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Pourquoi James Theuri conserve-t-il son titre de Champion de France de semi de 2014 ?

En octobre 2014, James Theuri remporte le titre au Championnat de France de semi. Deux mois plus tôt, la FFA l’a relaxé suite à trois no shows. Toutefois fin novembre 2014, l’AFLD remet en cause cette relaxe, le sanctionne d’une suspension d’un an, sans imposer d’annulation de résultats. Cet imbroglio a permis à James Theuri de conserver  son titre.

James Theuri
James Theuri

L’affaire est maintenant ancienne, mais l’actualité récente l’a réactivée. La suspension d’Anouar Assila décidée fin novembre 2017 par la FFA s’est accompagnée d’une annulation de sa médaille d’argent du Championnat de France de semi-marathon conquise fin octobre 2014.

Or ce jour-là, Anouar Assila avait terminé 2ème Français derrière James Theuri. Ce remaniement du podium 2014 n’a pas manqué de rappeler à quelques observateurs avisés que James Theuri avait, lui aussi, connu des problèmes avec les autorités anti-dopage, justement durant l’automne 2014. Alors pourquoi cette médaille d’or lui est-elle demeurée acquise ??? Tout simplement en strict respect des procédures.

Reprenons les détails de l’affaire Theuri, tels qu’ils apparaissent dans la décision de l’AFLD de novembre 2014. C’est pour des no shows que James Theuri se voit inquiété à l’été 2014. Il fait alors partie du groupe cible de l’AFLD depuis le début 2013. A ce titre, il doit respecter la contrainte de se localiser chaque jour via le système « Adams », pour indiquer à l’AFLD le lieu et l’heure où il peut être contrôlé.

Toutefois, James Theuri va manquer à cette obligation pour le 1er trimestre 2013, amenant l’AFLD à lui effectuer un rappel à l’ordre en avril 2013. Ensuite, entre le 24 octobre 2013 et le 9 mai 2014, soit en 7 mois, le coureur va manquer à trois reprises de se localiser.

Un nombre fatidique déclenchant d’office une réaction de l’AFLD, qui transmet le 22 juillet 2014 à la FFA les éléments relevés à l’encontre de l’athlète, en vue d’une sanction. Cependant la commission disciplinaire de la FFA ne donne pas suite, et le relaxe le 27 août 2014. En prenant compte l’argument de James Theuri, affirmant qu’il pensait que son ancien entraîneur, Jean-François Pontier, continuait à effectuer pour lui sa localisation comme lorsqu’il était licencié au club de Clermont Ferrand (où il a évolué après son départ de la Légion en 2007) et alors même qu’il a muté en septembre 2013 au SCO Ste Marguerite…

L’AFLD décide alors de s’emparer de cette affaire, comme elle le fait régulièrement lorsque les décisions des fédérations ne correspondent pas à ses attentes. Et c’est le 15 octobre 2014 que James Theuri se voit convoqué pour le 20 novembre 2014 pour être entendu par la Commission de l’AFLD. Il s’y présente accompagné de son avocat et de l’officier des sports du 7ème Bataillon des Chasseurs Alpins, où il évolue depuis qu’il a quitté la Légion Etrangère. La commission de l’AFLD conclut par une annulation de la relaxe de la FFA et une interdiction de compétition pendant un an. Sur le plan juridique, l’interdiction aurait dû être de deux ans, mais la commission de l’AFLD fait preuve de mansuétude, prenant en compte les arguments avancés pour sa défense, des problèmes personnels rencontrés durant cette période, et sa maîtrise imparfaite de la langue française.

Le titre de champion de France après sa suspension

Une décision qui lui sera notifiée le 23 décembre 2014, date à laquelle débute son interdiction de compétition. Et sans qu’à aucun moment, il ne soit mentionné sur le procès verbal de la décision l’annulation de certains résultats. Interrogé sur ce point, Clément Gourdin, du service juridique de la FFA rappelle d’entrée que les décisions prises par les commissions disciplinaires pour dopage ne sont pas toujours assorties de telles mesures. Et il souligne : « C’est une question de forme. Dans le cas de sanction pour des no shows, l’annulation des performances passées est rarement prononcée. » D’où le maintien sur les tablettes des résultats réalisés à l’automne 2014, dans cette période s’écoulant entre la fin août où il est relaxé par la FFA, et la fin décembre, où la notification officielle de son contrôle lui est transmise. C’est ainsi que demeurent son titre de champion de France de semi, sa 3ème place à l’Ekiden de Paris, avec le SCO, plus les résultats des cross de Volvic (7ème), Allonnes (16ème), St Priest (5ème).

Ensuite, James Theuri respectera son interdiction jusqu’au début 2016, avec un retour à la Prom’Classic le 10 janvier, et quelques mois plus tard, en juin, il devient Champion de France de 10 km. Un titre qui le pré-qualifie pour le Championnat d’Europe de semi-marathon programmé début juillet, mais in-extremis, il ne fera finalement pas le voyage jusqu’à Amsterdam, sans que la FFA ne fournisse d’explication officielle. Sur la lancée, il disparaît des compétitions jusqu’au début octobre, où il disputera son 3ème marathon de la saison (Marrakech-Santiago-Turin), pour un total de 23 épreuves en 2016. L’année suivante le verra à nouveau accéder au podium du France de semi, avec cette fois, la médaille d’argent.

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : Gilles Bertrand

 

 

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