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La crise du dopage au Kenya

Le Kenya se voit à nouveau mis à l’index avec trois cas d’athlètes positifs en un mois ! Le pays est ainsi propulsé au troisième rang des pays dopés, après la Russie et l’Inde. Face à cette situation, les réactions au Kenya sont contrastées. Certains n’hésitent pas à évoquer une future catastrophe nationale…

Trois nouveaux cas d’athlètes positifs en un mois. Le Kenya continue à alimenter les listes de l’Athletics Integrity Unit. Avec parmi ce trio, Joyce Chepkirui, championne du Commonwealth en 2014 sur 10.000 mètres, victorieuse du marathon d’Amsterdam en 2015, en 2h24’, et 4ème au Marathon de New York 2016, et quasi disparue du circuit depuis sa 3ème place au marathon d’Honolulu en 2017.

Somme toute, un palmarès mi-figue, mi-raisin pour un pays tel que le Kenya, regorgeant de tant de médaillés et vainqueurs majeurs. Mais Joyce Chepkirui se voit mise en cause pour des irrégularités de son passeport biologique. Elle est ainsi la 4ème athlète du Kenya à être suspendue pour ce motif, après Abraham Kiptum, Cyrus Ruto, et Sarah Chepchirchir, le 1er cas annoncé en février 2019.

Au Kenya, les initiés ont vite compris les énormes conséquences qui pourraient s’abattre sur l’athlétisme national avec ce recours au passeport biologique, qui peut faire apparaître l’usage de produits dopants plusieurs années plus tard, et alors que les athlètes ont quasiment achevé leur carrière, comme cela était le cas pour Sarah Chepchirchir, mise en cause à près de 35 ans, et alors que son incroyable chrono de 2h19’ remontait à deux ans en arrière.

Le journaliste Kimathi Kamau du Standard n’a pas hésité à donner le ton en titrant : « Pourquoi le passeport biologique transformera la crise du dopage du Kenya en une catastrophe nationale. »

3ème pays dopé !

Pourtant d’autres acteurs de l’athlétisme du Kenya continuent à vouloir se voiler la face. Confirmation avec leur réaction à l’annonce que leur pays se situait au 3ème rang des pays les plus dopés avec 41 cas positifs (87 pour la Russie et 42 pour l’Inde).

Le patron de l’anti-dopage du Kenya, Japhter Rugut, a ainsi souligné qu’il est logique que plus de cas positifs soient détectés compte tenu du nombre important d’athlètes du haut niveau actifs. Et Barnabas Korir, leader de la Fédération d’athlétisme du Kenyan, a soutenu, lui, que le nombre de positifs n’était pas si élevé si on le ramenait au nombre d’habitants du Kenya !! Un argument compliqué à utiliser, puisque dans le passé, c’était le même raisonnement qui était avancé pour montrer la réussite du Kenya, en calculant le nombre de médailles décrochées dans un grand championnat par un si petit pays…

Certes, la situation n’est plus prise à la légère au Kenya, pour preuve, l’obligation pour chaque athlète sélectionné pour Doha d’avoir subi au moins quatre tests anti-dopage. Mais le laxisme passé pourrait ressurgir à tout moment, à la faveur des valeurs des passeports biologiques…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.
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