La CERA, EPO de 3ème génération, est le produit détecté chez Mohamed Hattouchi, lors d’un contrôle effectué durant la demi-finale du Championnat de France de cross de février dernier. La suspension de 4 ans du Marocain licencié à St Denis Emotion est tombée dans une certaine discrétion. Le site de la FFA n’a diffusé la sanction que durant l’été. Il s’agit du 2ème cas de contrôle à la CERA en athlétisme en France après Mohamed El Hachimi.
La noria de contrôles effectués lors des inters de cross de la LIFA mi-février à Chamarande a payé. Ils ont permis de débusquer un drôle de tricheur, Mohamed Hattouchi, qui avait terminé 3ème sur le cross long derrière Morhad Amdouni et Youssef Mekdafou.
Ce Marocain de 30 ans était licencié à St Denis Emotion, et le moins qu’on puisse dire, c’est que son contrôle et sa suspension de 4 ans ont créé une sacrée émotion dans le club en question, qui affirme n’avoir été informé que mi-mai.
L’AFLD à fond dans les cross
En début d’année, l’AFLD a décidé de mettre le paquet sur de nombreuses épreuves de course à pied et cross, et aux inters de cross de la LIFA, la frénésie est à son comble avec quasiment tous les podiums de toutes les épreuves soumis aux contrôles.
Et le verdict tombe le 4 mars, il est détecté dans l’échantillon de Mohamed Hattouchi de la CERA. Celui-ci sera notifié le 20 mars, il ne demande pas l’analyse de l’échantillon B, et ne répond pas à la convocation de la commission de discipline de la FFA. Il se voit suspendu pour 4 ans à partir du 14 février 2016, et toutes ses performances annulées à partir de la date du contrôle au 14 février.
Autant d’éléments d’information figurant dans le PV de la Commission disciplinaire que la FFA s’est enfin décidée à publier, durant l’été, soit avec plusieurs mois de décalage. Et c’est en réalité l’IAAF qui a été la première à faire connaître cette décision dans sa liste publiée le 6 juin 2016.
Trois athlètes suspendus pour CERA
Sur la liste IAAF, on y retrouve 3 athlètes suspendus pour usage de CERA : Abdelkrim BOUBKER – Mohamed EL HACHIMI – et Mohamed HATTOUCHI. Tous les trois sont Marocains. Abdelkrim Boubker a été contrôlé au Canada, à Ottawa, les deux autres en France, ils évoluaient dans des clubs français.
L’affaire de Mohamed el Hachimi, longtemps licencié à l’AC Alès, avait fait grand bruit début 2014, avec un contrôle positif effectué en marge du Cross Ouest France, débouchant sur une suspension, puis une relaxe par la FFA, suite à des problèmes de formalisme, mais finalement El Hachimi a bien reçu une suspension de 6 ans de la part de l’IAAF, qui court jusqu’en 2021. Il a en effet été contrôlé en avril 2014 durant le marathon de Kunsan en Corée… Son palmarès comptait de belles victoires, comme la classique Paris Versailles en 2009, et des chronos de qualité avec 27’34’’ sur 10000 m, 1h02’ sur semi et 2h08 au marathon.
Son nouvel alter ego sur cette liste, Mohamed Hattouchi, lui, n’affiche qu’un niveau de performances relativement modeste si l’on s’en réfère aux informations étonnamment succintes du site de référence « All Athletics » : 9’04’’ sur 3000 m steeple en 2014 et 1h07’ sur semi en octobre 2015, lors de la Voie Royale, l’épreuve justement organisée par son club de St Denis Emotion.
Lors du Championnat de France de cross de début mars, Mohamed Hattouchi avait terminé 34ème, un résultat que l’on retrouve encore sur le site de la FFA, contrairement à celui de la demi-finale de LIFA, qui a été gommé selon les directives de la commission disciplinaire.
Qu’est-ce que la CERA ?
Comme tous les produits dopants, la CERA se trouve facilement sur les sites spécialisés de ventes, en ligne. Pour autant, ce n’est pas un petit produit…Cette EPO est dite de 3ème génération, elle a fait les gros titres dans le cyclisme dans les années 2008, et dans l’athlétisme, elle avait été utilisée par Rachid Ramzi lors des JO de Pékin, où il avait conquis le titre olympique sur 1500 mètres, qui lui était retiré quelques mois plus tard.
C’est une synthèse de l’EPO visant à accélérer le transport de l’oxygène vers les cellules musculaires. Elle est normalement utilisée pour soigner les insuffisants rénaux. Ses effets secondaires sont nombreux, avec douleurs osseuses, hypertension artérielle, et font qu’elle est considérée comme non compatible avec le sport de haut niveau…
Cependant des apprentis sorciers en ont décidé autrement, et Mohamed Hattouchi est la nouvelle illustration de l’usage trop répandu de tels produits, sur des athlètes de niveau intermédiaire… Mais que cache vraiment ce nouveau cas ?
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand