Huit cas de dopage en deux mois ! L’athlétisme kenyan est gravement malade. La fédération du Kenya pointe du doigt les entraîneurs étrangers qui devront maintenant être certifiés. La Malaisie a pris une décision forte en interdisant de compétition quatre marathoniens du Kenya. Alors, peut-on encore croire aux performances des Kenyans ?
Le Kenya n’en finit pas d’alimenter l’actualité du dopage. Cet été, le pays a vécu un véritable camouflet, avec la sortie brutale, à la veille de la compétition, de cinq athlètes qualifiés pour disputer le Championnat du Monde d’Eugene ou les Jeux du Commonwealth.
Le bal avait commencé à Eugene avec le marathonien Lawrence Cherono, à quelques heures de prendre le départ de l’épreuve, où il était favori, compte tenu de ses victoires sur des marathons majeurs.
A Birmingham, pour les Commonwealth Games, l’interdiction de compétition a concerné trois marathoniens, Philemon Kacheran, Stella Barsosio, Purity Changwony et un spécialiste du 1500 mètres, Kumari Taki.
La liste s’est allongée avec les athlètes contrôlés positifs, et suspendus provisoirement : Michael Nienga, pour norandrosterone, et Maiyo Johnstone, pour EPO.
Sont également tombées les sanctions. Avec dernière en date, Lilian Kasait Rengeruk, suspendue 10 mois. Médaillée de bronze au Mondial de Cross 2017, à 20 ans, elle avait terminé 12ème sur 5000 m aux JO de Tokyo 2021.
Et aussi une interdiction très longue, de 7 ans, imposée à Vane Nyaboke Nyanamba après que les enquêtes menées par l’Athletics Integrity Unit aient conclu à de faux témoignages pour justifier son contrôle positif.
Les coachs étrangers sous pression
La situation n’en finit pas de se dégrader au Kenya, et Jackson Tuwei, le patron de l’Athletics Kenya a choisi, une nouvelle fois, de pointer du doigt les entraîneurs étrangers qui travaillent avec les athlètes du Kenya, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays.
Comme l’explique « Capital FM », la fédération exigera donc désormais de valider la collaboration des coachs ou assistants étrangers pour qu’ils obtiennent leur permis de travail des services de l’immigration, et elle pourra aussi exiger qu’ils lui fournissent l’historique de leurs contacts avec des athlètes kenyans, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays.
Les athlètes étrangers en stage au Kenya seront également soumis à un contrôle, avec obligation de communiquer à Athletics Kenya la liste de leurs contacts avec des Kenyans.
La fédération veut aussi en finir avec l’opacité des camps d’entraînement, avec le projet d’enregistrer tous ces camps, ainsi que les personnes qui y résident. En filigrane, l’inquiétude que celles-ci s’attaquent à de jeunes talents pour les inciter au dopage.
Peut-on encore croire aux performances des athlètes kenyans ?
Ces mesures peuvent-elles sauver l’athlétisme du Kenya de la suspicion qui entoure maintenant les performances des athlètes kenyans ?
La tension est à son comble, et la Malaisie a décidé de prendre les choses en main, en interdisant de compétition sur son territoire quatre marathoniens kenyans, Geoffrey Birgen, Charles Thaiya Kimingi, Peter Kipleting Keter et Peninah Jepkoech Kigen. La Fédération d’Athlétisme de Malaisie a tapé du point sur la table, après qu’une première décision de refuser l’accès à ce quatuor n’ait pas été respectée par les organisateurs.
L’argent et les grosses primes distribuées sur les marathons à travers le monde, et en particulier en Asie, s’avèrent un puissant incitateur à franchir la ligne rouge, au moins une fois, ou une fois de temps en temps.
Le Kenya compte actuellement 51 athlètes suspendus, et il s’y ajoute une dizaine d’athlètes en attente de décisions. La plupart ont eu recours à la norandrostérone, produit anabolisant très prisé des marathoniens, et l’EPO n’est visiblement plus l’arme « fatale » des Kenyans pour finir en puissance leur marathon…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.