Le championnat du monde de Moscou en 2013 avait vu la Russie terminer 2ème au bilan des médailles, avec en particulier 7 médailles d’or. Six ans plus tard, il ne lui en reste plus que trois, suite à la suspension du marcheur Ivanov, sacré sur le 20 km marche.
Sept médailles d’or en août 2013. C’était le très bon bilan affiché par la Russie, pays organisateur du Mondial cette année-là. Mais un bilan favorable obtenu en réalité grâce à des pratiques interdites. Six ans plus tard, le décompte s’est étiolé, il ne reste plus que 3 médailles d’or. Celle d’Elena Isinbayeva à la perche, d’Alexander Menkov, à la longueur. Et une troisième plus que douteuse, celle de la marcheuse Elena Lashmanova. Celle-ci s’est vue en effet contrôlée positive à peine six mois plus tard, pour utilisation du GW 1516. Un produit bien choisi puisqu’il lui a certainement évité d’être suspendue avec effet rétroactif, comme l’ont été ses autres compatriotes.
Car l’annulation des médailles conquises en 2013 doit tout aux irrégularités des passeports biologiques constatés a posteriori et à une bataille juridique qui s’est achevée en février 2019, lorsque le Tribunal Arbitral du Sport suspend avec effet rétroactif à partir de 2012, Svetlana Shkolina, la championne du monde à la hauteur, Tatyana Beloborodova, au marteau, Tatyana Firova, dans le relais 4×400 mètres.
Alexandr Ivanov, déjà dopé à 19 ans
La médaille d’or du 20 km d’Alexandr Ivanov s’envole, elle, en cette fin mars 2019, à l’initiative de la Fédération d’athlétisme de Russie, qui annonce une suspension de trois ans suite aux irrégularités de son passeport biologique, qui l’amènent à perdre aussi son titre de vice-champion d’Europe 2014, et de vice-champion du monde junior 2012.
Alexandr Ivanov, qui n’a que 25 ans, était donc un adepte très précoce des produits illicites, déjà à 19 ans. Comment aurait-il pu y échapper sachant qu’il évoluait dans le groupe de l’entraîneur Victor Chegin, qui avait visiblement reçu tous pouvoirs pour que la Russie devienne la patronne de la marche mondiale… C’est grâce à ses méthodes redoutables, basées sur l’utilisation de l’EPO, que Valeriy Borchin, Sergey Bakulin, Olga Kaniskina, Sergey Kirdyapkin, Alexandr Ivanov Olimpiada Ivanova, Elena Lashmanova avaient pu briller sur les podiums mondiaux, avant de se voir tous impliqués dans une affaire de dopage…
A ce jour, donc, deux seuls athlètes russes sacrés en or dans le stade Lushniki de Moscou n’ont pas vu leur nom souiller par le dopage. Le sauteur en longueur Alexander Menkov. Et la perchiste Elena Isinbayeva.
Elena Isinbayeva, en or à Moscou, après bien des problèmes
Celle-ci avait effectué à Moscou un concours impressionnant pour se hisser vers la victoire avec une marque de 4.89 mètres qu’elle n’avait plus franchie depuis 2009, année de son record du monde. La perchiste n’arrivait à Moscou qu’au 3ème rang mondial, mais elle allait totalement dominer ses rivales pour remporter le titre devant un public russe en extase.
Elena Isinbayeva l’avait alors avoué, ce titre avait une saveur plus intense que ses titres olympiques de Pékin et Athènes, car arrivant après une grande période de doutes, où elle avait envisagé de se retirer. Mais le retour auprès de son premier entraîneur Evgeni Trofimov avait été la clef pour la relancer vers la réussite. Grâce aux fameuses recettes russes ???
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.