La Kenyane Rita Jeptoo a repris l’entraînement après sa suspension de 4 ans pour EPO. Un possible retour plus qu’improbable pour la marathonienne, maintenant âgée de 39 ans, et qui n’a connu la réussite qu’avec le dopage. La double vainqueuse de Boston et Chicago a multiplié les mensonges pour justifier son contrôle, et elle parle maintenant d’une manipulation sanguine effectuée en Italie…
Le contrôle positif de Rita Jeptoo à l’EPO à l’automne 2014 avait créé un énorme scandale. L’annonce en avait été faite deux semaines après sa victoire au marathon de Chicago et quelques jours seulement avant la cérémonie des Awards du circuit mondial des marathons, le WMA. Elle avait vu son titre s’envoler, ainsi que les 500.000 dollars prévus.
Ainsi s’interrompait la carrière de cette Kenyane devenue brusquement, en deux ans seulement, la meilleure mondiale, sans aucune cohérence compte tenu de ses références d’avant 2012. Car à 33 ans, et après plusieurs années de pratique sur marathon, elle était passée à trois reprises sous les 2h20 en gagnant plus de deux minutes sur son record personnel, s’adjugeant deux fois la victoire à Boston et Chicago.
Deux ans de suspension au Kenya, 4 ans au TAS
Il fallait attendre le début 2016 pour que Rita Jeptoo se voit enfin sanctionnée pour deux ans par la Fédération du Kenya. Une suspension jugée bien trop courte par l’IAAF qui obtenait fin 2016 du Tribunal Arbitral du Sport un allongement à 4 ans.
Pourquoi un tel recours de la part de l’IAAF ? Quatre ans plus tard, tous les détails précis ne sont pas connus. Mais les éléments succincts dévoilés durant cette affaire, et obtenus grâce à des aveux de son ex-mari, montraient que Rita Jeptoo était cliente de longue date d’un médecin kenyan véreux et que son utilisation de l’EPO se faisait en fonction de son calendrier de compétitions. Autant de circonstances aggravantes pour appliquer une majoration de suspension.
Il s’y ajoutait aussi les accusations portées par Rita Jeptoo à l’été 2016, où elle n’avait pas hésité à accuser Federico Rosa, son manager, et Claudio Berardelli, son entraîneur, pour leur implication dans son dopage. Les deux Italiens avaient été convoqués au Tribunal de Nairobi, et Federico Rosa incarcéré quelques jours. Toutefois quelques mois plus tard, le duo était mis hors de cause par la justice kenyane, et la décision du TAS validait même que Rita Jeptoo leur avait dissimulé ses visites à son médecin dopeur…
Rita Jeptoo plaide la naïveté
En ce mois de février 2020, Rita Jeptoo s’est épanchée auprès de Isaak Omulo, journaliste pour Reuters, pour évoquer sa grande solitude dans cette affaire de dopage, lâchée par tout son entourage, mari, entraîneur, manager, attaquée par les autres athlètes du Kenya, ulcérés des dégâts provoqués par cette affaire de dopage d’une star kenyane.
Elle plaide ainsi sa naïveté, et on ne peut s’empêcher de penser aux manipulations des uns et des autres qu’elle a subies pour emmagasiner les victoires et gonfler son compte bancaire et celui de quelques personnes de son entourage…
Dans cet échange avec le journaliste de Reuters, Rita Jeptoo réitère encore son excuse bidon d’une injection d’EPO effectuée à l’hôpital d’Eldoret, où elle s’était rendue suite à un accident de la route. Celle qu’elle avait avancée à l’époque avant de mettre en cause coach et manager.
Mais dans sa hâte à justifier sa situation, Rita Jeptoo dévoile un élément nouveau très surprenant : son sang avait été prélevé pour être « nettoyé » puis lui avait été réinjecté en Italie… Alors, qui lui aurait effectué en Italie cette manipulation sanguine interdite par les règles de l’anti-dopage ??? Dommage que la marathonienne ait multiplié les versions sur sa dérive, et se retrouve ainsi quelque peu discréditée pour une nouvelle accusation. On aurait bien aimé en savoir plus sur cette face cachée !
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.