Le mouvement Black Lives Matter secoue les Etats-Unis, et les soutiens des plus grands sportifs américains se succèdent. Le Comité Olympique Américain et la Fédération d’athlétisme US ont officiellement condamné les inégalités frappant les noirs américains. Une réaction qui a choqué Gwen Berry. La lanceuse de marteau a été sanctionnée pour avoir levé le poing sur le podium des Jeux Panaméricains.
« Nous condamnons absolument les inégalités qui frappent de manière disproportionnée les Noirs Américains aux Etats-Unis ». Les propos émanent de Sarah Hirschland, la Directrice du Comité Olympique Américain, dans une lettre adressée aux sportifs US.
« Soyons tous acteurs du changement. #UntilWeAllWin ». Le slogan a été conçu par Nike, et Max Siegel, le Directeur de l’USATF, la fédération d’athlétisme américaine, le reprend à son compte, pour marquer, lui aussi, son soutien à ces revendications contre le racisme aux Etats-Unis.
Les propos ont déchaîné la colère de Gwen Berry. La lanceuse de marteau a payé cher pour avoir osé exprimer son engagement anti-racisme en août dernier. A Lima, cette trentenaire, sanctionnée trois mois pour dopage en 2016, se hisse sur le podium des Jeux Panaméricains, son premier titre international. Et elle renouvelle ce geste du poing levé vers le ciel, à l’image de Tommie Smith et John Carlos, lors des Jeux Olympiques de Mexico.
Mais 50 ans plus tard, cet acte ne sera pas mieux accepté qu’il ne l’avait été en 1968. Gwen Berry va payer cher elle aussi, comme Tommie Smith et John Carlos en leur temps. La déflagration sera évidemment bien moindre que pour les deux sprinteurs, devenus célèbres dans le monde entier par cet engagement dans le cadre des Jeux Olympiques.
Pour Gwen Berry, il ne s’agit « que » d’une victoire aux Jeux Panaméricains, et en-dehors d’un petit cercle aux Etats-Unis, la portée est restreinte, même si Race Imboden, un escrimeur, se distingue lui aussi en posant le genou à terre durant son podium.
Mais aux States, en août dernier, on ne plaisante pas avec de tels comportements ! Le Comité Olympique Américain décide d’une sanction contre Gwen Berry qui se voit mise en probation pour une année. Comme elle l’a expliqué à Chris Chavez pour Sports Illustrated, elle a perdu 80% de ses revenus après la perte de plusieurs contrats, y compris de marques qui soutiennent maintenant les Black Lives Matter. Sans oublier aussi les menaces de mort reçues pour cet engagement…
Le report des Jeux Olympiques de Tokyo sera une délivrance pour la jeune femme, qui peut ainsi espérer à nouveau pouvoir y participer, comme en 2016 ce qui apparaît à sa portée, au vu de son 3ème rang mondial en 2019.
Mais l’explosion du mouvement « Black Lives Matter » a encore renforcé Gwen Berry dans ses convictions anti-racistes, acquises très tôt, dans sa ville natale de Ferguson, rendue tristement célèbre en 2014 par la mort de Michael Brown, victime d’un tir d’un policier blanc, jamais sanctionné.
Et le soutien officiel des acteurs majeurs du sport américain à ces revendications s’inscrit ainsi à l’encontre de la décision de sanction proférée contre Gwen Berry. Elle exige maintenant que le Comité Olympique US lui présente des excuses écrites pour réparer l’injustice qui lui a été faite, pour ce poing levé trop tôt…
Texte : Odile Baudrier
photo : D.R.