Le scandale du dopage russe est énorme, avec sa succession de cas positifs. L’IAAF est consciente de la confusion engendrée mais s’oblige à des investigations précises pour imposer des sanctions obéissant strictement au cadre juridique strict. En point de mire les suspensions sur passeports biologiques litigieux et le cas de l’entraîneur de marche, Viktor Chegin.
L’IAAF est sortie de son silence pour évoquer la problématique du dopage russe. Aux commandes de cette vidéo conférence de presse, Thomas Capdevielle, le nouveau boss de l’anti dopage à l’IAAF, qui a évoqué de manière très claire les suspensions « en pointillés » décidés par la RUSADA (l’anti dopage russe) contre Yulia Zaripova et Tatyana Chernova.
Les sanctions prises leur permettraient en effet de conserver leurs titres respectifs de Championne du Monde conquis à Daegu en 2011, sur le 3000 m steeple et l’heptathlon, alors même que les résultats acquis avant et après Daegu seraient annulés.
Et Thomas Capdvielle d’expliquer combien il est ardu de tirer des conclusions des profils sanguins constituant les passeports biologiques, avec des graphiques difficiles à interpréter. Pour prendre ses décisions, l’agence russe de l’anti dopage s’est référée à une règle établie par le TAS, le Tribunal Arbitral du Sport, sur le cas d’un cycliste, le Tchèque Roman Kreuziger. Le TAS avait défini une fenêtre de 1 mois avant et après la compétition, soulignant que face à une valeur sanguine normale lors d’un Championnat du monde, aucune suspension ne peut exister durant cette période de 2 mois.
Une explication plus que tirée par les cheveux, et très contestée, puisque comme l’admet Thomas Capdvielle : « Evidemment, quand vous avez un athlète pour lequel 8 des 10 valeurs sont anormales, il est plus que probable qu’il s’est dopé toute sa carrière, et spécialement quand vous pouvez prendre en compte les historiques disponibles à l’IAAF. »
C’est donc du côté de ses experts scientifiques que l’IAAF va se tourner dès maintenant pour leur demander d’analyser les profils et de décider si le point de vue de l’instance internationale est différent de celui de l’instance russe, et en particulier concernant les disqualifications de l’année 2011. La sentence devrait être rendue publique dans moins de deux semaines….
Viktor Chegin, encore en fonction malgré ses 20 athlètes positifs !
Il était l’homme de référence de la marche en Russie, l’orfèvre capable de ciseler des générations de marcheurs et marcheuses pour les transformer en médaillés. Mais Viktor Chegin apparaît surtout comme un usurpateur. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 20 de ses athlètes ont été contrôlés positifs. Et pourtant Chegin conserve ses fonctions au centre national de marche.
Comme le souligne Thomas Capdevielle, il est facile pour des journalistes de faire le lien entre ces différents, et d’incriminer Viktor Chegin. Mais l’IAAF se doit de respecter une méthode plus stricte : « Si vous souhaitez vous en prendre à l’entraîneur, vous devez trouver des preuves que cet entraîneur administrait de manière active des substances ou facilitait le dopage de ses athlètes… »
Les investigations de l’IAAF sont en cours, et l’optimisme est de rigueur au sein de l’instance internationale, sur la sortie prochaine du coach de l’athlétisme. Pourquoi une telle confiance ? En raison de l’exemple de la Turquie. Le responsable de l’IAAF révélait dans cette conférence de presse du lundi 16 février qu’entre 2013 et 2014, ce sont 45 à 50 athlètes qui ont été contrôlés positifs dans ce pays. Et que pour en finir avec cette frénésie, l’IAAF a procédé à une audition de tous ces « positifs », pour comprendre la vraie source du problème. Avec à la clef, la suspension de 9 entraîneurs turcs…
A combien s’élèvera le décompte final chez les Russes ? Les paris sont ouverts.
Texte : Odile Baudrier