Les cas de contrôle anti-dopage au Meldonium se succèdent, comme pour la Suédoise Abeba Aregawi, et celui de Maria Shaparova, l’une des meilleures tenniswomen mondiales, a fait monter d’un cran l’emballement médiatique autour de ce produit placé par l’Agence Mondiale Anti Dopage parmi les produits interdits depuis le 1er janvier 2016. Le meldonium était en réalité placé sous surveillance depuis septembre 2014.
La liste des sportifs contrôlés au Meldonium s’allonge de jour en jour, mais le nom de Maria Shaparova est évidemment le plus prestigieux. La Russe, numéro 7 mondial, s’ajoute à ceux de la Suédoise Abeba Aregawi, la biathlète ukrainienne Olga Abramova, la patineuse russe Ekaterina Bobrova, le cycliste russe Eduard Vorganov.
Et ce n’est sans doute pas fini. C’est en tout cas ce que prédit le Ministre Russe des Sports, Vitaly Mutko, qui annonce que d’autres cas pourraient apparaître. En le justifiant par le fait que les responsables sportifs russes n’auraient été avertis par l’AMA que le 1er janvier de l’ajout du meldonium sur la liste des produits interdits.
En réalité, c’est dès le 16 septembre 2015 que l’AMA communique via son site sur la liste des interdictions 2016, avec un « Résumé des principales modifications et notes explicatives » sur lequel figure la mention que le Meldonium a été ajouté en raison des données indiquant son utilisation par des athlètes afin d’améliorer leur performance. Et dès cette date, les divers acteurs du sport savaient déjà que ce produit serait interdit à partir du 1er janvier 2016.
Le meldonium sous surveillance depuis septembre 2014
Cette décision n’avait pas été prise tout à fait par hasard. Le meldonium figurait déjà sur la liste des produits du « programme de surveillance 2015 », qui intègrent des substances pour lesquelles l’AMA souhaite évaluer les éventuels effets dopants. Cette liste avait été publiée dès l’automne 2014 sur le site de l’AMA, et depuis cette date, tous les sportifs et médecins étaient ainsi avertis que l’AMA portait une attention particulière à ce produit. Et le passage du programme de surveillance à la liste des interdits s’inscrit ainsi dans une certaine vraie logique.
Pourquoi cet ajout ? Comme l’a souligné Ben Nichols, le porte parole de l’AMA : «à cause de preuves de son usage par des sportifs dans l’intention de renforcer leurs performances. » Ceci en raison d’une étude menée en 2015, qui avait analysé 8300 échantillons d’urines collectées durant des contrôles anti-dopage, et estimant que 182 contenaient du meldonium, soit 2.2%. D’où la conclusion que cette importante utilisation dissimulait la recherche d’une amélioration de performances. Une théorie que conteste son inventeur, le Professeur Ivars Kalvins, qui souligne auprès de Pierre Jean Vazel dans le Monde que ce médicament préventif à l’infarctus du myocarde et au traitement de ses séquelles ne comporte aucun impact sur les performances.
Mais l’utilisation massive par les Russes, l’étude évoque le chiffre de 18%, ne peut que susciter des questions et inciter à la méfiance. Les propos du ministre russe le confirment…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : DR