L’espagnol Mo Katir avait reçu il y a quelques mois une suspension de deux ans suite à des violations des règles de localisation. Mais un élément fourni pour sa défense est finalement apparu comme une falsification par l’AIU qui lui a maintenant infligé une sanction de 4 ans. Le vice champion du monde 2023 du 5000 mètres peut encore faire appel auprès du TAS.
Suspendu ou pas, Mo Katir avait gardé ses habitudes à Font Romeu. Cet automne, on l’y retrouvait encore a l’entraînement. Avec en ligne de mire le début de l’année 2026, correspondant à la fin de sa suspension de deux ans décidée en février 2024 par l’Athletics Integrity Unit.
Mais en cette fin d’année 2024, les donnes se sont nettement brouillées pour le vice champion du monde avec une nouvelle sanction, cette fois de 4 ans, prévue de s’achever début 2028.
Deux ans, c’était le tarif pour les violations des règles de localisation, soit 3 erreurs de localisation et/ou absences lors des contrôles. Quatre ans, c’est la note à payer pour une falsification.
La date du billet d’avion a été modifiée
Car pour justifier son premier manquement, une absence lors d’un contrôle le 28 février 2023, Mo Katir avait fourni les preuves de l’achat d’un billet d’avion de Alicante vers Lisbonne, soi disant en toute dernière minute, afin de rejoindre sa girl friend malade. Et d’expliquer que ce départ brutal dans ce contexte compliqué avait provoqué l’oubli du changement de sa localisation sur la plate-forme Adams.
D’abord, l’explication avait été acceptée, avec tout de même la prise en compte d’un premier manquement qui allait donc être suivi par deux autres, en avril et octobre.
Mais fidèle à ses habitudes, l’Athletics Integrity Unit a décortiqué les éléments matériels fournis, billet d’avion et confirmation de réservation, pour conclure que Mo Katir avait en réalité modifié la date de son vol, qui avait eu lieu le 26 février et non pas le 28, jour du contrôle ! Et la punition est vite tombée avec cette accusation de falsification, synonyme d’une deuxième suspension de 4 ans.
Une progression post COVID très étonnante
La progression de Mo Katir n’avait pas manqué d’attirer l’attention des spécialistes de demi-fond et il faisait partie de cette génération « post Covid », ces athlètes qui ont explosé leurs chronos l’année 2021, lorsque les compétitions reprennent après une année blanche.
Certes Mo Katir n’a que 23 ans mais son record de 3´28’´76 établi en juillet à Monaco crée sensation avec une progression de 8 secondes alors que pour le 5000 mètres, c’est carrément 10 secondes qu’il gagne pour tomber à 12’50’’.
Suivront également une médaille de bronze mondiale sur 1500 mètres en 2022 et une médaille d’argent mondiale sur 5000 mètres en 2023.
Les suspensions n’annulent pas sa médaille mondiale
Autant de résultats qui ne se voient pas balayés par la double suspension de l’athlète ! Car le point de départ des annulations de performances a été fixé au 10 octobre 2023, date du dernier manquement de localisation, pour les deux suspensions, lui permettant de conserver sa médaille d’argent du Championnat du Monde d’août 23.
Dommage pour ses concurrents du Mondial que la falsification des documents de février 2023 n’ait pas conduit le tribunal Sports Résolution à décider d’une annulation rétroactive des résultats à partir de cette date…
Pourtant L’Athletics Integrity Unit a fait le forcing pour obtenir que la deuxième suspension de 4 ans débute dès le 9 mars 2023, date à laquelle Mo Katir avait fourni les faux documents. Mais Charles Hollander, seul juge Sport Résolutions sur cette affaire, n’a pas jugé bon de suivre cette requête et a maintenu la date d’octobre 23 pour la nouvelle suspension.
Tout comme il a opposé refus à la demande de l’AIU d’une suspension allongée à 5 ans compte tenu des falsifications conduites par Mo Katir. L’AIU se voit ainsi désavoué par son propre tribunal ! Au mépris des athlètes propres…
Analyse : Odile Baudrier
Photo : DR