Le cycliste brésilien Antonio Garnero a été contrôlé positif à l’EPO, en France, fin juin, lors de la Haute Route Alpe d’Huez, une cyclosportive de renom. Pour se justifier, l’ancien cycliste pro de 39 ans a adopté une stratégie loufoque : il a reconnu avoir utilisé l’EPO mais pour des raisons médicales parce qu’il souffrait d’une forte anémie !
Au rayon des raisons loufoques pour justifier un contrôle positif, le cycliste brésilien Antonio Garnero pointe dans le haut du panier ! « Pippo », comme il est surnommé, a été chercher du côté des fausses explications médicales pour justifier la découverte d’EPO dans son échantillon prélevé le 26 juin, à l’issue de la sa victoire lors de la Haute Route Alpe d’Huez, cyclosportive de renom, et déclinaison du circuit de la Haute Route.
C’est à travers son compte Strava, qu’il décrit la situation : il soutient avoir utilisé de l’EPO parce qu’il souffrait d’une sévère anémie, découverte durant sa préparation en altitude ce printemps. Et ce serait pour soigner cette anémie qu’il aurait eu recours à l’EPO. Pour la première fois de sa carrière !!
Une fois de plus, un sportif dopé s’illustre par sa mauvaise foi. Dans le cas d’Antenio Garnero, elle n’est pas mince. L’anémie n’est soignée par l’EPO que lorsqu’elle apparaît chez des personnes qui souffrent d’insuffisance rénale chronique sévère. Un déficit de production d’EPO apparaît alors, et une prescription d’EPO recombinante est alors effectuée. Idem pour les patients souffrant de cancers, le traitement par chimiothérapie peut provoquer une anémie, et l’EPO est alors indiquée.
Mais une simple anémie survenant chez un sportif n’est pas une justification médicale pour un traitement par EPO. Ce sont les avantages physiologiques apportés par l’EPO, particulièrement dans les sports d’endurance, qui sont recherchés par les utilisateurs.
L’EPO, des effets fracassants sur les performances
C’est à partir des années 1992-1993 que les cyclistes, puis 1995-1996 que les athlètes ont eu recours à l’EPO, avec un impact sur les performances que les plus avisés ont de suite reliée à une nouvelle molécule. Jérôme Chiotti expliquait récemment sur spe15 que le monde du cyclisme avait vite compris que les progrès de l’équipe Festina ne pouvaient provenir que d’un nouveau produit dopant, on allait découvrir ensuite qu’il s’agissait de l’EPO.
Le marathonien belge Vincent Rousseau a, lui aussi, vécu de l’intérieur l’arrivée de l’EPO sur le demi-fond et fond mondial. En 2017, il avait expliqué à spe15 que c’est en 1996, à la Stramilano, qu’il avait été confronté pour la première fois à des athlètes visiblement artificiellement « boostés », capables de mener des allures hyper rapides, passant en 27’37’’ aux 10 km.
A 39 ans, Antenio Garnero est d’une génération où l’EPO ne fait plus figure de nouveauté, avec une utilisation bien maîtrisée par les médecins véreux et autres apprentis sorciers. Le parcours du Brésilien témoigne de progrès étonnants, des débuts tardifs, à 25 ans, une carrière professionnelle à 30 ans, le titre de champion du Brésil et son premier championnat du monde à 31 ans.
Puis il avait intégré le mouvement des cyclistes pro en fin de carrière qui s’orientent vers les cyclosportives, et depuis peu vers le gravel. En France, il s’était illustré avec plusieurs victoires, comme la Marmotte en 2019, la Haute Route Alpes en 2021.
En juin, il avait créé polémique car il ne s’était pas présenté au contrôle anti-dopage à l’issue de la cyclo GF Mont Ventoux. Malgré tout, quelques jours plus tard, il prenait le départ de la Haute Route Alpes d’Huez, et remportait l’épreuve. Mais cette ultime victoire lui aura été fatale, avec un contrôle positif.
Deux mois plus tard, le Brésilien a même connu la situation, très rare, de se voir sortir en pleine compétition, lors de la Haute Route, où il pointait en 3ème position. L’AFLD, toujours très soucieuse de protéger les droits des sportifs, a, cette fois, joué la transparence en informant l’organisateur de cette suspension provisoire.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.