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Plusieurs résultats français supprimés à Barcelone, y compris le record de France de Melody Julien

L’édition du 31 décembre 2019 de la CCC de Barcelone a vu son classement actualisé d’une manière très étrange en ce début 2020. Plusieurs performances françaises ont été supprimées, et les athlètes apparaissent maintenant comme disqualifiés ! Un problème administratif, qui prive Melody Julien de sa victoire, conquise en 32’48’’, nouveau record de France espoir du 10 km.

Une première victoire dans une grande épreuve, un record de France du 10 km, en espoir, (32’48’’) un autre record de France du 5 km, en espoir (16’23’’50). Ces résultats de Melody Julien lors de la CURSA DELS NASSOS à Barcelone disputée dans la soirée du 31 décembre se sont brutalement envolés. De même que le record de France senior du 5 km, réalisé à mi-course par Sophie Duarte en 16’23’’.

Les deux coureuses ne sont pas les seules à se voir ainsi balayées des résultats. D’autres Français se sont évaporés, comme le champion de France vétéran de cross, Stéphane Valenti, qui s’était adjugé la 10ème place au scratch en 29’36’’, nouveau record personnel, ou encore Krilan le Bihan, 3ème avec un très gros 29’00 ». Et aussi Aziz Boukebal, A. Zerrifi, et des ressortissants d’autres pays que la France, comme Mark Pearce, Ariana Lavinia Konyo.

D’autres n’ont pas connu le même sport, et apparaissent en bonne place, comme Gaëtan Cals, du CA Balma, 7ème au scratch, en 29’43’’, ou Benjamin Alquier, le co-équipier de Melody Julien à l’Association Montredonnaise, 15ème en 30’39’’.

Les classements ont été totalement réécrit, avec pour les hommes, la suppression du 2ème, Jonathan Stuard Davis, du 3ème, Krilan Le Bihan, du 4ème, Michael Ward, du 8ème, Aziz Boukbal, du 10ème, Stéphane Valentin.

Les athlètes sont disqualifiés car de niveau international !

Alors quel est cet imbroglio incompréhensible ? L’organisateur de l’épreuve, l’Espagnol Jose Luis Quevedo, vice-champion d’Europe sur steeple en 2006, troisième aux Europe 2010, podium qu’il allait perdre ensuite pour contrôle positif à l’EPO, suspendu deux ans, entre 2010 et 2012, se fait très discret face à mes questions pour comprendre pourquoi autant de coureurs et coureuses ont été affublés du terme de « disqualifiés » sur les résultats officiels.

Une information officielle distillée sur le site de la course dévoile les arguments des organisateurs pour justifier de telles décisions. Il y figure en bonne position dans le compte-rendu de l’épreuve, considéré comme très satisfaisant par le comité d’organisation, une explication très alambiquée : « Les juges de la fédération catalane les ont retirés du classement pour une question de réglementation, car ils n’admettent pas de laisser dans le classement des athlètes étrangers de haut niveau ».

Ceci parce que la course n’est inscrite qu’au calendrier de la fédération catalane et non pas de la fédération espagnole d’athlétisme. Pour lever ce verrou, une licence espagnole devrait être souscrite par l’organisation pour une somme de 30.000 euros. Or l’organisation se refuse à acquitter ce droit, et son épreuve se voit ainsi «interdite » pour tous les coureurs d’élite non catalans !

Mais en cette fin d’année 2019, les choses se sont emballées avec cette victoire de Melody Julien, la 3ème place de Sophie Duarte, la 3ème place de Krilan le Bihan. Et pour éviter que soit pointé du doigt le non-respect de la réglementation espagnole, le directeur de course a décidé de disqualifier ce quatuor, ainsi que tous les coureurs d’un certain niveau…

Un nettoyage des résultats très choquant !

Un scénario plus que choquant puisque dans un premier temps, les résultats diffusés par Championship ont fait apparaître les véritables résultats, avec tous les noms des arrivants. Les podiums ont même été réalisés, avec photos officielles validant la première place de Melody Julien et la troisième de Sophie Duarte ! Et puis brutalement dans la journée du mercredi 1er janvier, un «nettoyage » a été effectué…

C’est ainsi que la première place féminine est revenue à Marta Galimany, et que le nom de Melody Julien est apparu avec la mention DQ, disqualifiée, comme pour environ une dizaine d’autres compétiteurs et compétitrices. A la plus grande stupeur de la jeune espoir et de son entraîneur Max Lesauvage, qui avoue avoir essayé de trouver des explications plausibles à cette situation : « J’ai pensé qu’elle avait coupé. Mais ce n’était pas possible, elle était suivie par une moto officielle. J’ai pensé que c’est à cause de la chaussure. » Car Melody Julien enfilait pour la première fois la Vaporfly, au cœur de la polémique sur les gains de performances en découlant, et qui a très certainement contribué à son énorme bond en avant, avec un gain de près de 3 minutes sur son record de l’été 2019.

D’autres voix ont été moins élégantes dans leur questionnement, arguant que Melody Julien et Sophie Duarte n’avaient pas voulu s’astreindre au contrôle anti-dopage. Or aucun contrôle n’était prévu, et au contraire, les deux coureuses ont sollicité de l’AFLD un contrôle pour valider leurs records de France, dans le délai de 72 heures prévu par la réglementation fédérale.

Ces records pourront-ils être homologués ? La question demeure en suspens. La FFA a son mot à dire face à cette suppression arbitraire des résultats d’athlètes licenciés. Le site athle.fr s’était fait le relais dès le 2 janvier 2020 des nouveaux records de France espoir de Melody Julien, et senior de Sophie Duarte.

Le chrono réalisé par Liv Whesphal ce dimanche 5 janvier à la Prom Classic n’étant pas homologuable (*), le Record de France revient à Sophie Duarte, et le résultat de Barcelone a fait apparaît sur le devant de la scène la toute jeune Melody.

Melody Julien, une boulimique de compétitions

La sociétaire de l’association Multisports Montredonnaise dans le Tarn n’a pourtant rien d’une néophyte, avec à son actif déjà deux records de France (semi marathon junior et espoir 5 km), et plus de 50 compétitions par an depuis trois ans. Une boulimie étonnante, que l’entraîneur justifie tranquillement : « Elle remplace les séances dures par des compétitions. Elle ne s’entraîne que 4 à 5 fois par semaine. Pour elle, la compétition est un entraînement. » Au point que parfois, elle en fait un peu trop au goût du coach, comme récemment lorsqu’elle enchaîne un 800 m en salle à Miramas en 2’12’’11 le 20 décembre et deux jours plus tard, la victoire à la course de Noël au Barcarès.

C’est ainsi qu’elle a accumulé cette année 25 victoires, en particulier sur 10 km, sa distance de prédilection, avec près de 20 courses cette année. L’épreuve de Barcelone s’inscrivait dans cette dynamique, d’autant que plusieurs membres de son club la disputaient également. Tous s’étaient inscrits par internet, comme ce fut le cas pour Sophie Duarte.

Du coup, cet organisateur très farfelu a découvert après l’arrivée que des athlètes de niveau international avaient disputé l’épreuve ! Un sérieux loupé que la FFA va devoir régler au plus vite pour permettre à la jeune Melody de savourer ses nouveaux records de France…

Texte : Odile BAUDRIER

Le texte a été modifié suite à l’info que le chrono de Liv Whesphal à la Prom Classic ne pouvait pas être homologuable (car parcours en ligne droite et ne respecte pas la distance entre un point de départ et un point B)