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La bonne blague des JO propres !

Six cas de dopage à l’issue des Jeux de Paris 2024 ! Une vraie misère qui ne peut que faire rire jaune… L’ITA en charge des contrôles durant ces JO, affiche un bilan catastrophique, comme cela a été le cas pour le Tour de France, avec zéro positif. Une situation à l’opposé de celle de l’athlétisme, où l’Athletics Integrity Unit se révèle redoutable contre le dopage. Même si certaines performances durant ces Jeux témoignent de l’utilisation d’un produit puissant mais visiblement indétectable…

La trêve olympique n’a nullement été respectée par l’Athletics Integrity Unit. Durant les deux semaines des Jeux, elle n’a jamais stoppé la publication des noms des athlètes suspendus suite à des violations des règles anti-dopage, pour allonger une liste qui atteint près de 600 athlètes actuellement sanctionnés.

Car Brett Clothier, le patron de l’AIU depuis sa création, en 2017, et son équipe ne sont pas fatigués de cette lutte contre les athlètes peu scrupuleux. Au contraire, l’Australien n’hésite pas à afficher son mécontentement de voir les autres sports ne pas s’inscrire dans cette même lignée. Il a ainsi déclaré le 14 août au New York Times : « L’athlétisme continue à bannir les tricheurs. C’est inquiétant que les autres sports ne le fassent pas ! Je serais vraiment inquiet si j’étais fan d’un sport qui n’a pas de cas de dopage. »

Brett Clothier fait partie des réalistes sur la situation du dopage dans le sport de haut niveau, qui ne peuvent qu’être choqués par le piètre résultat obtenu par l’ITA, chargée des contrôles olympiques, durant ces Jeux de Paris. Six cas seulement, et tous concernent des « petits » pays (Irak, Afghanistan, Niger, République Dominicaine, Grèce), et des produits archi faciles à détecter (stanozolol, méthandrosténolone, diurétiques). Le dernier contrôle positif annoncé est particulièrement significatif : il s’agit de Dominique Lasconi, un sprinter de la République Démocratique du Congo épinglé pour du stanozolol (anabolisant) mais qui vaut seulement 10’’48 sur le 100 mètres et n’a pas dépassé le premier tour. Quid des sprinters qui tournent en moins de 9’’90 ? Rien du tout pour le moment.

0.1% de positifs, l’ITA particulièrement inefficace

Certes, d’autres irrégularités apparaîtront dans les mois et années à venir à la faveur des retestings d’échantillons. Toutefois le bilan de 6 cas sur 6000 contrôles effectués durant les Jeux correspond à un pourcentage de 0.1% ! C’est vraiment très faible, alors même que l’ITA, Agence de contrôles internationale, se targuait avant ces Jeux de vouloir réaliser un nombre record de contrôles, et qu’en moyenne, les agences nationales antidopage atteignent un pourcentage de 1% de positifs.

Mais cette agence créée en 2018, sous la supervision de l’Agence Mondiale Anti-dopage et du CIO, avec de grosses ambitions, n’a pas démontré grand-chose jusqu’à maintenant. Pourtant plus d’une quarantaine de Fédérations internationales, et pas des moindres, comme l’UCI, le judo, le hand, l’haltérophilie, lui ont délégué leurs contrôles. Force est d’admettre que leur efficacité est quasi nulle. Sur le Tour de France, le dernier positif remonte à 2012, et l’arrivée de l’ITA n’a rien changé. Et pour les JO de Paris, c’est encore pire qu’à Londres, où il y avait eu 9 contrôles positifs !

Pourquoi si peu de résultats ? Parce qu’il ne suffit pas de prélever, il faut analyser pour trouver les bons produits… Or l’ITA ne s’engage que sur un nombre de contrôles à effectuer, et bien sûr pas du tout sur un objectif de résultats.

Les partisans de l’anti-dopage ne peuvent que se désespérer face à ces mauvais chiffres. Et les différents comptes X qui publient sur ce thème n’ont pas manqué de s’insurger, surtout au vu des énormes moyens matériels et humains mis en œuvre durant les Jeux au Laboratoire d’analyses de l’AFLD d’Orsay.

Les performances aidées par les autotransfusions ou l’EPO biosimilaire ??

Alors, quelle serait la situation si l’AIU devenait le gendarme dans tous les sports, en reproduisant les méthodes qu’elle a déployées depuis sept ans, et qui lui permettent de dévoiler quasiment chaque semaine de nouveaux noms ?? L’instance anti-dopage de l’athlétisme a ainsi intégré dans ses équipes depuis longtemps des personnes issues du monde du renseignement, rôdées à recueillir les informations indispensables pour réussir à bâtir un contrôle hors compétition efficace.

Pour autant, l’athlétisme a connu durant ces Jeux à des performances hors normes, qui interpellent, et qui démontrent que toutes les dérives ne sont pas encore traquées… Avec en filigrane, l’idée d’un nouveau produit miracle, très efficace mais indétectable ! Un fantasme supplémentaire ? Pas vraiment, car plusieurs pistes existent comme l’explique Pierre Sallet, spécialiste anti-dopage : « Il y a de nombreuses substances EPO biosimilaire, IGF1, GnRH, et aussi les méthodes type ABT (Autologous Blood Transfusion) ou gaz inhalation ».

Et en parallèle de cette efficacité des pourvoyeurs de produits dopants, constamment à la recherche de nouvelles molécules ou méthodes, l’actualité dévoile de sombres aspects des instances anti-dopage. L’Agence Mondiale couvre l’Agence Chinoise pour ses nageurs. L’USADA est laxiste et ne sanctionne pas certains sportifs dopés pour qu’ils infiltrent les réseaux, en dépit de toutes les règles d’éthique sportive. L’ITA se révèle inefficace sur le terrain, et aussi peu scrupuleuse face à un cas comme celui du tennisman italien, Sinner, exonéré de toute sanction en dépit de deux contrôles positifs au clostébol, un anabolisant.

Une véritable crise de l’antidopage sur fond de rivalité entre l’USADA et l’Agence Mondiale Antidopage qui ne peut que ternir ce combat. La balance ne penche vraiment pas du côté des athlètes propres, et il y en a…

Analyse : Odile Baudrier

Photo : D.R.