Jemima Sumgong a reçu une suspension de quatre ans suite à son contrôle positif à l’EPO du début d’année 2017. Pour sa défense, la championne olympique de marathon de Rio a présenté de faux documents médicaux arguant d’une grossesse extra utérine…
Le mensonge poussé à son paroxysme. Jemima Sumgong n’a reculé devant rien pour se défendre de l’accusation de dopage formulée à son encontre après son contrôle positif à l’EPO survenu en février dernier. La championne olympique de marathon a produit de faux documents médicaux affirmant avoir reçu une transfusion sanguine et un médicament inconnu après avoir été admise à l’hôpital de Nairobi suite à un problème de grossesse extra-utérine. Mais le Kenyatta Hospital de Nairobi dément totalement cette situation…
L’histoire de Jemima Sumgong n’est pas sans rappeler celle présentée par Rita Jeptoo pour justifier son contrôle positif à l’EPO. Celle-ci avait alors affirmé que le produit lui avait été injecté suite à un accident de voiture. Cette fois, c’est pour un problème de grossesse que Jemima Sumgong prétend avoir reçu une transfusion sanguine et un produit inconnu à son arrivée à l’hôpital Kenyatta, quelques jours seulement avant qu’un contrôle inopiné lui soit effectué, avec la découverte d’EPO par le laboratoire anti-dopage de Lausanne, annoncée début avril 2017.
Mais Jemima Sumgong a été trop loin, et l’agence anti-dopage du Kenya a sollicité des explications officielles de l’hôpital Kenyatta, qui a conclu à une vaste duperie. L’hôpital n’a retrouvé aucune trace de l’admission de Jemima Sumgong, à la date du 22 février 2017, ou avant, et réfute totalement qu’elle ait pu recevoir à cette occasion de l’EPO, un médicament qui n’est jamais prescrit dans le cadre d’une grossesse extra-utérine, où le protocole en vigueur exige de surcroît une hospitalisation de 4 jours.
Ce n’est que le 18 avril 2017, soit quelques jours après que son contrôle positif a été connu, que le nom de Jemima Sumgong est retrouvé dans les registres hospitaliers, avec une consultation pour des problèmes gynécologiques, qui s’est conclue sans traitement et par le conseil de consulter un simple gynécologue. Autant dire que cette consultation ne présentait aucun caractère d’urgence.
Un médecin imposteur accueille Jemima Sumgong ???
Mais Jemima Sumgong est prête à tout pour trouver une caution à sa dérive, et elle soutient que la consultation du 22 février aurait été effectuée par un médecin imposteur, présent ce jour-là alors que la grève des médecins kenyans battait son plein… Sans oublier d’affirmer aussi que cette visite à l’hôpital aurait été effectuée à l’insu de son mari, et entraîneur, au motif qu’une grossesse extra-utérine serait tabou dans sa communauté.
L’agence anti-dopage du Kenya n’a pas suivi les demandes de l’avocate de Jemima Sumgong, réclamant une certaine mansuétude à l’égard de sa cliente, n’hésitant pas à asséner qu’une nouvelle grossesse extra-utérine aurait eu des conséquences graves, la mettant au ban de sa communauté, et poussant son mari à choisir une autre épouse.
L’avocat de la Fédération d’Athlétisme du Kenya n’avait pas manqué de rappeler que déjà en 2012, Jemima Sumgong avait connu un contrôle positif et une suspension de deux ans, finalement annulée par la Fédération du Kenya sur demande de l’IAAF.
Cette fois, Jemima Sumgong n’a pu bénéficier d’aucun arrangement, et c’est bien une suspension de 4 ans qui la sanctionne. Son titre olympique ne peut qu’être terni par son usage de l’EPO moins de six mois plus tard, mais il demeure bel et bien sa propriété…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.