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Mehdi Frere, seul athlète francais suspendu en 2024

L’année 2024 s’achève sur un bilan modeste avec une seule suspension pour des faits de dopage en athlétisme, celle de Mehdi Frère, suite à des irrégularités de localisation. D’autres suspensions ont été connues en 2024, mais concernent des manquements constatés en 2023, comme pour Pierre Ambroise Bosse, Alexie Alais, Mouhamadou Fall. Pourtant le nombre de contrôles effectués dans la période pré olympique a atteint des records. 

En cette fin 2024, la liste des athlètes français suspendus pour des faits de dopage publiée par l’Athletics Integrity Unit compte seulement sept noms. Avec dans l’ordre de la confirmation officielle des décisions : Amaury Golitin, Mehdi Frère, Alexie Alais, Pierre Ambroise Bosse, Mouhamadou Fall, Sébastien Garcia Palau, Raphaël Piolanti.

De toutes ces sanctions, une seule correspond à des faits constatés en 2024, celle de Mehdi Frère, mis en cause pour trois irrégularités pour des manquements aux règles de localisation, et suspendu 2 ans depuis février 2024 pour une fin en juillet 2026. Une affaire de grosse ampleur puisque Mehdi Frère, pré sélectionné olympique sur le marathon, a utilisé tous les recours pour tenter de démontrer sa bonne foi et pour conserver sa place en Équipe de France des JO 2024. Mais l’Athletics Integrity Unit n’a rien cédé, appliquant avec son habituelle sévérité la règle des 2 ans de suspension pour de tels faits.

Une fois exclus les cas de Raphaël Piolanti, suspendu à vie suite à l’affaire de dopage de son athlète Quentin Bigot en 2014 et de Sébastien Garcia Palau, suspendu 8 ans en 2018 pour fuite lors d’un contrôle, puis refus de contrôle, il demeure donc 5 noms, correspondant à des violations des règles anti dopage constatées en 2023, 2022, voire 2021. 

A savoir : Pierre Ambroise Bosse, décembre 2023 pour des manquements aux règles de localisation, Alexie Alais, pour un contrôle positif au sibutramine en février 2023, Mouhamadou Fall, doublement suspendu pour manquements aux règles de localisation en 2022, puis pour un contrôle positif en juillet 23, Amaury Golitin pour des manquements de localisation en 2021 et falsification.

Un record de contrôles avant les JO

Une seule véritable procédure en 2024, cela paraît très peu ! Pourtant le nombre de contrôles effectués sur les sportifs français durant la période pré olympique s’avère particulièrement élevé. Ce sont les chiffres dévoilés par l’ITA à l’issue des Jeux Olympiques de Paris 2024 qui le démontrent. 

Avec un record historique de 31896 contrôles, pour 10720 sportifs olympiques, soit 90% des sportifs présents aux Jeux qui ont été contrôlés, alors qu’ils avaient été 15% non testés avant Tokyo 2021. Pour la France, le bilan est encore meilleur avec seulement 6% d’athlètes olympiques non testés, soit 33 sportifs sur une délégation totale de 569.

L’athlétisme, considéré comme l’un des cinq sports les plus à risques, a fait l’objet d’une surveillance spéciale de la part de l’ITA, et ce sont 1965 athlètes qui ont été contrôlés avant les Jeux, avec seulement 6% non contrôlés. Autre repère intéressant : le nombre d’athlètes médaillés effectivement testés dans la période avant les Jeux. Avec au final, un seul médaillé non testé : l’un des Britanniques en bronze sur le relais 4 fois 400 mètres.

Un joli bilan donc, distillé dans ce rapport de 17 pages de l’ITA, mais où il serait vain de chercher le moindre chiffre sur les résultats anormaux détectés à la suite de ces contrôles massifs. Car l’ITA n’est chargée que du volet testing, avec une règle de base : accumuler les tests pour communiquer sur la volonté d’un sport propre.

Certains produits demeurent encore indétectables 

Mais tester pour tester, est-ce une vraie garantie ? Pas vraiment tant il est nécessaire de cibler précisément les contrôles pour pouvoir prétendre à détecter des produits qui disparaissent très vite des organismes comme le cobalt – la GH l’hormone de croissance – la Ru EPO. D’où l’obligation de travailler aussi à partir de renseignements comme le fait l’Athletics Integrity Unit, seule instance sportive réellement efficace dans la lutte antidopage comme en témoignent les sanctions qu’elle prononce.

Sans oublier aussi que les protocoles intègrent moult produits non détectables. Comme l’IGF 1 biosimilaire où il n’existe pas de détection directe – l’albumine et surtout les ABT, les transfusions autologues, comprenez les autotransfusions, une méthode très efficace.

Et dernier exemple en date le monoxyde de carbone, que l’UCI, peu réputée pour son engagement antidopage, a officiellement demandé à l’Agence Mondiale Antidopage de mettre sur la liste des produits interdits… Mais c’est un refus poli qui a été donné.

Analyse : Odile Baudrier 

Photo DR