Le marathon de Dubaï se solde par une grande déception pour Kenenisa Bekele, qui chute au départ de la course, et abandonne ensuite au 23ème kilomètre. L’Ethiopien, inscrit de dernière minute sur l’épreuve, y espérait pourtant battre le record du monde….
L’histoire du marathon ne s’écrit pas si facilement. Kenenisa Bekele l’a appris amèrement à ses dépens pour cette épreuve de Dubaï. L’Ethiopien s’y était inscrit à la toute dernière minute, 10 jours seulement avant, juste au moment où le marathon de Londres dévoilait son plateau où il y apparaissait comme le leader. Un hiatus de communication qui se serait mené contre l’avis de son manager Joos Hermens, la rumeur affirmant que le Néerlandais aurait été hostile à sa présence dans les Emirats Arabes.
Les scénarios les plus divers circulaient pendant plusieurs jours, avec l’idée que Dubaï allait constituer un « marche-pied » pour Bekele pour une tentative de record du monde à Londres. Mais il s’avérait que c’était bien dans le cadre de l’épreuve de Dubaï que Kenenisa Bekele voulait tenter de torpiller les 6 secondes qui lui avaient manqué au marathon de Berlin pour supplanter le record du monde de Denis Kimetto, les 2h02’57’’.
A deux jours de la course, Kenenisa Bekele ne faisait pas mystère de ses intentions. Avec une telle assurance qu’on le pronostiquait déjà comme le futur détenteur de trois records du monde en même temps : le 5000 – le 10000 et le marathon.
Et les calculettes se déchaînaient en parallèle, alignant les sommes à 5 zéros… D’autant que l’épreuve, déjà très généreuse, ajoutait au dernier moment de nouveaux jolis bonus, avec 50.000 dollars pour les deux coureurs terminant sous les 2h04’. On pronostiquait déjà à Kenenisa Bekele un pactole plus que confortable avec 200.000 dollars pour la victoire, 250.000 dollars de bonus pour le record, sans oublier aussi sa prime d’engagement (confidentielle) et le bonus de Nike en cas de record.
Mais papatras, tout s’est écroulé pour Kenenisa Bekele au moment du départ. Aucun décompte n’a été effectué et le coup de pistolet du starter a été donné sans que les coureurs patientant sur la ligne n’aient été avertis. Dans la précipitation, l’Ethiopien chutait lourdement au sol, se relevait avec une blessure à l’épaule et une douleur au genou.
Dès lors, la messe était dite. Bekele commençait rapidement à piocher, prenant du retard sur le groupe de tête emmené par les lièvres sur une allure extravagante, de 2h01’48’’. Et au 23ème kilomètre, il apparaissait en souffrance avec son mollet, et abandonnait. Comme il l’avait déjà fait en 2015.
Ainsi l’histoire a-t-elle hoqueté de manière étrange dans cette épreuve ayant suscité un emballement médiatique énorme. Et elle retiendra plutôt que le marathon le plus richement doté du monde n’a pas su donner son départ dans les bonnes conditions…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand