Maguy Nestoret Ontanon a fait partie des meilleures sprinteuses françaises du début des années 90. Maintenant à 46 ans, après des expériences variées, elle est engagée dans la lutte contre la discrimination dans le sport.
Le sourire de Maguy, sa marque de fabrique. Il demeure aussi lumineux qu’il y a 25 ans, et Maguy irradie cette joie de vivre qu’on lui connaissait jeune sprinteuse. Les années ne semblent pas avoir eu de prise sur son visage, toujours aussi ravissant.
Cette sérénité sera certainement un atout pour assumer la délicate mission qu’elle a reçue depuis le printemps dernier. Maguy se bat contre la discrimination dans le sport, désignée dans cette fonction par Najat Vallaud Belkacem.
La lutte contre l’homophobie était la priorité donnée à ce job, maintenant étendu plus largement à toutes les discriminations, et pour lequel, elle rencontre toutes les Fédérations pour voir les actions mises en place contre la discrimination, avec la proposition d’outils juridiques, de communication, pour une sensibilisation des structures.
On peut parler d’un travail de lobbying. Sa nomination a été l’occasion de nombreux passages dans les radios, les télés, pour porter la parole d’une hostilité du Ministère des Sports aux injustices. Elle a ainsi pu pointer du doigt à l’envie les propos homophobes et sexistes trop souvent utilisés par les sportifs.
Un livre sur la place de la femme dans le foot
Pourquoi l’ancienne sprinteuse a-t-elle été choisie par Najat Vallaud Belkacem ? A la suite de la publication de son livre « La Femme est l’avenir du Foot » co-écrit en 2012 avec Audrey KeysersX, dans lequel le duo questionnait sur la place de la femme dans ce sport à la connotation trop masculine. Elle avoue : « Je suis attentive à ces questions-là. » Un intérêt qu’elle manifestait déjà très jeune, et je me souviens bien de ses proposés ulcérés pour dénoncer le racisme !
Depuis, elle a multiplié les expériences professionnelles variées. Chez Adidas à l’arrêt de sa carrière. Puis DTN Adjointe à la FFA jusqu’en 2005, et 8 ans conseillère sports auprès de Bertrand Delanoë, à la mairie de Paris, jusqu’en 2013. Un passage éclair comme DTN de la Fédération de Pentathlon, et Maguy se retrouve au sein du cabinet de Thierry Braillat.
Elle rit en lâchant : « J’ai un très bon parcours par rapport à ma carrière sportive ! Certains ont eu beaucoup de médailles, mais ils ont raté leur reconversion. »
Mais Maguy n’a pas eu seulement de la chance, elle a aussi travaillé très tôt sur sa reconversion. En 1988, elle supporte une blessure grave au genou, et elle prend conscience qu’à 19 ans, elle doit assurer son avenir en-dehors de l’athlétisme. Elle reprend alors ses études, un BTS en Action ventes, une maîtrise suivie en cours du soir.
17 sélections en Equipe de France
Elle sera ainsi parfaitement prête au moment de raccrocher ses pointes d’athlétisme, après dix années de haut niveau débutées de manière tonitruante, avec le titre de Championne de France cadette de la longueur et du 200 mètres en 1985. La gamine d’Ozoir la Ferrière enchaîne les podiums, avec aussi le titre de championne de France du 200 m en salle et plein air en 1993.
Elle totalisera 17 à 18 sélections en Equipe de France, avec dès 1990, le Championnat d’Europe, puis trois championnats du Monde, entre 1991 et 1995. Son meilleur résultat reste sa place de demi finaliste sur 200 m à Tokyo, et la finale sur le relais 4 fois 100 mètres, aux côtés de Marie José Pérec. Marie Jo, qu’elle côtoiera toute sa carrière, et avec laquelle elle demeure très proche, comme avec quelques autres copines de l’époque, Valérie Jean Charles, Laurence Bily.
Vingt ans après sa carrière, Maguy demeure toujours en immersion dans ce milieu de l’athlétisme qu’elle adore retrouver. D’autant plus qu’elle est maintenant l’épouse du réputé entraîneur Guy Ontanon, conseiller en particulier de Jimmy Vicault.
Elle retrouve aussi les stades pour assister aux exploits de Chloé, sa fille de 13 ans, qui après 5 ans de gymnastique à absolument tenu à faire de l’athlétisme. Contre l’avis de sa mère ? Oui, avoue-t-elle en riant : « Je trouve que c’est difficile de faire le même sport que ses parents. Pourtant, ils sont nombreux à le faire ! »
Alors, devant le spectacle de ces athlètes, ressent-elle parfois des regrets sur cette carrière ? Ses yeux cillent légèrement et elle lâche : « On a toujours des regrets ! Quand je regarde ma carrière et ma reconversion, je n’ai pas de regrets. Mais je pense que je n’ai pas assez cru en mes capacités ! Peut-être que je ne me suis pas assez investie ? En fait, à 40 ans, il faudrait pouvoir revenir avec son corps de 20 ans… » Et elle part d’un grand éclat de rire !
Texte : Odile Baudrier
Photos : Gilles Bertrand