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Kenya – 11 Mesures anti-dopage

La Fédération kenyane s'engage-t-elle dans une vraie politique de lutte anti dopage ?
La Fédération kenyane s’engage-t-elle dans une vraie politique de lutte anti dopage ?

La fédération kenyane a décidé de réagir face au nombre de cas de dopage inflationniste en proposant un plan de lutte en 11 mesures.

 

Isaiah Kiplagat le président de la fédération kényane qui navigue dans les eaux profondes de l’athlétisme depuis deux décades a l’art des formules. Ne vient-il pas de déclarer sans nuance et avec excès : « le dopage est un mal aussi profond que le SIDA ».

La comparaison est osée voir choquante mais au-delà des mots, Isaiah Kiplagat criblé de critiques depuis la mise en accusation d’un athlétisme kenyan largement corrompu par le dopage, tente de remettre le navire sur sa quille en gardant les mains vissées sur le manche.

C’est sous la menace qu’il a donc décidé d’agir pour ne pas être jeté par-dessus bord. Car les anciens sont montés à la tribune pour dénoncer les manquements, la complaisance, la soumission d’une fédération à un système vicié pouvant conduire le demi fond kenyan à sa perte. Kip Keino le vieux patriarche, Douglas Wakiihuri, le premier marathonien à émerger sur la scène internationale n’ont-ils pas demandé une purge fongicide pour éradiquer le mal.

Isaiah Kiplagat a donc présenté son plan de bataille composé de 11 mesures portant sur cinq axes majeurs :

. la mise en place du passeport biologique selon les mêmes protocoles que ceux appliqués en occident

. l’augmentation sensible du nombre de tests qui seront réalisés au Kenya

. la validation des programmes de compétitions des athlètes internationaux

. la mise sous surveillance des agents internationaux et l’affiliation des sous agents (le plus souvent des coachs kenyans assurant le rôle d’intermédiaire entre l’agent international et le groupe d’entraînement)

. l’interdiction aux moins de 20 ans de courir sur route

Par ailleurs, pour montrer sa détermination dans une bataille qui aurait pu être déclenchée bien en amont, Isaiah Kiplagat n’a pas caché son intention de vouloir la tête de Claudio Beradelli le coach italien de Rita Jeptoo avec à ses côtés sur l’échafaud Frederico Rosa, le manager international fils du Docteur Rosa qui fut le premier à « investir » sur les coureurs kenyans dès la fin des années 80, Moses Tanui champion du monde du 10 000 m en 1991 ayant été le premier athlètes à sortir de cette écurie. Claudio Berardelli était installé au Kenya depuis près de 10 ans, coach d’un groupe de demi fondeurs et marathoniens dont Duncan Kibet et Martin Lel.

Compte tenu du nombre de coureurs internationaux figurant  dans le TOP 16 mondial (74 kenyans en 2014 dans le TOP 100, hommes et femmes, du 800 m au marathon) et du nombre de marathoniens évoluant au niveau mondial (55 kenyans dans le TOP 100 en 2014, le 100ème en 2h 08’58 »), compte tenu du turn over enregistré avec l’arrivée constante de nouveaux talents, la mission de la fédération kenyane s’annonce titanesque, dans un pays où la corruption, les clans, les luttes d’influence, le manque de rigueur sur le plan judiciaire sont autant de freins à la mise en place de telles mesures visant à moraliser ce sport.

> Texte : Gilles Bertrand

> Photo : Gilles Bertrand

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