Katarina Johnson Thomson a remporté aisément le pentathlon du Championnat d’Europe en salle. La Britannique confirme son énorme talent.
En studio photo, sur fond noir ou gris marbré, Katarina Johnson-Thomson prend la lumière. Ses sourcils épais, ce grain de peau clair et lumineux, ce regard franc, l’air de vous dire « je suis bien dans ma peau », ce petit côté teen et femme que les publicitaires adorent pour jouer sur les ambiguïtés. L’été dernier, dans les rues de New York, une campagne Nike l’exposait en géant sur le fronton de certains immeubles avec le slogan suivant : « The Ultimate Fit ».
Alors que Jessica Ennis, d’or et d’honneur à Londres en 2012, pouponne depuis quelques mois son petit Reggie né l’été dernier, c’est sa petite sœur de l’heptathlon, Katarina Johnson-Thomson, qui a pris le cœur des anglais, des fans d’athlé et des sponsors qui investissent dans ce sport. Les premiers 4 x 3 ont déjà placardé l’heptathlète conquérante en statut olympienne, javelot braqué vers les cieux de Rio, maillot rouge sang la couleur de la marque Nissan.
2014 avait débuté par un joli score, 6682 points réalisés au Decastar printanier de Götzis en Autriche, soit la meilleure performance mondiale de l’année mais encore loin des 6955 points de Jessica Ennis (Londres 2012) ou même encore des 6899 points d’Eunice Barber (Arles 2005). Puis la blessure a grippé cette belle machine, diagnostic, une fracture de fatigue, et KJT, c’est son surnom, mais aussi son nom de code twitter, rangeait pointes, javelot et poids pour se soigner. Devant son petit écran, ses deux chiens à ses pieds, Chorizo et Bronx, elle regardait Antoinette Nana Djimou remporter les Europe de Zurich avec 6551 points. Le coup était jouable pour l’anglaise.
Cette petite bouille de friponne pétillante
Katarina Johnson-Thomson est une surdouée de l’athlé. Elle aurait pu choisir uniquement la hauteur ou plus encore la longueur, son point fort, elle fut sacrée championne du monde junior à Barcelone en 2012, mais elle se décide pour la totale, le parcours complet. Un long apprentissage pour tendre vers l’excellence, pour jouer les premiers rôles dans cette pièce en sept actes où certains passages sont encore à perfectionner. Dans le sillage de Jessica Ennis, à l’analyse froide des statistiques, elle fait presque jeu égal sur 200 m et sur 800 m, à la hauteur et à la longueur, elle prend des points mais elle en repère sur les haies. Quant aux lancers, son gabarit l’handicape, c’est précisément là qu’elle doit bosser. Elle rend plus de 2 mètres au poids à son adversaire directe (12,17 m pour 14,67 m) et près de 7 mètres au javelot (41,44 m pour 48,33 m). C’est encore trop car ce sont 300 points qui s’envolent.
Cet hiver, bien avant l’estival pékinois où l’affiche féminine est déjà construite autour du duel opposant les deux anglaises, Katarina Johnson-Thomson a plusieurs fois laissé éclater sa classe et son merveilleux sourire. Deux records personnels battus, 1,97 m à la hauteur puis la semaine suivante 6,93 m lors du meeting de Birmingham, s’attribuant ainsi deux nouveaux records nationaux en salle. Les tabloïds commencent à frémir. Les photos publiées cet hiver, de Jessica Ennis poussant le landau ont laissé place à cette petite bouille de friponne pétillante. KJT a tout pour faire chavirer les cœurs. La presse va s’en charger !
> Texte et photo Gilles Bertrand