Suite à de multiples affaires de dopage, l’athlétisme kenyan est dans la tourmente. Le secrétaire d’Etat au sport veut faire le ménage dans la fédération jugée complice.
La soirée s’annonçait comme chaque année, festive, chaleureuse et amicale, mais la cérémonie couronnant le sportif de l’année au Kenya a tourné en un violent réquisitoire contre la fédération kenyane.
Au micro, c’est Hassan Wario, le secrétaire d’Etat au sport, qui a tiré à boulets rouges contre les apparatchiks de la fédération kenyane d’athlétisme, sommés de jeter les gants et de passer sous les cordes pour s’éclipser dans le noir de la honte et du déshonneur.
Car pour le ministre, il ne fait aucun doute que les potentats de l’immeuble Riadha House ou siège la fédération sont directement responsables d’une situation non contrôlée, d’un laisser faire et même de complicité dans les affaires de dopage qui ont souillé l’image du demi fond kenyan.
«Mais pourquoi sont-ils encore en fonction ? Leur temps est compté » a déclaré celui qui veut faire le ménage au karcher dans une fédération qui depuis une année malgré les effets de manche tergiverse encore dans la mise en application d’un plan de lutte contre le dopage aux normes occidentales. Pour certains en place depuis près de 40 ans, acteurs d’une comédie funèbre pour le sport kenyan, c’est tout l’establishement de l’athlétisme kenyan qui risque de disparaître dans les eaux usées lorsque la bonde sera tirée.
La menace d’une chasse à l’homme
Lui-même était présent à Boston en avril 2014 lorsque Rita Jeptoo coupe le ruban bleu pour remporter une nouvelle victoire dans une édition chargée d’émotion, un an après les attentats extrémistes qui avaient endeuillé l’épreuve. Il ressent encore plus la honte après s’être enthousiasmé de cette victoire, ajoutant à son propos : « Jeptoo a maintenant rejoint le clan des athlètes en disgrâce comme Marion Jones ».
Des sanctions, voilà ce qu’il souhaite pour éradiquer le mal, sécher les plaies et permettre à l’athlétisme de retrouver sa dignité et sa légitimité. En pointant également du doigt la petite cité d’Iten, où se concentre d’après lui, toute la perversion liée au dopage. L’index pointé, il a brandi la menace d’une chasse à l’homme. Les officines secrètes sont donc prévenues.
Hassan Wario indiquait également qu’il ferait pression auprès des principaux partenaires de la fédération pour qu’ils se retirent, principalement le groupe de téléphonie Safaricom dans le but de stopper leur soutien à une fédération d’adhérant pas à une charge éthique du sport. Bob Collymore, le PDG a confirmé dans la foulée qu’il se tenait près à déchirer le contrat liant sa société à l’AK tant que l’ordre ne serait pas remis dans une maison qui prend l’eau de toute part. La conquête de l’or ne doit pas se mener par tous les moyens, ont-ils précisé de concert, un message clair à destination des athlètes mais aussi à direction de toute une jeunesse en manque de repères et à l’avenir incertain.
> Texte et photo : Gilles Bertrand