Joyciline Jepkosgei s’est appropriée quatre records du monde durant le semi-marathon de Prague, qu’elle boucle en 1h04’52’’. Cette Kenyane de 23 ans devient la première femme à passer sous les 1h05’, elle n’affichait jusqu’alors qu’un très modeste palmarès.
Une seule course a suffi, les bilans féminins ont été torpillés par Joyciline Jepkosgei. La jeune Kenyane a utilisé le semi-marathon de Prague avec une extrême efficacité pour s’approprier quatre records du Monde. Deux apparaissent particulièrement mythiques : le semi avec 1h04’52’’, elle devient la première femme sous les 1h05’ et le 10 km où ses 30’04’’ gomment Paula Radcliffe et ses 30’21’’ remontant à 14 ans en arrière. Il s’y ajoute le 15 km, avec 45’37’’ et le 20 km avec 1h01’25’’.
Quatre marques témoignant de la vélocité constante de Joyciline Jepkosgei sur ce parcours de Prague, à la bagarre avec Violah Jepchumba, victorieuse l’année précédente, et qui finira 2ème. Et en accord avec ses prédictions d’avant course, Joyciline Jepkosgei n’avait pas dissimulé s’attaquer au record du monde du semi, établi par sa compatriote Peres Jepchirchir il y a à peine deux mois.
Pourtant Joyciline Jepkosgei n’affichait pas vraiment un palmarès autorisant de telles ambitions. Il ne tenait qu’en quelques lignes, réparties sur deux années. Cette jeune femme, épouse du marathonien Nicholas Koech, (au record de 2h12’), n’est apparue qu’en 2015, et de manière plus que modeste, avec en mai, le 5000 mètres du meeting d’Eldoret, où avec 16’46’’4, elle ne passe même pas le cap des séries, et en octobre, le semi-marathon de Nairobi bouclé en 1h14’06’’.
Dans l’année 2016, les performances commencent à s’emballer. Pour son 2ème semi-marathon, qu’elle court en République Tchèque, le chrono stoppe en 1h09’07’’, mais c’est surtout son résultat sur 10 km route, déjà à Prague, à l’automne, qui témoigne de sa progression. Ses 31’08’’ la propulsent comme 26ème mondiale en 2016.
Le début 2017 confirme la tendance, avec mi-février, 1h06’08’’ lors du semi marathon de Ras dans les Emirats Arabes Unis, elle y termine 3ème dans cette course que Peres Jepchirchir domine pour s’accaparer le record du monde du semi.
Peres Jepchirchir et Sarah Chepchirchir, sur la liste cible IAAF
Ce jour-là, Peres Jepchirchir crée une grande surprise dans le monde du running. Et jusqu’auprès de Gianni di Madonna, son manager. Celui-ci m’a ainsi expliqué durant le Championnat du Monde de cross, qu’il avait pris l’initiative de solliciter auprès de l’IAAF que Peres Jepchirchir soit intégrée dans le groupe cible de la Fédération Internationale, défini par l’instance dans le but de suivre de manière plus précise les athlètes, en les obligeant à une localisation quotidienne pour d’éventuels contrôles anti-dopage.
Car Gianni di Madonna ne veut surtout pas se retrouver dans la situation de Federico Rosa, mis en cause par la marathonienne Rita Jeptoo dans son affaire de dopage. Et l’Italien de préciser : « Je ne vis pas sur place. Je ne peux savoir tout ce qui se passe. » C’est donc au nom du principe de précaution qu’il a préféré en référer à l’IAAF, tout en informant l’athlète de sa démarche.
Peres Jepchirchir figure ainsi sur la liste des athlètes du groupe cible IAAF en date du 21 février 2017, aux côtés d’une autre coureuse dont la performance avait beaucoup interpellé : Sarah Chepchirchir, auteur de 2h19’47’’ au marathon de Tokyo le 26 février 2017, au terme d’une course folle avec un 5 km couru en 15’46’’ entre le 30ème et le 35ème km…
Ces deux femmes ont ainsi étoffé le nombre de Kenyans intégrés dans le « Testing Pool », qui comptait 93 athlètes début décembre, et 99 lors de la dernière diffusion en date du 2 mars 2017.
Bien sûr, tous les grands noms du marathon et de la piste y figurent, mais une fois de plus cette année, c’est du côté d’une quasi-inconnue qu’est arrivée la très très grosse performance. Un chrono que certains spécialistes ont vite tenté de projeter sur le marathon, avec, selon le site Let’s Run, des prévisions amenant à une fourchette évoluant entre 2h18’ et 2h16’31’…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.