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Philippe Rémond, nouveau patron de l’élite à Alès

Philippe Rémond assume depuis peu la fonction de team Manager pour l’équipe élite d’Alès Cévennes Athlétisme. L’ex marathonien explique les raisons de son engagement surprenant auprès de ce club.

Philippe Rémond
Philippe Rémond

 

Te voilà avec de nouvelles fonctions au club d’Alès. Tu as expliqué que cela s’était un peu fait par hasard. Qui est venu vers toi et avec quels objectifs ?

J’ai rencontré Marie Claude (Albaladejo) sur un cross, on a évoqué ensemble les problèmes de dopage qu’elle rencontrait au sein de son équipe élite, et l’image un peu sulfureuse de cette équipe. Suite à cet entretien, on a souhaité se rencontrer, sans parler alors de ma venue, pour savoir quelles pistes en tant qu’expert, je pouvais leur apporter pour qu’ils puissent redorer leur image et développer d’autres synergies avec l’équipe. Et on a sympathisé, on s’est rencontrés à 2 ou 3 reprises et trois mois plus tard, j’ai fait le choix de quitter Marseille pour Alès.

Quelles sont les motivations de ce choix, puisque tu n’avais pas de lien particulier avec ce club ou ses athlètes ?

Non, je n’avais aucun lien. Ce qui m’intéresse, c’est le projet sportif. Ce qui m’a plu, c’est qu’il y a tout à construire. Ils ont la matière première avec les athlètes, ils sont intrinsèquement très forts, et j’avouerai que l’idée de voir dans cette équipe des mecs comme Romain Courcières ou Freddy Guimard m’a un peu facilité mon choix. L’idée de construire quelque chose de nouveau avec une équipe déjà forte au départ me plaît. Moi, je ne suis pas un formateur, je ne suis pas un entraîneur au sens de rester au bord de la piste avec un chrono. Ce n’est pas ma philosophie. Je suis plus dans la com et le marketing. C’est en cela que cela m’intéressait d’être team manager de cette équipe avec assez de latitude pour gérer l’équipe, recruter ou décider de se séparer d’un athlète, orienter les athlètes dans leurs choix.

Tu es arrivé avec une équipe déjà constituée ou tu as eu ton mot à dire ?

L’équipe était constituée, mais j’ai été consulté. Je voulais être consulté sur le casting. Cela m’a encouragé du fait qu’il y ait Romain Courcières et Freddy Guimard.

On t’a proposé des noms que tu as refusés ?

On a évoqué quelques noms. Moi, j’avais mon idée. J’ai dit non à certains noms.

Pour quelles raisons ?

Justement des problèmes de dopage. Là, avec ce qu’on est en train de bâtir, on n’a pas le droit d’avoir de nouvelles casseroles. Même si les mecs sont moins forts. Je préfère prendre des mecs moins forts, mais sains.

T’intéressais- tu aux résultats du club d’Alès avant ou bien pas plus ?

En fait, pas plus. Le seul athlète que je connaissais était Ben Lkainouch, car il fait partie du groupe marathon avec l’équipe de France. Je n’avais pas trop de rapports avec eux, car tous les gens qui représentaient ce club avaient des histoires de dopage. Je peux parler de Ben Lkainouch, quand il est arrivé dans le groupe France, il m’a expliqué qu’il avait fait une bêtise. J’avais besoin d’un rapport de franchise entre nous. A la limite, je peux comprendre qu’il ait fait une connerie, s’il admet l’avoir fait. Le fait qu’il soit en rédemption, cela m’amène à avoir de la sympathie envers lui. Il a fait une erreur, mais il a été clair. Je préfère avoir affaire à un mec comme lui, qui avoue, et on n’en parle plus. Par contre, pour ma venue, on n’a pas le droit à l’erreur. Moi, je prends un risque, je me mets en danger. J’ai bien mesuré ça, et c’est pour cela que j’ai attendu. Marie Claude (Albaladejo) se posait des questions, pourquoi j’attends autant pour donner une réponse. Mais j’avais besoin de réfléchir.

Tu hérites d’une équipe dans laquelle demeure un athlète pas présent en France, Othmane El Goumri. Est-ce quelque chose que tu tolères ?

Ils sont au courant, car j’ai fait des remarques. J’attends. J’attends de voir. C’est un gentil garçon, il est très fort. Mais j’ai besoin qu’il y ait une vraie cohésion, et que tout le monde s’intègre. Pas simplement que l’athlète soit là pour prendre le chèque à la fin du mois. Je vais avoir besoin d’une implication totale de l’équipe.

Ca veut dire des mini-stages, des rassemblements ?

Exactement. Pas être là seulement pour le Championnat de France et la Coupe d’Europe. Il n’y a pas simplement deux évènements qui vont compter dans l’année. On va faire un brain storming ensemble pour voir qui fait quoi.

Comment as-tu été accueilli lors du rassemblement de décembre ?

Très très bien. C’est tout nouveau. C’est une nouvelle aventure. On va y aller step by step. C’est un vrai challenge. Moi, j’attends de voir. J’ai des relations plus privilégiées avec Romain (Courcières), Freddy (Guimard) et maintenant Hassan (Lahssini). Il me tarde d’en savoir plus sur les autres, notamment sur Othmane (Goumri).

Quels stages penses-tu programmer pour cette équipe ?

Je veux mettre en place des micro-stages pour qu’on se rencontre. Pour créer vraiment un état d‘esprit. Je prendrais l’équipe au complet, plus deux remplaçants. Ce sera un effectif réduit.

As-tu un objectif avec le club ? Est-il chiffré ou bien informel ?

Il est plus informel, mais tout de même, on est compétiteur. Tu as envie que le projet aboutisse et que les mecs réussissent, que ce soit en cross par équipe, ou individuellement sur un semi, un marathon ou un 10.000 m.

A propos, ta mission sur le marathon s’achèvera après les JO de Rio. A moins d’un an des Jeux et quelques mois des qualifications, quel bilan tires-tu de ta mission ?

Moi, je considère que les marathoniens ont rempli leur contrat avec les Championnats d’Europe à Zürich. Les gars ont bien tourné. Il y a des nouveaux arrivants comme Timothée Bommier, Yohan Durand, l’émergence d’Hassan Chahdi et Clémence Calvin. Après, il y a l’arbre qui cache la forêt, Christelle chez les filles et Meftah chez les garçons. Pour les Jeux, il y aura Christelle chez les filles et chez les garçons, on va les compter. Peut-être Meftah, Ben Lkhainnouch, Jean Damascène, je suis confiant d’amener 2 garçons, peut-être 3. Car James Theuri va pouvoir recourir, je sais qu’il s’est entraîné toute l’année.

Justement, tu chapeautes maintenant Romain Courcières et Fred Guimard au sein du club d’Alès. Aimerais-tu les voir évoluer sur marathon ?

Oui, je les veux sur marathon ! Il faut qu’ils y pensent. Il ne faut pas attendre. Car ils ont de vrais potentiels sur cette distance….

Interview réalisée par Odile Baudrier