Le Ministre des Sports du Kenya a pris une décision radicale avec la dissolution du Comité Olympique Kenyan, en rétorsion aux nombreux manquements constatés dans la logistique et le management de l’équipe. La conclusion avec fracas d’une accumulation d’incidents avec en filigrane, la corruption qui gangrène le pays…
Quel début émouvant pour le Kenya que cette cérémonie d’ouverture des Jeux où Kip Keino se voyait récompensé par les « lauriers olympiques ». Un honneur énorme rendu au Kenyan de 76 ans, double champion olympique, puisqu’il s’agissait de la première distinction de ce type de l’histoire des JO…
Trois semaines plus tard, les JO s’achèvent en véritable drame national au Kenya. Non pas que le bilan sportif soit mauvais, les athlètes repartent avec 13 médailles, dont 6 en or et 6 en argent !
Mais le Ministre des Sports a créé sensation par sa décision de dissoudre le Comité National Olympique, dont le président est justement Kip Keino, et de nommer une commission d’enquête chargée d’analyser les manquements connus pendant les Jeux.
Et ils ont été plus que nombreux ! Les incidents se sont succédé à Rio. Le dernier n’est pas le moins étonnant : une dizaine d’athlète se sont retrouvés bloqués à Rio après la fin des JO et contraints à s’installer dans un hôtel bas de gamme, où ils passaient une partie de la nuit à entendre des coups de feu tirés dans le voisinage… Tout ceci parce que le CNO avait décidé de différer leur retour vers le Kenya pour économiser sur les billets d’avion !
Le député Korir bloqué à Rio pour économiser sur les billets d’avion
L’affaire ne pouvait que prendre mauvaise tournure avec dans ce groupe, le marathonien Korir, élu député dans son pays. D’autant qu’elle s’ajoutait à une succession de problèmes épineux, avec le retour prématuré de Michael Rotich, le patron de l’équipe d’athlétisme, suspecté de corruption, puis celui de John Anrazh, entraîneur national, mis en cause pour une usurpation d’identité pendant un contrôle anti-dopage.
Et pour parachever le tout, la corruption s’est encore invitée en patronne dans cette équipe du Kenya avec la disparition d’une large partie des équipements textiles remis par Nike, qu’on a retrouvé vendus au marché noir…
Le Ministre des Sports s’est décidé à taper du poing sur la table pour obtenir des éclaircissements sur de tels incidents particulièrement déplorables pour l’image de marque du pays, déjà bien entachée par les nombreux contrôles anti-dopage enregistrés, les allégations d’informations préalables sur les contrôles…
Cette fois, la fructueuse moisson brésilienne n’a pas suffi à étouffer les polémiques.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Getty IAAF