet à la Commission des Sanctions de l’AFLD de fixer elle-même les règles de diffusion des modalités des sanctions, et l’autorise donc à se limiter donc à un simple résumé.
Les donnes ne seront donc pas différentes pour Clémence Calvin et Samir Dahmani. Et ce sont finalement les décisions du Conseil d’Etat sur cette affaire, qui auront livré le plus de détails « officiels ». Comme le fait qu’en septembre 2019, un procès-verbal a été établi par un agent de l’AFLD, pour valider que Clémence Calvin avait participé à un entraînement organisé pour les athlètes du club de Martigues, en violation de sa suspension provisoire. D’où l’allongement de la sanction prononcée, qui n’a pas déduit la suspension provisoire de la marathonienne et de son compagnon, pour les suspendre finalement neuf mois supplémentaires, jusqu’en décembre 2023.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.