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Le dopage détecté par un modèle d’analyse des performances

Tous les spécialistes s’accordent sur l’idée que les variations anormales de performances correspondent souvent à l’utilisation du dopage.  Une équipe de chercheurs de l’Université de Sophia Antipolis a développé un modèle informatique capable de détecter l’usage de produits dopants. L’IAAF le teste actuellement, il a déjà permis de déceler des situations douteuses.

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Repérer les sportifs douteux à partir de la variation de leurs performances. L’idée n’est pas nouvelle, tant d’entraîneurs et spécialistes l’utilisent pour détecter ces athlètes adeptes des « raccourcis », qui font gagner des secondes ou minutes beaucoup trop rapidement, en contradiction avec les règles scientifiques habituelles.

Cette méthode franchit un cap avec le travail réalisé par les chercheurs de l’Université de Sophia Antipolis, et leur création d’un véritable modèle informatique capable de détecter les produits dopants utilisés, en collaboration avec l’IAAF.

Comme l’explicite le journal du CNRS, les trois chercheurs ont travaillé à partir des résultats des compétitions internationales sur plusieurs années, pour bâtir des courbes qui révèlent l’évolution des performances en fonction de l’âge de l’athlète. Avec en filigrane le concept que la progression d’un athlète dopé se distingue de celle des autres athlètes, et que ses courbes d’évolution apparaissent différentes.

Le trio du laboratoire I3S formé de Maria João Rendas, chargée de recherches CNRS au Laboratoire d’informatique, signaux et systèmes de Sophia Antipolis (I3S), d’Asya Metelkina, post-doctorante, et Luc Pronzato, directeur de recherches CNRS, a livré un verdict sans appel : « dans une discipline donnée, les performances des sportifs suivent des courbes de progression de formes assez similaires et cela indépendamment de leur niveau. » Ainsi sur 400 mètres, les performances augmentent jusqu’à l’âge de 24-25 ans, avant de décroître.

Ces règles de progression confirment l’intuition des spécialistes, mais la modélisation de ces courbes au moyen d’algorithmes permettrait de repérer, avec une forte probabilité, les évolutions anormales. Les chercheurs l’affirment, leur modèle prend en compte les variations conjoncturelles, comme la blessure du sportif, les mauvaises conditions météos, le terrain ou parcours utilisé.

Ces éléments parasites éliminés, le modèle serait capable de pointer du doigt l’athlète dont les courbes d’évolution ne respectent pas la normale, avec la grande probabilité qu’il soit adepte du dopage.

L’outil a été livré à l’IAAF, qui le teste, et a déjà décelé des situations douteuses. Reste maintenant à voir les possibilités d’utilisation pour des sanctions d’une telle technique scientifique.

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.