Milieu des années 80, Danny Harris scintille sur le 400 mètres haies, empochant une médaille d’argent aux JO de 1984 à 18 ans, il interrompt en 1987 la série victorieuse d’Edwin Moses, invaincu alors depuis 10 ans… Mais Danny Harris connaîtra la descente aux enfers, deux fois suspendu pour cocaïne, sa vie bascule jusqu’à ce qu’il reprenne le chemin de l’Université à plus de 40 ans pour y finir ses études. Un documentaire britannique « Crossing the Line » vient de lui être consacré.
Un joyau brillant très tôt. Et s’étiolant si vite. Danny Harris fut une comète du 400 mètres haies, même si une seule ligne de son palmarès comblerait plus d’un athlète… Recordman du monde junior, en 1984, avec 48’’02, en 1984, une marque encore d’actualité. Vice-Champion Olympique en 1984. Vice-Champion du Monde en 1987. Premier hurdler à supplanter le « monstre », Edwin Moses, invaincu alors depuis 10 ans et 122 courses. Auteur en 1991 d’un record à 47’’38, cela demeure encore la 2ème performance de tous les temps.
Mais Danny Harris a connu aussi les trous noirs, des années sans performance par la blessure, la sortie par la petite porte des trials US pour les JO 1988, une grave addiction à la cocaïne, les contrôles positifs, le premier à quelques mois des JO de 1992, le second en 1996, juste après son retour en compétition.
Un réalisateur britannique David Tryhorn s’est intéressé au parcours chaotique de ce Californien, pour un documentaire présenté durant le « Hot Springs Festival », festival de documentaire organisé début octobre à Hot Springs, au cœur de l’Arkansas. Plusieurs grands noms de l’athlétisme mondial, Carl Lewis, Roger Black, Kris Akabussi, Jackie Joyner Kersee, y évoqueront leurs souvenirs de Danny Harris, et en particulier Edwin Moses, qui se rappellera avec Danny Harris cette fameuse course de Madrid en 1987, où Moses bat la poussière, supplanté par le gamin Danny.
Après la cocaïne, il reprend ses études à 43 ans
Un gamin formé à l’Université d’Iowa, où il a été en fait recruté pour renforcer l’équipe de foot américain, jusqu’à ce qu’en 1984, une blessure au genou interrompe sa carrière dans ce sport pour l’orienter définitivement vers l’athlétisme. En 2008, Danny Harry retrouve l’Université d’Iowa, il a alors 43 ans, et se décide à reprendre ses études pour obtenir le diplôme qu’il n’a pas eu 20 ans plus tôt…
C’est là à Ames au nord de Des Moines qu’il se reconstruit, comme le révèle le quotidien Iowa State Daily. Au fil des années, il a entraîné dans divers lycées et universités, et il s’affiche en soutien de la candidature de Los Angeles 2024, au sein de LA 84, une fondation créée après les JO de 1984 pour soutenir des projets sportifs destinés aux jeunes Californiens du Sud.
Après tant d’errances, la vie de Danny Harris s’est recalée. Son physique remodelé témoigne de son nouvel équilibre, et l’autorise même à franchir encore des haies avec une certaine aisance.
> Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.