La Fédération de Russie a annoncé récemment la suspension d’athlètes pour leur dopage au turinabol lors des JO de 2008 et du Mondial 2009. Il aura fallu dix ans pour que ces tricheuses se voient enfin sanctionnées. Mais elles n’ont pas perdu toutes leurs performances pour autant…
Les tricheurs ont le beau rôle. C’est un peu le sentiment qui se dégage face à ces procédures qui permettent à des athlètes dopés de se voir suspendus seulement 10 ans après leur dopage. A un moment où leur carrière est de toute façon déjà terminée. Et que les gains empochés demeureront leur propriété…
La Fédération d’athlétisme de Russie a révélé récemment avoir suspendu quatre athlètes en raison de leur dopage au turinabol lors des JO 2008 et du Mondial 2009, constaté a posteriori, grâce à la ré-analyse de leurs échantillons conservés depuis ces compétitions.
L’information n’est en réalité pas nouvelle. On savait depuis la fin 2016 que plusieurs athlètes et haltérophiles avaient vu leurs résultats des JO 2008 être rayés des tablettes par le CIO, suite à la découverte dans leurs urines du turinabol, un stéroïde anabolisant. Au moment des JO de Pékin, les tests anti-dopage ne permettaient pas cette détection, qui n’avait pu aboutir qu’en 2016.
Mais jusqu’à ce mois de mai 2018, cette annulation des résultats olympiques n’avait pas été de pair avec une sanction de l’IAAF. Les performances réalisées en-dehors des JO 2008 demeuraient ainsi sur les tablettes. La fédération d’athlétisme de Russie vient de décider de leur suppression. Enfin !
Ekaterina Volkova dopée en 2008, mais toujours Championne du monde 2007
Toutefois, cette décision ne devrait nullement attrister les athlètes concernées. Leur carrière est largement derrière elles ! Prenez la sauteuse en hauteur Elena Slesarenko. Elle avait déjà perdu sa 4ème place de Pékin. Elle voit maintenant disparaître ses résultats entre le 17 août 2008 au 16 août 2010. Cela n’affectera pas sa 4ème place du Mondial 2011. Ses résultats en meeting auront beau disparaître, elle ne rendra pas les gains encaissés. Et surtout, elle demeurera sur les tablettes comme la championne olympique des JO 2004…
Autre cas éloquent, celui d’Ekaterina Volkova. La spécialiste du steeple tombe, elle aussi, pour le turibanol découvert dans son échantillon de Pékin 2008. C’est sa médaille de bronze qu’on lui retire fin 2016, et ce sont maintenant ses résultats entre le 17 août 2008 et le 16 août 2010 qui se voient annulés par la décision de la Fédération de Russie. Quelle importance en réalité ? Aucune. Ekaterina Volkova a maintenant 40 ans, et sa carrière s’était en réalité stoppée sur ce podium olympique. L’année suivante, au Mondial 2009, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, bloquée en 9’17’’ alors qu’elle tournait en 9’06’’-9’07’’ durant les saisons 2007 et 2008.
Ces deux années-là, Ekaterina Volkova survolait ses rivales, et on peut penser que le turibanol la boostait déjà en 2007 lorsqu’elle conquière le titre mondial à Osaka. Et cette médaille d’or là restera bel et bien sa propriété…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.