Cinq skieurs ont avoué avoir eu recours au dopage sanguin, suite à la descente policière effectuée en Autriche lors de la Coupe du Monde de ski. Pourtant selon les premiers éléments, leurs contrôles anti-dopage et leur passeport biologique n’avaient rien révélé de leurs pratiques dopantes. Idem pour le cycliste autrichien Stefan Denifl, qui a lui aussi admis son dopage sanguin.
Des contrôles anti-dopage négatifs. Des passeports biologiques réguliers. Et derrière cette belle façade de normalité, une énorme duperie, celle du dopage sanguin, et de ses auto transfusions. C’est le terrible constat qui ressort de l’affaire « Aderlass », cette descente policière effectuée à Seefeld en Autriche durant le Championnat du Monde de ski nordique, à la suite des révélations du journaliste allemand Hajo Seppelt.
Les aveux des cinq skieurs interpellés ont été sans ambiguïté : ils avaient bien recours au dopage sanguin, et jusque sur le lieu même de la compétition. Et le deuxième scandale germe en filigrane : celui de l’inefficacité des contrôles anti-dopage et du passeport biologique.
Joerg Winterfeld, journaliste allemand, a lancé l’alerte en révélant que les deux Autrichiens Baldauf et Max Kause avaient connu 6 contrôles anti-dopage depuis Noël. Les 4 premiers négatifs, les 2 derniers encore en cours d’analyse. Et de conclure avec réalisme : « Les résultats négatifs montreront au public que négatif n’est pas une preuve d’innocence».
Mais l’affaire a encore franchi un pas avec l’information révélée par le journal autrichien « Kronen Zeitung » que le cycliste autrichien Stefan Denifl venait, lui aussi, d’admettre son dopage sanguin auprès de la police autrichienne. La secousse était énorme dans le monde du cyclisme, et les uns et les autres pointaient les contrôles anti-dopage négatifs mais aussi le passeport biologique, qui n’avait pu détecter les dérives de ce cycliste de 31 ans, vainqueur d’une étape de la Vuelta en 2017.
Un gros pavé dans la mare pour confirmer que les dopés maîtrisent parfaitement leur sujet pour duper l’anti-dopage. Et le témoignage de l’Estonien Karel Tammjärv enfonce encore plus le clou. Ce skieur interpellé lui aussi dans la descente de Seefeld s’est carrément exprimé lors d’une conférence de presse. Aux côtés de son entraîneur, complètement effondré. Car il découvrait avec effarement les dérives de son élève, qui a admis avoir recours aux auto-transfusions depuis 2016.
Les explications de l’Estonien laissaient aussi entrevoir une organisation très rôdée de ce dopage, sous la houlette du Docteur Schmidt, le big boss de ce dopage. Cet Allemand, après s’être livré aux mêmes errements au sein de plusieurs équipes cyclistes, avait bâti une méthode bien rôdée, exigeant ainsi de ses protégés qu’ils ne logent jamais avec leurs équipes officielles, pour pouvoir se livrer en toute impunité à leurs injections…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.