Philippe Dupont sera le prochain coach de Taoufik Makhloufi. Depuis trois semaines, cette information faisait le va et vient entre Alger et Paris sans que celle-ci puisse être confirmée avec certitude. Contacté à Alger, Abdelkrim Sadou à la fédération algérienne, confirme ce jour que le coach français est bien le nouvel entraîneur du champion olympique.
Depuis le 31 mars, date de la première publication d’un article dans la presse algérienne annonçant cet éventuel mariage de raison, nos tentatives de joindre le coach français en charge du demi fond en France avaient échoué.
Seule certitude, les deux hommes se trouvaient depuis deux semaines dans la même ville de Colorado Springs aux Etats Unis, Philippe Dupont ayant rejoint Yoann Kowal et Nouredine Smail s’entraînant au cœur de ce centre olympique alors que le champion olympique du 1500 mètres avait lui aussi posé ses valises en compagnie d’un physio d’origine irlandais Yvan Scully se présentant comme le nouvel entraîneur de l’algérien. Mais pour l’heure, rien n’indiquait que Philippe Dupont puisse être désormais aux commandes de l’entraînement de Taoufik Makhloufi.
Hier, le quotidien Liberté annonçait à nouveau que la destinée du coureur de demi-fond allait être prise en charge par le coach français entraîneur par ailleurs de Mahiedine Mekhissi, la Fédération Algérienne étant sur le point de publier une déclaration officielle à la signature du contrat.
Selon nos sources, ce rapprochement aurait été fait à l’initiative de Mahiedine Mekhissi s’estimant trop isolé dans sa préparation. Il aurait ainsi souhaité se rapprocher de Taoufik Makhloufi pour partager tout ou partie de son entraînement lors de ses longs mois d’absence en stage à l’étranger.
« Le coach français s’en était trouvé profondément meurtri déclarant « plus jamais »
La Fédération Algérienne qui, il y a encore peu était en froid avec son athlète suite au refus de participer au financement de sa préparation, avait tenté une médiation par l’intermédiaire du DTN. Celui-ci se serait déplacé en Californie pour rencontrer celui qui avait déclenché la polémique à Londres lors des J.O. malgré sa victoire sur 1500 mètres. Le DTN serait également tombé d’accord pour que celui-ci s’entraîne désormais aux côtés de Philippe Dupont. Contacté à Alger, Abdelkrim Sadou à la DTN de la fédération algérienne nous confirmait ce jour que la FFA avait donné son aval et que dès lors nous pouvions annoncer officiellement cette fusion. Quant au rôle que s’attribue Yvan Scully dans ce schéma, comme préparateur physique, il reste à déterminer.
Le plus surprenant est bien entendu le rapprochement de Philippe Dupont avec un coureur algérien. Rappelons qu’ il avait pris la destinée d’Ali Saïdi Sief, médaillé d’argent sur 5000 m à Sydney puis convaincu de dopage l’année suivante à Edmonton lors des Mondiaux, positif à la nandrolone. Le coach français s’en était trouvé profondément meurtri déclarant « plus jamais » et avait décroché de l’entraînement de haut niveau pour reprendre pendant 7 ans ses fonctions à la Ligue des Pays de Loire à Angers. Puis il effectuait son retour dans le sérail fédéral en 2009 lorsque Ghani Yalouz prenait les commandes de la DTN.
Depuis 2012, Taoufik Makhloufi traîne à tort ou a raison, une mauvaise réputation. L’imbroglio avec sa fédération suite à son retrait sur 800 mètres, sa vraie fausse blessure, et sa réadmission pour courir la finale olympique sur 1500 m, son redoutable finish en finale ridiculisant ses adversaires et bien entendu la présence à ses côtés de Jama Aden le coach d’origine somalienne dont il est difficile de cerner l’honnêteté. Tout récemment, celui-ci était encore cité lors de deux contrôles positifs, la française Laila Traby qui s’était rapprochée de lui pour monter sur marathon ainsi qu’à travers le cas du jeune qatari Hamzi Driouch.
En acceptant une telle mission qui a déjà débuté dans le Colorado, Philippe Dupont et, par ricochet, Mahiedine Mekhissi, ne pourront pas s’affranchir de certaines questions et devront porter le poids de la suspicion généralisée, un véritable chiendent qui empoisonne la vie de l’athlétisme.
> Texte et photo Gilles Bertrand