La suspension prononcée à l’encontre de Laila Traby a été fixée à trois ans par l’AFLD, s’appuyant sur son échantillon positif à l’EPO datant de novembre dernier, et sur son comportement lors du contrôle. En parallèle, l’enquête de la gendarmerie se poursuit.
Il a fallu plus d’un mois pour que la décision prise par l’AFLD le 23 avril dernier à l’encontre de Laila Traby soit rendue publique, via le site internet de la FFA. Et les sept pages du rapport lèvent le voile sur les détails précis de ce contrôle ayant abouti à cette suspension de trois ans, soit une année supplémentaire que les deux ans habituellement appliqués en cas de prise d’EPO (depuis le 1er janvier 2015, la suspension serait d’office de 4 ans).
Les rumeurs avaient précédé le rapport, et l’on obtient ainsi confirmation des conditions rocambolesques du contrôle. L’infirmière en charge, accompagnée d’un interprète en langue arabe, s’était retrouvée face à Laila Traby déclarant ne pas être Laila Traby, refusant de signer le PV de contrôle et de se soumettre au test…
Suite à la perquisition menée en parallèle à l’initiative de l’OCLAEPS, et à la découverte de produits dopants dans le chalet de Matemale où elle était en stage, Laila Traby avait été placée en garde à vue, et c’est dans ce cadre-là, à la Gendarmerie de Prades que les prélèvements ont pu être effectués, avec la découverte ultérieure par le laboratoire de Chatenay Malabry de la présence d’EPO.
La sanction sportive pourra-t-elle être revue dans l’avenir ? Selon Yann Bouchez, journaliste pour le Monde, Stéphane Mesones, l’avocat de Laila Traby, veut déposer un recours devant le Conseil d’Etat, pour faire annuler cette sanction.
Stéphane Mesones est un habitué de ces procédures. Il avait déjà été l’instigateur d’une même requête déposée auprès du Tribunal Administratif pour le compte de Bouchra Ghezielle, et auprès du Conseil d’Etat pour Hassan Hirt. Dans les deux cas, les conclusions n’ont pas été favorables aux athlètes.
Son argumentaire s’orchestra probablement à nouveau autour de la non-analyse de l’échantillon B, qui n’a pas été effectué par l’AFLD faute du respect de la procédure réglementaire par Laila Traby.
Mais selon l’information relayée par le monde.fr, Stéphane Mesones pourrait aussi argumenter sur un point inédit, la possibilité de faux positifs, en cas de stress aigu ou d’infection urinaire.
EPO endogène et exogène, très différentes
Un tel scénario est-il réaliste ? Pierre Sallet, expert de la lutte anti-dopage, l’élude complètement. En expliquant d’abord que le test standard distingue l’EPO exogène et l’EPO endogène, à partir des propriétés chimiques de l’EPO. Les deux EPO diffèrent très légèrement, et il n’est donc pas possible qu’une confusion entre EPO naturelle et EPO injectée se produise.
Le test ne vise pas à doser l’EPO circulant naturellement dans l’organisme, mais à retrouver l’EPO de synthèse dans l’organisme. Et même dans le cas d’un problème rénal, une production anarchique d’EPO naturelle ne peut justifier l’apparition d’une EPO de synthèse. Selon le chercheur, aucune publication n’existerait sur ce thème, ni sur les liens éventuels entre une infection urinaire et la production d’EPO. Et pas plus qu’il n’existerait de lien entre une pathologie rénale et une positivité à l’EPO.
L’autre point soulevé par Pierre Sallet concerne la prise d’EPO, qui ne peut en aucun cas être prise par voie orale. La seule méthode est celle de l’intraveineuse ou de l’injection en sous-cutanée. Et ceci même dans le cas de micro-doses. Ceci exclut évidemment la possibilité d’une prise effectuée à l’insu de l’athlète.
Concernant un autre aspect de l’affaire Traby, l’enquête impulsée par l’OCLAEPS se poursuit, avec des investigations menées à travers des entretiens avec diverses personnes de l’entourage de Laila Traby.
Texte : Odile Baudrier
Photo : Gilles Bertrand