Tatiana Chernova à nouveau rayée des tablettes, cette fois pour sa médaille de bronze des JO 2008. La spécialiste de l’heptathlon s’était déjà vue retirer sa médaille de bronze des JO 2012, et l’or du Mondial de Daegu 2011. La Russe s’ajoute à une liste de 18 sportifs de son pays contrôlés positifs après réanalyse de leurs échantillons de Pékin 2008 (sur un total de 65 contrôles positifs).
- 2011.2012. Trois podiums brutalisés par les méfaits des athlètes russes, et Tatiana Chernova s’affirme comme l’une des pires de ces tricheurs et tricheuses. Trois fois, elle avait accédé au podium pour spolier ses adversaires sur l’heptathlon. Le bronze à Pékin. L’or à Daegu. Le bronze à Londres. Et trois fois, ces performances se voient torpillées en raison de son dopage.
Les médailles de 2011 et 2012 se sont volatilisées suite à des irrégularités sur son passeport biologique, mais pour cela, il a fallu que la décision soit prise, en novembre 2016, au niveau du Tribunal Arbitral du Sport, puisque sa fédération russe avait fait le choix d’ajuster sa suspension pour qu’elle ne perde pas son titre mondial de Daegu…
Cette fois, c’est le CIO qui la sanctionne après que l’analyse de son échantillon des JO de 2008 révèle la présence de turibanol. Un stéroïde anabolisant qui a causé la « perte » de 18 sportifs russes (dont 12 athlètes) présents aux JO de Pékin, on le retrouve dans leurs prélèvements de l’époque, alors qu’il n’était pas détectable jusqu’à maintenant.
Même confondue par ces résultats prouvant le dopage de ses sportifs, la Russie n’en finit pas de contester ces éléments démontrant indéniablement un système d’Etat. Vitaliy Mutko, Ministre des Sports durant toute cette période, et devenu récemment Premier Ministre, n’a ainsi pas hésité à mettre en cause de manière vindicative la méthode de détection du turibanol, déclarant à l’agence Tass que le test pourrait même en retrouver dans du simple café…
Pourquoi une telle contestation d’un test validé par l’Agence Anti Mondiale ? Parce que c’est à un Russe qui s’est retourné contre son pays qu’on le doit… Grigory Rodchenkov a été le patron du laboratoire anti-dopage de Moscou de longues années avant de fuir vers les Etats-Unis et de révéler tous les détails sur les méthodes mises au point par la Russie pour contourner les règles anti-dopage. Et Grigory Rodchenkov est aussi l’homme qui a créé ce test pour détecter le Turibanol, cet anabolisant qu’il était justement le premier à prescrire aux sportifs russes qu’il suivait à Moscou.
Elena Isinbayeva, à l’anti dopage ? Un élément à charge contre la Russie
La défection de Grigory Rodchenkov a été un coup dur pour le système sportif russe. Vitaliy Mutko sait que l’ampleur de ses révélations sur les manières utilisées pour éviter les contrôles positifs a pesé très lourd dans la suspension imposée à la Russie par l’IAAF depuis l’automne 2016, et encore renouvelée récemment, avec en conséquence une nouvelle absence d’une équipe officielle lors du Championnat du Monde de Londres cet été.
Lors du récent congrès de l’IAAF, Sebastian Coe n’a pas dissimulé son hostilité à une réintégration officielle de la Russie, jugeant les efforts effectués trop parcimonieux. Et il est également certain que la présence à la tête de l’agence anti dopage russe d’Elena Isinbayeva pèse à charge contre son pays, tant ses prises de parole irritent. Dernier épisode à son actif, ses propos contre le lanceur d’alerte Andrey Dmitriev, où la perchiste s’était offusquée qu’il ait préféré parler à Hajjo Seppelt pour la télévision allemande plutôt qu’à la police russe. Quelques semaines plus tard, le jeune athlète n’avait pas d’autre choix que de s’exiler précipitamment de son pays…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand
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