La Russie est réintégrée par l’Agence Mondiale Anti-dopage, qui considère que le pays est à nouveau conforme au code mondial anti-dopage. Une décision qui a suscité une déferlante de réactions négatives, du côté des sportifs, et des instances anti-dopage nationales. L’IAAF a informé qu’elle fixerait ses propres critères pour lever la suspension de la Russie des compétitions d’athlétisme.
L’Agence Mondiale Anti-dopage a provoqué un mini-séisme en acceptant de réintégrer la Russie en estimant que le pays était à nouveau conforme au code mondial anti-dopage. Une décision surprenante à considérer que l’AMA gomme toutes les règles fixées en préalable au come-back de la Russie.
A peine cette annonce faite depuis les Seychelles où le bureau de l’AMA se réunissait, qu’une déferlante de tweets allait se succéder pour témoigner de l’hostilité forte du monde du sport à un tel « blanchiment » de la Russie.
Avec en chef de file de cette opposition, deux femmes. Becky Scott, représentante des athlètes au CIO, qui, dès le 15 septembre, avait donné sa démission du comité indépendant chargé du dossier de la Russie pour l’AMA, en découvrant le projet surprise de l’AMA d’opter pour le retour de la Russie. Et Linda Helleland, vice-présidente de l’AMA, qui a voté contre, seulement suivie par le néo-Zélandais Clayton Cosgrove, et qui n’a pas hésité à déclarer : « Aujourd’hui, l’Agence Mondiale Anti-Dopage a échoué à protéger les athlètes propres ».
Beaucoup d’observateurs attribuent ce choix controversé impulsé par Craig Reedie, le président de l’AMA, à la pression forte de Thomas Bach, le président de CIO, très proche de Vladimir Putin, constamment réticent à toute sanction contre la Russie, et qui, surtout, chercherait à garder le contact avec un pays susceptible de postuler dans un avenir relativement proche pour l’organisation des Jeux Olympiques, alors même que les candidatures peinent plus à se formaliser, en raison des enjeux financiers énormes, et d’une opposition plus fréquente de la part des habitants de certains pays.
L’IAAF veut décider seule
Dans ce contexte, l’IAAF se retrouve ainsi en position délicate, seule fédération à avoir interdit la Russie de toute compétition depuis fin 2015. L’instance internationale a accueilli avec réticence cette réintégration, en soulignant avoir fixé ses propres critères pour décider d’une éventuelle annulation de cette sanction.
Avec deux points importants que la Russie se devrait de respecter : admettre officiellement que les officiels du Ministère des Sports étaient impliqués dans la couverture du dopage des athlètes russes, et donner accès aux échantillons conservés dans le laboratoire de Moscou entre 2011 et 2015, afin de les vérifier.
Officiellement, l’AMA souhaite, elle aussi, obtenir cet accès au laboratoire de Moscou et aux données stockées, et a menacé la Russie d’une nouvelle suspension dans le cas contraire. Mais que pourront vraiment révéler ces échantillons ? Quelle manipulation ont-ils pu subir pour dissimuler les tricheries ?
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.