Une nouvelle péripétie dans le scandale du dopage en Russie, autour de Yulia Zaripova. La championne olympique de steeple pourrait être bannie suite à des anomalies sur son passeport biologique. Elle pourrait perdre ses titres de 2009 à 2012.
Scandale, le mot n’est pas assez fort pour qualifier la situation de l’athlétisme en Russie, et peut-être faut-il même aller jusqu’à étendre ce qualificatif jusqu’à l’IAAF ???
Le cas de Yulia Zaripova se révèle particulièrement douteux. On apprend en ce 25 janvier 2015 que le passeport biologique de la spécialiste de steeple comporterait de telles anomalies qu’il faudrait la bannir depuis 2009 ??? Les mesures révèleraient en effet des valeurs sanguines trop élevées, signes d’un dopage.
C’est un sentiment de dégoût qu’une telle nouvelle suscite. Comment peut-on justifier à l’IAAF que ces anormalités n’aient jamais été constatées jusqu’à ce jour ? Comment a-t-on pu laisser Zaripova s’illustrer au mondial 2009, avec la médaille d’argent, au championnat d’Europe 2010, puis au Mondial 2011, puis aux Jeux Olympiques 2012, avec le titre dans chacun de ces évènements ?
Yulia Zaripova affiche ainsi le plus beau palmarès féminin sur le steeple, avec ce parcours sans faute. Il ne lui avait manqué que de briller au Mondial de Moscou en 2013, mais elle avait alors avancé une blessure à la jambe, et un break pour une pause bébé.
Mais les donnes ont changé avec les révélations de l’ARD, la chaîne de télévision allemande, levant le voile sur les pratiques très élargies du dopage en Russie. Et depuis début décembre, les rebondissements se poursuivent.
Valentin Balaknichev, nouveau pourfendeur du dopage après en avoir été acteur ?
Le président de la Fédération Russe, Valentin Balakhnichev, poussé par son ministre des sports, Vitaly Mutkov, s’est lancé dans une campagne de « nettoyage », qui a déjà révélé le dopage de quatre marcheurs olympiques et maintenant de Yulia Zaripova. Il a également obtenu la démission de Valentin Maslakov, l’entraîneur en chef de l’athlétisme russe depuis 1973, d’abord pour l’URSS, le CEI, puis la Russie.
Visiblement, Valentin Balakhnichev met maintenant beaucoup d’énergie à débusquer les tricheurs de son pays. C’est nouveau. Mais quel crédit peut-on accorder à de tels officiels présents dans les instances depuis plus de trois décades ?
Et l’autre question tourne bien sûr autour de l’implication de l’IAAF dans de telles dissimulations. Par quel stratagème la vénérable institution peut-t-elle justifier n’avoir pas pu révéler plus tôt de telles anomalies dans ce passeport biologique justement créé pour éviter de telles situations ?
L’IAAF a beau jeu maintenant de s’alarmer en constatant que ce sont 23 athlètes russes sur 37 au total qui ont été sanctionnés grâce au passeport biologique créé en 2009. Les tricheurs ont de beaux jours devant eux s’il faut 5 ans et demi pour valider les anomalies et prendre des sanctions….
> Texte : Odile Baudrier
> Photo : Gilles Bertrand