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Le marathon de Boston dédommage les coureurs pénalisés par le dopage

C’est une grande première que la démarche impulsée par le Marathon de Boston. L’épreuve a annoncé qu’elle allait indemniser financièrement les marathoniens et marathoniennes qui ont été pénalisés par le dopage d’autres concurrents. Ce sera ainsi une manière de dédommager les personnes lésées par des résultats artificiellement modifiés…

La démarche ne peut que surprendre, mais elle sera certainement très appréciée par les élites. Que ce soit sur la piste, la route ou maintenant le trail, les meilleurs performers pointent souvent du doigt les pertes que provoque le dopage de certains concurrents. A la fois en termes de médailles dans des grands rendez-vous que sur le plan financier, avec les primes de résultats qui leur échappent et également sur le plan des contrats de sponsoring.

Une situation partiellement réglée par la réattribution des médailles allouées dans les grands championnats ou Jeux Olympiques, comme il l’est régulièrement effectué. Dernier exemple en date avec l’Américaine Shannon Rowbury, qui se voit finalement devenir médaillée de bronze après le déclassement de la Russe Tatyana Tomashova sur le 1500 mètres des Jeux Olympiques de Londres, qui compte finalement 5 athlètes suspendus sur 12 !

Les aspects financiers demeurent plus complexes à régler, la perte de contrats ne peut évidemment pas se dédommager 4 ou 5 ans plus tard. Et la réattribution aux top élites non dopées des primes versées à des élites finalement suspendues par la suite apparaît une jolie chimère. Tout simplement parce que le remboursement des sommes versées à une personne dopée est quasiment impossible à obtenir.

Un temps, les grands marathons internationaux du World Marathon Majors avaient communiqué sur l’idée que les remboursements seraient mis à la charge des managers des coureurs et coureuses sanctionnés, et déduits donc des futurs paiements. Quels ont pu être les résultats de cette politique ? La transparence n’est pas de mise sur de telles actions dans un microcosme du running, toujours prompt à conserver le secret.

L’initiative du Marathon de Boston révèle l’échec de ce concept, de remboursement par les uns et redistribution aux autres. Le communiqué de presse l’avoue clairement : « le processus de réclamer et redistribuer les prize money a été complexe et chronophage pour toutes les personnes impliquées ». D’où l’idée de définir une nouvelle méthode pour soutenir les athlètes propres. En l’occurrence l’attribution des prize money qu’ils ont vraiment gagné, après le déclassement des coureurs suspendus.

Deux vainqueuses du Marathon suspendues pour dopage

L’organisation du marathon a ainsi travaillé à identifier tous les marathoniens concernés depuis 1986, date du début des primes. Et c’est sur son budget propre qu’elle ira chercher pour remettre la somme due. Même si officiellement, elle prétend continuer à tenter d’obtenir les remboursements des coureurs dopés.

Il est vrai que Boston a été particulièrement marqué par le dopage, avec deux vainqueuses destituées. Rita Jeptoo a été gommée des tablettes après sa victoire d’octobre 2016 suivie d’un contrôle positif à l’EPO. Toutefois, la Kenyane peut encore se targuer de deux victoires, en 2006 et 2013… Puis rebelote en 2021, avec Diana Chemtai Kipyokei, positive après sa victoire, et donc déclassée. S’y ajoutent évidemment d’autres noms, moins connus, mais pas sans impact sur les classements et sur les prize money.

A Boston, c’est un total de 1.1 million de dollars qui revient aux coureurs, avec des sommes variant entre 150.000 dollars aux premiers et seulement 5.500 dollars aux 10ème !  Et incluant une part très importante dédiée aux athlètes en fauteuil, plus de 320.000 dollars. Cette orientation très handisport avait été voulue il y a quelques années justement après la déception d’avoir vu des victoires souillées par le dopage. Même si l’actualité démontre que les disciplines handisport ne sont pas épargnées par les dérives…

Analyse : Odile Baudrier