Les performances athlétiques profitent d’un boom post confinement ! Avec en 24 heures, trois records du monde, et de gros chronos sur 5000 m dans la foulée du record du monde de Cheptegei. Cette vague de records s’affiche aussi dans le cyclisme avec des puissances anormales dans les étapes de montagne.
« Peu d’évènements + le rythme par les lumières + le nouveau miracle des chaussures Nike + 6 mois de COVID et sans contrôles = 0.2% de progression pour Mo Farah. Et 2% pour le record féminin de Sifan Hassan ».
Cette équation très particulière a été écrite par Glen Collinway, un twitteur britannique évoluant sous anonymat, mais reconnu comme pourfendeur des dérives du dopage. En une seule phrase, son analyse résume bien les quatre paramètres à intégrer pour disséquer les nouveaux records du monde de ce début septembre.
Celui de Mo Farah et Sifan Hassan, sur l’heure, au meeting de Bruxelles, et aussi de Peres Jepchirchir, sur le semi-marathon. Avec des progressions de 45 mètres pour Mo Farah (21.330 km) de 413 mètres pour Sifan Hassan (18.930 km), de 37 secondes pour Peres Jepchirchir (1h05’34). Trois records s’ajoutant à celui de Joshua Cheptegei, sur 5000 mètres, (12’35’’36) amélioré, lui, de près de 2 secondes.
Le niveau du 5000 m mondial est énorme
Sans oublier aussi l’énormité du niveau sur cette distance du 5000 mètres, avec 4 athlètes sous les 12’50’’, un nombre seulement atteint en 2012 (6) et 1997 (5). Les statisticiens ont aussi pu noter qu’on retrouve cette année 3 athlètes sous les 12’50’’ dans 3 courses différentes : Chepetegei à Monaco (12’35’’36), Ahmed à Portland (12’47’’20), Kiplimo à Ostrava (12’48’’63). Cette particularité n’a pas manqué d’attirer l’attention des journalistes Jon Mulkeen, et Jonathan Gault, soulignant qu’un aussi haut niveau n’était plus apparu depuis 1997, avec un trio Bruxelles, Zürich, Rome, revenant à Daniel Komen, Haile Gebrselassie, Salah Hissou.
Autant de performances impactées par les quatre nouveaux paramètres de cette année 2020 ? Mais dans quelles proportions ? Peres Jepchirchir a été la seule à admettre que la nouvelle technologie de ses chaussures l’avait avantagée. En l’occurrence, il ne s’agit pas des dernières Nike, mais des toutes nouvelles Adidas « Adios Adizero Pro », portées par tous les coureurs du semi-marathon de Prague, bâti sur mesure pour la marque. Et les lumières ? Leur premier utilisateur Joshua Cheptegei a soutenu, lui, n’avoir accordé aucune attention à cette nouvelle technologie concoctée d’abord pour le meeting de Monaco, pour indiquer le rythme du record du monde.
Mais en Angleterre, les « anti-Farah » s’en sont donnés à coeur joie contre leur tête de turc préférée. Pour insister sur l’incohérence de ce premier record du monde conquis à 37 ans, « à l’âge où la plupart des jambes des athlètes ont commencé à les trahir, et où leurs heures de gloire se sont depuis longtemps évanouies dans le rétroviseur », comme l’a bien décrit le journaliste Sean Ingle.
Antoine Vayer parle du retour des mutants
Toutefois surprise, cette vague de performances n’est pas isolée à l’athlétisme… Le cyclisme apparaît s’inscrire dans cette lignée du boost post-confinement. Les premières étapes dans les Pyrénées ont donné le tournis à Antoine Vayer, infatigable observateur des puissances développées par les cyclistes, et des repères qu’elles fournissent sur leurs capacités physiques.
Au soir des deux étapes des Pyrénées, juste avant qu’un dessin sexiste le pousse vers la sortie de sa couverture en direct pour l’Humanité, sa conclusion était sans appel : « DELIRANT RECORD. Retour des MUTANTS, diables rouges. » En expliquant que Pogacar a battu le record de la montée de Peyresourde détenu par le Vinokourov, en développant 460 watts, c’est à dire pire que Lance Amstrong. Et cet inusable pourfendeur du dopage de conclure par un simple « SHIT »… Oui, c’est un très bon résumé, on a bien envie de le souffler aussi ce gros mot magique !
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.