En octobre 2016, Riad Guerfi a été le premier sportif français à avoir été mis en cause sur l’accusation d’un passeport biologique irrégulier. Mais l’affaire se solde finalement par une relaxe de l’athlète, double champion de France du 10000 mètres. La FFA n’a pas souhaité donner suite à la procédure lancée par l’IAAF, car Riad Guerfi affirme avoir appris cette procédure et sa suspension à titre conservatoire par un article publié dans le Monde, et non pas de manière officielle par une notification de l’IAAF.
Un simple mail. C’est par ce moyen que l’IAAF informe les athlètes mis en cause pour des passeports biologiques douteux de la procédure lancée à leur encontre. La méthode a été la même pour Riad Guerfi. Mais celui-ci affirme n’avoir jamais reçu ce fameux mail, et avoir découvert ce problème dans la presse, par un article paru dans le Monde le 14 octobre 2016.
Son avocat a ainsi pu soutenir devant la commission disciplinaire de la FFA réunie en décembre dernier que les droits à la défense de Riad Guerfi avaient été bafoués. L’athlète n’aurait ainsi pas eu le temps nécessaire pour se défendre, et il s’était retrouvé suspendu à titre conservatoire par l’instance internationale.
Les services juridiques de la FFA n’ont pas souhaité poursuivre dans le sens d’une suspension à l’encontre de Riad Guerfi, soucieux des risques encourus dans le cas d’une contestation de l’athlète, en particulier dans le cadre d’une procédure auprès du Tribunal Administratif, où les experts de la FFA ont estimé que cette notification « simpliste » pèserait à l’encontre de la FFA.
Dès le début de la procédure, plusieurs experts de l’anti-dopage avaient noté avec étonnement l’utilisation d’un simple mail pour transmettre une telle notification au lieu d’un courrier recommandé qui garantit évidemment la distribution, alors qu’il est toujours possible d’affirmer ne pas avoir reçu un message électronique.
L’annonce de cette procédure avait été accueillie avec une grande surprise par Riad Guerfi, qui avait de suite protesté de son innocence. Pascal Machat, son entraîneur, nous avait ainsi expliqué fin novembre que l’athlète était en train de constituer un dossier afin de justifier les variations de son taux d’hématocrite que les trois experts en passeport biologique de l’IAAF estimaient douteux, et dans lesquels ils pensaient déceler le recours au dopage.
Selon Pascal Machat, l’athlète s’était tourné vers le Docteur Gérard Dine, hématologue, pour solliciter son avis sur ses analyses de sang, celui-ci aurait estimé que leur nombre était insuffisant pour conclure au recours à des produits illégaux. Comme l’expliquait Pascal Machat, qui se voulait très prudent, conscient de ne peut-être pas disposer de tous les éléments, Riad Guerfi évoquait 4 analyses prises en compte par les experts : sur 2 analyses, le taux d’hématocrite s’élevait à 49, alors que sur les deux autres analyses, le taux variait entre 46.5 et 53.
Pascal Machat ne dissimulait pas combien cette information l’avait surpris, tant il estimait que les performances physiques de son athlète, qu’il conseillait depuis 3 ans, ne plaidaient pas en faveur d’un dopage, expliquant : «J’ai une très bonne relation avec lui. Il m’a affirmé qu’il n’a rien fait. Je peux avoir été naïf. Mais je n’ai jamais vu de changements dans l’entraînement. C’est un gars qui a du mal sur le plan psychologique en compétition, et il est en général pas au niveau de l’entraînement. Grosso modo, il vaut du 1er janvier au 31 décembre entre 13’30 et 13’40 au 5000 m et à chaque compétition, il fait 14’. »
Pour sa défense, Riad Guerfi avait constitué un dossier faisant état de ses stages en altitude, qui pour lui, justifiaient les variations de taux d’hématocrite. Ainsi Pascal Machat expliquait : « On a un taux très élevé, retour d’un stage à Albuquerque, où il est super bien. Et l’année dernière, retour d’Ifrane, ils sont en groupe, je n’étais pas parti, je pense qu’il a un peu chinté la période d’acclimatation, et il est revenu cuit, le taux est très bas. »
Lors de son passage devant la commission disciplinaire, Riad Guerfi a justifié ces variations de taux par ces stages en altitude, mais finalement, ces arguments n’ont pas été pris en compte par la FFA, qui a préféré opter pour la prudence, en le relaxant purement et simplement, afin d’éviter tout recours ultérieur.
L’IAAF sera maintenant informé de cette décision. L’instance internationale souhaitera-t-elle intervenir pour que ce cas soit réexaminé ???
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.