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Charlotte Mouchet, la petite fleur du 800 mètres

Lors des France en salle, sur 800 mètres, la victoire est logiquement revenue à Renelle Lamotte. Mais la surprise est venue de Charlotte Mouchet, médaillée d’argent à seulement 18 ans, et auteur du record de France junior.

La joie de Charlotte Mouchet, aux côtés de Rémi Charpentier
La joie de Charlotte Mouchet, aux côtés de Rémi Charpentier

 

L’image de sa joie fait partie de celles qui restent dans les mémoires. Charlotte Mouchet pleure et rit en même temps. Elle vacille dans les bras de Rémi Charpentier, un ami. Elle vient de découvrir son temps, et ses 2’05’’31. C’est le premier choc pour elle.

Le deuxième se produit lorsqu’on lui enfile autour du cou le carton avec la mention « 2ème France », elle obtient l’argent après avoir terminé 3ème derrière la Bénioise Noëlie Yarigo.

Mais Charlotte bascule dans une autre dimension, au moment où elle croit avoir seulement égalé le record de France junior indoor. Elle se tord dans tous les sens. Elle hurle « Mais pourquoi je n’ai pas basculé ? » Sa joie explose enfin en comprenant qu’elle vient bien de s’approprier ce record, et de 8 centièmes !

Sa ligne droite le lui a offert. Elle révèle ses sentiments dans ces ultimes mètres : « J’avais les crocs. J’ai tout donné pour ne rien regretter. Les regrets me font peur. »

Charlotte n’a que 18 ans, et un enthousiasme intact qui fait plaisir à voir ! Elle venait à Aubière pour ce record, et la voilà au passage avec une médaille d’argent. Elle s’emballe avec bonheur : « Je ne sais pas trop ce qui m’arrive ! Je voulais me faire une place chez les grandes. Et là, je finis 2ème, il n’y a pas de mots… »

Et pourtant, cette toute jeune fille a un sens inné des formules. Ca tombe sans relâche « J’ai eu ce petit grain de folie pour faire mon trou. » « Il ne fallait pas faire ma fragile aujourd’hui. C’était Hard day ! » « C’était comme si mon corps était à part de ma tête. » « J’étais énervée. Contre quoi ? je ne sais pas. Mais l’entraînement est tellement dur qu’on attend ça. »

Charlotte Mouchet, dans le groupe d’Ali Belkacem

La filiforme athlète a la gnaque. Son quotidien le confirme. Elle mène sa terminale en parallèle de l’entraînement au sein du petit groupe d’Ali Belkacem à Blagnac. Avec en plus, la complexité d’être interne, impliquant des contraintes d’horaires forts, qui limitent son temps sur le stade à 1h15’-1h’30 au maximum, et qui réduisent sa récupération.

Mais cela n’entame en rien son mental. Au contraire. Elle explique : « Ali (Belkacem) me dit qu’on s’entraîne à la botte. Si je suis trop fatiguée, on relâche. C’est pour cela que je ne craque ni physiquement, ni mentalement. Mentalement, je suis forte. »

Et un mental, il lui en a fallu un très costaud pour digérer son Mondial juniors d’Eugène, où elle se fait sortir en séries, alors qu’elle se voyait déjà en finale. Elle en a gardé un souvenir très précis. Celui d’une attaque trop tôt menée, de ses 10 derniers mètres, où elle est scotchée sur le tartan, de sa chute sur la ligne d’arrivée. Elle rit à gorge déployée pour raconter : « C’était la tarte internationale. Et je me suis dit qu’il faudra en prendre d’autres tartes ! »

Rémi Charpentier, nouveau manager français

C’est sous les yeux de Rémi Charpentier que cette scène s’est déroulée. Il est un tout nouveau venu dans le monde du management français. Cet ancien coureur de 800 mètres, il valait 1’51’’, a étudié le Management du Sport dans l’Université de Shorter en Géorgie avant de prendre en charge il y a 5 ans le montage du plateau du meeting Herculis de Monaco, club pour lequel il a couru.

Quelle est vraiment sa mission auprès de Charlotte Mouchet ? Il se qualifie de copain de logistique. Il explique : « Elle est un peu isolée à Blagnac. Je la conseille. Je lui donne mon retour. Je mets à ma disposition mes connaissances. »

Une relation non professionnelle, plutôt basée sur l’amitié. Tout simplement car : « On a envie de travailler avec elle. Elle est pleine de fraîcheur. C’est du bonheur ! »

Et en écho, on entend Charlotte déclarer : « Je n’arrête pas de progresser. Je veux faire partie des meilleures ! »

Texte : Odile Baudrier

Photo : Gilles Bertrand

 

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