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Le Qatar et le Bahrein renforcent leurs équipes

Said Saaeed Shaheen premier kenyan à faire flotter le drapeau du Qatar dans les cieux des stades

Said Saaeed Shaheen premier kenyan à faire flotter le drapeau du Qatar dans les cieux des stades


Le Qatar et le Bahrein ont recruté de nouveaux talents pour renforcer leurs équipes d’athlétisme, en se tournant cette fois vers le Soudan et la Somalie.

 

Kenya. Ethiopie. Et maintenant Soudan. Le Qatar poursuit ses recrutements en Afrique de l’Est. Tout récemment au meeting de Stöckhlom, de nouveaux noms sont apparus, comme Haroun Abdelalelah, qui a fait sensation. Ce coureur de 400 mètres âgé de 18 ans remporte la course B en 45’’39, soit un meilleur chrono que celui du Tchèque Pavel Maslak dans la course A.

Le Qatar pouvait se frotter les mains de l’avoir choisi, cette performance signe d’entrée un record d’Asie, l’une des obsessions du Qatar. Mais qui est vraiment Haroun Abdelalelah ? Quelques recherches révèlent simplement qu’il serait né le 1er janvier 1996 et qu’il était précédemment soudanais. Il aurait été autorisé à représenter le Qatar depuis le 2 février 2015 seulement.

Le mystère règne sur ses références précédentes, et même la base de données statistiques la plus complète, celle d’All Athletics, ne lève le voile sur ses références avant ce meeting de Stöckholm. Et les organisateurs ont expliqué par la suite ne l’avoir accepté que sur la pression de Jama Aden, son entraîneur, auquel il pouvait peu résister vu sa qualité de coach de Genzebe Dibaba. Pour appuyer sa demande, Jama Aden aurait simplement présenté un chrono manuel de 45 »7 que son protégé aurait réalisé dans un meeting de seconde zone au Qatar.

shaheen 4 aLe Qatar n’a donc pas changé ses très vilaines habitudes, la modification du nom des athlètes recrutés à l’étranger. Le procédé a pourtant été dénoncé de manière forte dans le passé, avec l’accusation d’esclavage moderne proféré à l’encontre du Qatar, comme du Bahrein, méthode consistant à gommer les anciennes identités tout en confisquant les passeports des athlètes.

A l’inverse, le Bahrein avait pris acte de cette polémique en décidant de conserver les noms des Ethiopiens ou Kenyans recrutés. La récente liste des athlètes changeant de nationalité publiée par l’IAAF le confirme à nouveau. Tigist Gashaw Belay et Birhanu Balew y figurent bien avec leurs patronymes d’origine.

Le noms sont modifiés, tronqués, réutilisés

Mais le Qatar poursuit ses habituels procédés. On retrouve sur la liste IAAF trois athlètes néo-quataris. Le jeune Haroun Abdelalelah y figure, avec un 3ème nom, Hassan. Un autre très jeune athlète apparaît, lui aussi précédemment Soudanais, il n’a que 16 ans, et est désigné comme Muhand Khamis Saifeldin. Un nom quasi-identique à un autre athlète, né, lui, en 1976, dénommé Khamis Abdullah Saifeldin. Ce cernier représenta le Qatar dans de multiples compétitions internationales depuis 2002 sur 3000 mètres steeple et sur 1500 mètres.

Ce Saifeldin figurait ainsi parmi les toutes premières recrues du Qatar, en compagnie de Saïf Saaeed Shaheen (nos photos), son fer de lance, deux fois sacré champion du monde et record du monde du steeple à la clef. Le Kenyan avait ouvert la voie dès 2002. Mais pour lui aussi, les choses n’ont pas été aussi roses qu’on a pu le croire, son entraîneur Renato Canova nous ayant révélé il y a deux ans que certaines promesses de son pays d’adoption n’avaient pas été tenues…

Pris dans une certaine tourmente en 2009, le Qatar avait d’ailleurs annoncé qu’il renonçait aux recrutements dans la corne de l’Afrique, pour s’orienter vers un soutien orienté vers les jeunes athlètes arabes, surtout issus du Maghreb. Avec l’offre d’une scolarité gratuite au centre national du sport « Aspire », structure ultra moderne installée à Doha.

Mais finalement, ce nouveau schéma n’a pas fonctionné, et les vieux démons sont revenus. Avec la chance que représente la naturalisation dans un pays riche de pétro-dollars de jeunes du Kenya, d’Ethiopie, ou du Soudan, et la tragédie de voir disparaître son identité propre. Les esclavagistes américains n’avaient pas d’autres méthodes, désignant tous les esclaves du nom de leur propriétaire.

 Texte : Odile Baudrier
 Photos : Gilles Bertrand