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Renaud Lavillenie, en immersion aux Drake Relays

Les Drake Relays s’achèvent sur un bilan mitigé pour Renaud Lavillenie, victime des conditions climatiques très difficiles qui ont largement perturbé cette 106ème édition de cet évènement traditionnel au cœur de l’Iowa.

 

DRAKE PERCHE

Pluie violente et froid. Des Moines, la capitale de l’Iowa, n’a pas réservé un très bel accueil aux 4000 athlètes présents pour disputer l’évènement. La journée du samedi fut la plus difficile, avec des trombes d’eau toute la journée. Et c’est justement ce jour-là que quelques athlètes de top niveau mondial étaient présents, pour les épreuves intitulées cette année « Avant Première du Mondial de Pékin ». Dans la lignée du mouvement impulsé en 2013 par Brian Brown, le patron des Drake Relays, grâce à l’arrivée d’un très gros partenaire la chaîne de supermarchés Hy Vee, qui apportait une manne à cette vénérable institution, strictement limitée jusqu’alors au public collégien, lycée en étudiant. Cette année-là, Brian Brown avait provoqué quelques remous dans le microcosme de l’athlétisme, en distribuant des primes dépassant les tarifs habituels des Meetings de la Diamond League, avec 25.000 dollars au vainqueur contre 10.000 dollars sur les grands rendez-vous.

Deux ans plus tard, les donnes ont légèrement évolué, avec 20.000 dollars au premier, et seulement six évènements de niveau international contre 13 en 2013. La perche est demeurée au programme et Renaud Lavillenie retrouvait à nouveau cette ville de l’Iowa, sans grande âme, connue aux Etats-Unis comme la capitale de l’assurance, avec de nombreux sièges de compagnies installées ici. Le perchiste avait été séduit d’entrée par ce rendez-vous, avec ses deux moments forts, un premier concours le mercredi dans un immense centre commercial de la ville et le deuxième le samedi dans le fameux stade des Bulldogs. Dans les deux cas, ambiance garantie !

Le street perche en pleine ville

Cette année, le sautoir avait quitté « Jordan Creek Town » pour s’installer en plein cœur du centre ville, sur « Court Avenue », à proximité de restaurants et bars. Le pari de Brian Brown s’est révélé une réussite, les fans installés de part et d’autre du sautoir, et dans le parking à étages jouxtant l’avenue. Une position en hauteur, très inédite, offrant des points de vue surprenants sur les perchistes en lice dans des conditions difficiles.

Car le vent tourbillonnant s’était allié au froid, obligeant ces six hommes et six femmes triés sur le volet, à beaucoup d’engagement pour surmonter ces éléments. A ce petit jeu, Renaud Lavillenie fut le meilleur, gommant une barre à 5.80 m, et le champion olympique ne dissimulait pas sa satisfaction au journaliste de « Des Moines Register » : « C’est toujours bon de concourir contre des gars forts dans un endroit comme celui-ci. Nous ne sommes pas sûrs des conditions de ce week-end, alors c’était bien pour moi de saisir cette opportunité et de sauter aussi haut que je le pouvais ! »

Un concours en salle à cause de la pluie

Renaud n’avait pas manqué de clairvoyance. Trois jours plus tard, les inquiétantes prévisions météos se révélaient exactes, au point que l’organisation des Drake Relays décidait de déplacer le concours de perche dans une salle couverte. Une décision inédite, qui allait coûter cher à Renaud, sa perche trop souple se révélant inadaptée à un concours indoor, et il n’allait terminer que 3ème, avec un très modeste 5.62 mètres, pas du tout en relation avec le niveau affiché lors du « street perche ».

Mais cette modeste performance n’émouvait finalement pas grand monde à Des Moines, où tous les regards se braquaient plutôt sur les luttes épiques sur les medleys ou les « shuttle hurdle relays » des collégiens et lycéens, submergés par des trombes d’eau, dans le vent et le froid, sous l’œil des spectateurs stoïques encapuchonnés sous leur coupe-vent… Car dans l’Iowa, quelles que soient les conditions, il n’est pas question de rater ce rendez-vous aux allures de rituel chaque printemps. Le stade était comme d’habitude sold out, avec plus de 14.000 spectateurs installés dans cette arène en brique, qui a accueilli moult figures emblématiques de l’athlétisme mondial, comme Jesse Owens, Rod Milburn, Al Oerter, Merlene Ottey, Mike Boit…

 Texte : Odile Baudrier
 Photo : Chris Donahue